Les Archives de Montréal s’unissent cette semaine aux Bibliothèques de Montréal et à Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ) pour souligner le 100e anniversaire de la Bibliothèque de la Ville de Montréal.
Il y a cent ans…
Le 4 septembre 1917, la Bibliothèque de la Ville de Montréal ouvrait ses portes au public. Située au 1210 de la rue Sherbrooke, l’institution a profondément marqué la vie culturelle et intellectuelle de notre métropole. Aujourd’hui connu sous le nom d’édifice Gaston-Miron, le lieu a longtemps accueilli d’innombrables usagers, étudiants, chercheurs, travailleurs ou curieux de toutes natures. Au fil du temps, l’institution a également su faire l’acquisition de collections uniques, aujourd’hui déposées aux Archives de la Ville de Montréal et à la Grande Bibliothèque de BAnQ.
La genèse
Si la Bibliothèque municipale ouvre ses portes en 1917 sur la rue Sherbrooke, elle existe toutefois sous une autre forme dès le début du 20e siècle. C’est en 1902 que la Ville adopte un premier règlement portant sur la création d’une « bibliothèque publique et gratuite ». L’année suivante, sous l’impulsion de la Chambre de commerce et de l’association Saint-Jean-Baptiste, une bibliothèque scientifique et industrielle est mise sur pied pour répondre aux besoins des travailleurs. D’abord logée dans une petite salle du Monument-National, rue Saint-Laurent, cette bibliothèque connait un certain succès : 1651 usagers s’y présentent ainsi durant les mois de janvier et février 1905. L’institution voit sa collection grandir au point qu’il faut envisager son déménagement, en 1911, dans l’édifice de l’École Technique situé sur la rue Sherbrooke.
La croissance de la Bibliothèque municipale est encouragée par une première acquisition d’importance, alors que la Ville de Montréal achète en 1910 l’exceptionnelle collection de Philéas Gagnon. Cette dernière porte principalement sur l’histoire canadienne du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle et comprend des livres rares et des archives (estampes, gravures, portraits, manuscrits) : elle est à l’époque reconnue comme la meilleure et la plus complète au Canada. Achetées au coût de 31 000$, les 12 479 pièces qu’on y retrouve sont déposées dans les voûtes de la Royal Trust Company avant d’être transférées dans l’édifice du 1210 de la rue Sherbrooke en 1917.
La nouvelle bibliothèque
Encouragée par les efforts du conseiller et président de la Commission de la bibliothèque Victor Morin, la Ville de Montréal va finalement s’engager à construire une véritable bibliothèque municipale. Le 18 septembre 1911, le Conseil municipal crée un comité chargé d’étudier le projet. Après discussions, le Bureau des commissaires accepte d’utiliser les terrains que possède la Ville sur la rue Sherbrooke Est, entre les rues Montcalm et Beaudry, en face du Parc Lafontaine. L’administration réserve la somme de 500 000$ sur le fonds d’emprunt de la Ville (l’équivalent de 11 millions de nos jours), pour construire une bibliothèque digne de la métropole. La capacité totale d’entreposage doit atteindre les 400 000 ouvrages. Le Bureau des commissaires vote un montant de 75 000 $ pour les travaux de fondation. Le contrat pour la construction de l’édifice est ensuite accordé à la John Quinlan & Cie, au prix de 445 000 $.
La conception
Les plans du nouvel édifice sont l’œuvre de l’architecte Eugène Payette. Dessinateur dans le bureau du célèbre architecte Joseph Venne de 1896 à 1902, ce dernier s’installe par la suite à son compte. Il est notamment l’auteur des plans de l’Église Sainte-Clothilde de Montréal (1909), de la Bibliothèque Saint-Sulpice (1912) et du Refuge Meurling (1913).
Eugène Payette conçoit la bibliothèque dans le plus pur style « Beaux-Arts ». Popularisée à Montréal par la bourgeoisie anglophone à la fin du 19e siècle, cette mouvance devient un emblème de l’accomplissement de la nouvelle bourgeoisie francophone, symbolisant la puissance et l’élégance. Ses principes sont axés sur la symétrie, des compositions grandioses et l’emploi de parements clairs et uniformes. L’une des caractéristiques principales du style des Beaux-Arts est l’emploi de multiples colonnes, de sculptures en ronde-bosse, de toit plat et de balustrades décorées. L’ancienne École des Hautes Études Commerciales, la Bibliothèque Saint-Sulpice, le Musée des Beaux-Arts ou les Bains de la ville de Maisonneuve sont d’autres exemples de ce style à Montréal.
La construction
C’est la compagnie Wallace Bell Co. Ltd qui effectue en avril 1913 les sondages préalables sur le terrain de la rue Sherbrooke. Ce dernier peut-il accueillir une construction aussi imposante? Le rapport indique qu’à une moyenne de 23 pieds de profondeur, le sol est de gravois et de glaise. Le surintendant des bâtiments affirme que le terrain peut supporter de 5 à 8 tonnes par pied superficiel, ce qui est suffisant pour un édifice d’une cinquantaine de pieds de hauteur. Lors d’une séance du Bureau des Commissaires de septembre 1913, la Commission spéciale de la bibliothèque est toutefois informée que le terrain situé sur la rue Sherbrooke n’est pas propice à l’érection d’une bibliothèque publique. En octobre 1914, malgré des opinions contradictoires, on procède aux travaux de fondations.
La Foundation Co. Ltd doit mettre en place 65 piliers de béton de cinq pieds de diamètre et trois autres plus petit. Le travail est effectué en plein hiver. Huit piliers arrondis sont installés parallèlement à la rue Sherbrooke pour empêcher le futur édifice de s’enfoncer. La construction de l’immeuble comme tel débute au printemps 2015. 34 entreprises vont participer à ce chantier ambitieux :
Entrepreneur : John Quinlan & Company
Ascenseur et monte-charge : Otis-Fensom Elevator Co.
Aspirateurs : Acme Vacuum Cleaner Co.
Béton : John Quinlan & Company
Brique : E.F. Dartnell, Ltd.
Chaudière : Jencks Machine Company
Chauffage, entrepreneur : W.J. McGuire Co.
Électricité : John O’Leary
Fondations : The Foundation Company of Canada
Grilles : Tuttle & Bailey
Horloges : The Magneta Company
Marbre : Missisquoi Marble Co.
Meubles : Castle & Son
Ornementation (portes principales) : Dominion Architectural Iron Works
Peinture : Martin Senour Company
Peinture, entrepreneur : Alex. Craig, Limited
Pierre : Queenston Limestone Company
Pierre, entrepreneur : John Quinlan & Company
Planchers : Canadian H.W. Johns-Manville Co.
Planchers, entrepreneur : Seigwart Beam Co., Ltd.
Plâtre : John Quinlan & Company
Plomberie : James Robertson Co.
Plomberie, entrepreneur : W.J. McGuire Co.
Porte de bronze : A.B. Ormsby Co.
Portes et fenêtres : Crittal Casement Company
Rayonnages : Snead & Company Iron Works
Quincaillerie : Russel Erwin Company
Radiateurs : Taylor-Forbes Company
Structure de métal et d’acier : Phoenix Bridge & Iron Works, Ltd.
Système de chauffage : Johnson Temperature Regulating Co.
Terra Cotta : Montreal Terra Cotta Co.
Toit, entrepreneur : T. Lessard & Fils
Ventilation : Sturtevant Company
Verrière : Ludiwici Caledon Tile Co.
Vitraux : Luxfer Prism, Limited
Lors de la pose de la pierre angulaire du futur établissement, le maire Médéric Martin souligne avec enthousiasme la création d’une bibliothèque « qui appartiendra à tous les contribuables, qui s’y sentiront plus chez eux que dans toute autre ». Il est d’autant plus fier que « l’Est de la Ville a été choisi comme site du monument » et que la bibliothèque « sera à la portée (…) des travailleurs, qui pourront, sans bourse déliée, venir prendre ici ce qu’ils auraient peut-être ignoré pour toujours ».
La façade de la nouvelle construction s’avère particulièrement remarquable. Les colonnes sont d’ordre corinthien. Au nombre de 10, elles sont monolithiques, faites à partir de granit poli de Stanstead et reposent sur un socle. Elles mesurent 25 pieds de haut, avec un diamètre de 3 pieds et une circonférence de 9 pieds à la base. Elles sont légèrement galbées. Le fut se termine par un astragale (moulure ronde qui sépare le fut de la colonne à son chapiteau) au-dessus de laquelle le chapiteau comporte un vase. Sur ce vase est appliqué un rang de feuilles (acanthe), au nombre de huit dans les axes principaux et diagonaux, contres lesquelles s’appuient huit autres feuilles plus petites dans les axes intermédiaires. L’entablement est composé de ressauts séparés par des moulures, d’une frise où est gravé « Bibliothèque de la Ville de Montréal », le tout surmonté d’une corniche à modillons (petite console qui soutient le larmier) recouverts de cuivre. L’édifice est couronné par des balustrades où chaque plein situé dans l’axe des colonnes est séparé par cinq balustres sculptées dans la pierre.
L’inauguration officielle
L’inauguration du nouvel édifice a lieu le 13 mai 1917 sous la présidence de Joseph-Jacques-Césaire Joffre, maréchal de France. Ce dernier est de passage à Montréal pour promouvoir la conscription, en ces temps de guerre. La cérémonie est des plus simple : entouré des conseillers Eudore Dubeau et Victor Morin, ainsi que du conservateur de la bibliothèque, Hector Garneau, Joffre inaugure la bibliothèque en signant son nom dans le premier livre d’or de la Ville de Montréal : J. Joffre.
Conçu spécialement pour l’inauguration de la Bibliothèque municipale de Montréal, ce registre constitue le premier livre d’or de la Ville de Montréal. D’abord conservé à la Bibliothèque municipale jusqu’en 1925, le registre est par la suite relocalisé à l’Hôtel de ville. Outre le maréchal Joffre, plusieurs personnalités y apposeront leur signature au fil du temps : le maréchal Fayolle, Lord Beatty, le maréchal Ferdinand Foch, les acteurs Douglas Fairbanks et Mary Pickford, Alexandre duc de Russie, Lord Bersboroug, Edward, prince de Galles, Marie, reine de Roumanie, Loyd Georges, etc.
L’ouverture au public
L’ouverture officielle de la Bibliothèque municipale a lieu le mardi 4 septembre 1917 à 10 heures. Y assistent notamment, messieurs Eudore Dubeau, président de la Commission de la bibliothèque et représentant du maire, Victor Morin, vice-président, le commissaire Côté, MM. Parent et Pelletier de l’Hôtel de Ville, l’échevin Weldon, le conservateur de la Bibliothèque Hector Garneau. À son ouverture, la bibliothèque contient un peu plus de 20 000 volumes, ce qui demeure bien peu considérant sa capacité totale. Elle est ouverte de 10 heures le matin à 22 heures tous les jours de la semaine, et de 14 heures à 22 heures, le dimanche.
Les installations
Le visiteur accède à la salle de distribution, en traversant le vestibule composé de trois lourdes portes de bronze. Le vestibule est juxtaposé par deux frontons surmontés des armes de la Ville de Montréal et ceux de la province de Québec. Le revêtement des murs est un marbre gris de Missisquoi, percés de deux grands arcs aux extrémités et de quatre ouvertures cintrées de chaque côté. La salle est éclairée par 21 vitraux et huit lampes de fer forgé. Le choix de ces vitraux et des noms d’auteurs destinés à orner le plafond de la salle a fait l’objet de nombreuses discussions.
Les vitraux soulignent « la double origine, française et anglaise du Canada ». Ils commémorent d’une part, les provinces de l’ancienne France d’où sont partis la plupart des colons (Normandie, Isle de France, Poitou, Aunis, Saintonge, Champagne et Bretagne), et d’autre part, les provinces qui composent la Confédération canadienne (Québec, Ontario, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île du Prince-Édouard, Colombie-Britannique et Manitoba).
Le centre du plafond est orné de sept noms « qui ont marqué l’histoire du Canada » : Jacques Cartier, Champlain, Maisonneuve, Mgr Laval, Marguerite Bourgeoys, Montcalm et Wolfe. Les noms d’écrivains sont choisis afin d’incarner « le génie des plus grands peuples dans sa perfection, sans oublier les historiens et les poètes qui rehaussent les lettres canadiennes ». On retient Homère, Cicéron, Dante, Shakespeare, Pascal, Molière, Milton, Corneille, Racine, Bossuet, Montesquieu, Goethe, Chateaubriand, Michelet, MacCaulay, Victor Hugo, Garneau, Crémazie et Fréchette.
Le comptoir de prêt situé au sud de la salle de distribution comprend sept plateaux, 30 tiroirs pour les cartes d’abonnés, un tiroir caisse, un tiroir avec quatre compartiments pour les fiches des livres et des tablettes pour les livres retournés. Le catalogue de la bibliothèque est installé dans deux immenses meubles de bois situés de chaque côté de la salle. Il contient 810 tiroirs, chacun pouvant contenir 700 fiches. Une grande table surmontée de trois lampes complètent l’ameublement. Le comptoir de prêt, les boiseries et la tables reposent sur une base de marbre.
La mezzanine est ceinturée d’une balustrade dont les 20 balustres s’apparentent à celles de la toiture. Elle est interrompue à intervalles réguliers par 28 colonnes à chapiteau dorique ornés d’écus (Montréal) et de fleurs de lys (Québec) en alternance. Les colonnes sont faites de marbre gris de Missisquoi. Les planchers sont faits de marbre gris avec des motifs rosés.
D’une dimension de 34 pieds par 100 pieds, la salle de lecture comprend neuf grandes tables et 108 chaises. Chaque place est numérotée par une figure en bois incrustée sur le dessus des tables et derrière les chaises. Ce système est mis en place afin de répondre aux demandes des usagers qui comprennent, outre le titre du livre, leur numéro de table. L’employé peut ainsi apporter le livre à la table mentionnée. Des rayonnages en bois situés le long des murs contiennent les principaux ouvrages de référence. La salle est éclairée par 13 lustres ornés de huit lampes.
La salle des périodiques et des journaux, d’une dimension de 38 pieds par 52 pieds, comprend une large table, des lutrins pour les revues, une table pour les journaux et des chevalets pour 80 journaux. La salle est éclairée par cinq lustres suspendus. Au fond de la salle on retrouve le bureau du conservateur ainsi qu’une salle pour le catalogage.
Outre une salle des arts, d’une dimension de 30 pieds par 73 pieds, et une salle d’exposition de 30 pieds par 37 pieds, le premier étage de l’édifice est occupé par la salle des Canadiana. D’une dimension de 30 pieds par 69 pieds, elle comprend trois tables sur lesquelles sont montées des vitrines pouvant accueillir les manuscrits, les autographes, les photographies et les gravures, trois grandes tables, des cadres-pivotants, ainsi que des boiseries fermées à clé pour les ouvrages précieux.
D’une hauteur de 56 pieds répartis sur cinq niveaux avec des dimensions de 45 pieds par 109 pieds, l’entrepôt de livres peut enfin contenir 5 000 journaux reliés et près de 300 000 livres. Il comprend 337 rangées.
De 1917 à 1928, la Bibliothèque de la Ville de Montréal aura comme numéro civique le 620 Sherbrooke Est. Suite à la refonte de la numérotation des édifices réalisée par l’administration municipale, elle adoptera en 1929 le 1210 Sherbrooke Est, adresse qu’on lui connaît encore aujourd’hui.
Une « bibliothèque sans livres »?
L’ouverture d’une bibliothèque publique laïque et accessible à tous soulève toutefois un lot important de protestations et de réticences. L’omniprésente Église catholique y voit une remise en question de son emprise sur la vie culturelle et intellectuelle. Bien que généralement favorables à l’éducation des masses, plusieurs élites continuent quant à elles de manifester une vision « restrictive » du savoir. Ces protestations ont pour effet de limiter grandement l’essor de la bibliothèque municipale. En 1933, l’institution ne compte que 70 000 ouvrages sur les 400 000 qu’elle peut accueillir. On ne peut encore parler de réelle démocratisation de la culture.
C’est à cette époque que le sous-sol de l’édifice, d’abord destiné à une bibliothèque pour les jeunes, sert plutôt de bureaux pour le Département de la carte d’identité (jusqu’en 1938) et pour le Bureau de chômage (jusqu’en 1941).
L’École des bibliothécaires
Historien et journaliste, Aegidius Fauteux succède à Hector Garneau comme bibliothécaire en chef en 1931. En 1937 il est l’un des investigateurs et fondateur de l’École des bibliothécaires, avec sa collègue Mlle Marie-Claire Daveluy ainsi que les RR.PP. Émile Deguire et Paul-Aimé Martin, c.s.c. Immédiatement annexée à l’Université de Montréal, l’École offre deux sessions d’été en 1937 et en 1938, avant de débuter, à l’automne de 1938, des cours répartis sur l’année scolaire. De 1938 à 1954, ces cours se donnent à la Bibliothèque municipale, dans une des salles du premier étage. Aujourd’hui connue comme l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal, l’institution forme chaque année de nouveaux bibliothécaires et archivistes.
De nouvelles propositions
Au fil des années, l’essor de la Bibliothèque centrale continue d’être freiné par le manque d’intérêt des autorités municipales et provinciales et l’absence subséquente de ressources. La tarification des services devient nécessaire : de ce fait, la lecture demeure une activité inaccessible pour beaucoup de Montréalais, alors que sévit par exemple la Crise économique des années 1930. Les francophones sont les plus touchés dans la mesure où la bibliothèque du Fraser Institute est gratuite pour les lecteurs anglophones. À partir de 1941, diverses mesures vont être mises de l’avant afin d’accroître le nombre d’usagers. Le dépôt obligatoire pour le prêt est aboli, ce qui a pour effet de quadrupler le nombre d’abonnés. De nouvelles propositions sont élaborées, avec l’aménagement d’une Bibliothèque pour jeunes, d’une cinémathèque et des premières succursales de quartier.
La Bibliothèque des jeunes
Initialement prévue en 1917 au sous-sol de l’édifice, la Bibliothèque des jeunes n’ouvre qu’en 1941. Elle est aménagée sous la direction du bibliothécaire Léo-Paul Desrosiers, qui succède à Aegidius Fauteux. On l’installe dans les anciens locaux du Bureau de chômage, dans la salle du sous-sol donnant sur la rue Montcalm, dont la superficie est de 75 pieds par 51 pieds. Un montant de 550$ permet d’exécuter les travaux nécessaires : enlèvement de cloisons, de comptoir, démolition d’étagères, lavage des murs et des plafonds, pose de moulures, suspension d’environ 60 cadres, peinture des plafonds, réparations à l’ameublement, vernissage des meubles et des rayons.
L’inauguration a lieu 15 novembre à 10 heures. La bibliothèque compte à son ouverture plus de 1 200 livres. Elle est ouverte les lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 13 heures à 19 heures, le samedi, de 9 heures à 16 heures et demie, le dimanche, de 14 heures à 18 heures. L’abonnement est de cinq sous par année.
La Cinémathèque
Léo-Paul Desrosiers recommande par ailleurs l’installation d’une cinémathèque à la bibliothèque centrale : le film semble appelé à occuper une place prépondérante dans le monde de l’éducation et de l’information. Le service fait son apparition en 1947. L’Office national du film du Canada (ONF) apporte une aide précieuse au projet en offrant un dépôt initial de 200 de ses propres films. Il s’engage également à placer 100 films supplémentaires en dépôt dès l’ouverture de la Cinémathèque et à ajouter annuellement de 50 à 75 films choisis parmi la production récente. L’équipement nécessaire à la projection sera par ailleurs prêté pendant un an. En retour, l’ONF demande notamment à la Bibliothèque municipale de mettre à sa disposition un local. Une compilation mensuelle des films mis en circulation devra être établie et la Ville sera tenue de voter les sommes nécessaires à l’expansion de la Cinémathèque.
L’inauguration a lieu le 19 septembre 1947 dans les locaux situés au premier étage de la Bibliothèque. À compter de 1961, la Cinémathèque occupe un espace plus grand au sous-sol. Le 23 mai 1978, elle investit ses nouveaux locaux au 880, rue Roy, à l’angle de la rue Saint-André. Elle y occupe près de 6 000 pieds carrés répartis sur deux niveaux. En 1993, la Cinémathèque doit fermer ses portes suite aux nouvelles orientations prises par la Ville de Montréal. À sa fermeture, la collection comprend près de 40 000 diapositives, 6 400 films 16mm et 8 000 vidéocassettes.
Les succursales
Dès les années 1910, le conseiller municipal Victor Morin émet l’idée de construire non pas une mais plusieurs bibliothèques dans différents endroits de la ville : la bibliothèque centrale serait le « point central de distribution pour les bibliothèques de faubourgs », installées dans les édifices des villes annexées. C’est en 1947 que sont finalement instaurées les premières bibliothèques de quartier, dans le but de former un véritable réseau dans la Ville. Les succursales Shamrock, Workman, Hochelaga et DeLorimier font ainsi leur apparition. De nos jours, ce réseau comprend 45 bibliothèques de quartier.
La censure
Dès sa fondation, la Bibliothèque de Montréal affecte certains de ses employés à la censure. Cette dernière guide notamment le choix des ouvrages acquis. Les ouvrages religieux représentent par exemple de 30 à 40% des achats alors que seulement 15% d’entre eux sont empruntés. Plusieurs livres achetés par la bibliothèque sont par ailleurs placés dans des espaces réservés. Certains sont même retirés du catalogue officiel et échouent dans un espace réservé et verrouillé, l’Enfer. Situé dans l’entrepôt de livres, ce dernier n’est accessible qu’au conservateur qui en possède la clé.
Les livres accessibles aux usagers sont par ailleurs jugés « pour leur valeur morale ». La présence du symbole 0 sur l’ex-libris vient indiquer une certaine dangerosité (avec un maximum de quatre 0 pour un livre jugé très dangereux). D’autres mentions comme « Défendu », « À l’index » ou « R » sont également utilisées. Notre-Dame de Paris de Victor Hugo est à l’Index et Les plus beaux vers de Alfred de Musset se voit attribuer la cote R. Cette censure prévaudra jusque dans les années 1960.
Les causeries
La Bibliothèque de la Ville de Montréal souhaite établir un contact entre les écrivains canadiens et leurs lecteurs. En 1945, elle obtient l’autorisation d’organiser des conférences dans le cadre d’une série intitulée « Votre auteur préféré ». Germaine Guévremont (Le Survenant), inaugure cette série le 29 octobre 1945 avec une présentation intitulée “Petites joies d’une grand métier”. De 1945 à 1954, « Votre auteur préféré » va attirer de nombreux auteurs canadiens et des milliers d’auditeurs.
Projets d’agrandissement
Dès son ouverture, la Bibliothèque centrale fait l’objet de discussions quant à un éventuel agrandissement. Au début des années 1960, les besoins en matière d’espace deviennent criants. Le contexte culturel favorise de nouveaux développements, alors que le ministère des Affaires culturelles fait par exemple la promotion des livres et de l’accessibilité à la lecture pour tous. Dès 1962, l’ex-directeur du service d’urbanisme Claude Robillard recommande d’ériger un nouvel édifice pour abriter la Bibliothèque municipale plus près du centre-ville. En 1965, la Ville vote un montant de $18 065 pour acquérir les immeubles situés au nord-est de la rue Montcalm et au sud-est de la Sherbrooke en vue d’un agrandissement de la bibliothèque. Les soumissions et les travaux de démolition s’échelonnent de 1966 à 1971 mais ce projet d’agrandissement ne se concrétise jamais. En 1975, le ministère des Affaires culturelles recommande plutôt la construction d’une nouvelle bibliothèque centrale. En 1984, une annexe est aménagée afin de pallier aux besoins d’espace les plus pressants. Il faudra attendre les années 1990 pour que la décision d’ériger une nouvelle Grande bibliothèque soit prise.
La Grande bibliothèque
Entre 1993 et 1996, on réaménage l’intérieur de la Bibliothèque centrale pour assurer sa stabilité et moderniser l’éclairage. Alors que les problèmes d’espace s’accentuent, des pourparlers s’entament avec le gouvernement du Québec, qui vit des difficultés similaires avec la Bibliothèque nationale du Québec. On évalue la pertinence de déménager les deux collections sous un même toit. En 2005, le projet d’une Grande bibliothèque nationale se concrétise. Les collections de publications de la bibliothèque municipale y sont incorporées. Les collections de documents d’archives ont préalablement été transférées aux Archives de la Ville de Montréal.
Des archives remarquables
De 1997 à 2005, la Bibliothèque centrale verse aux Archives de la Ville de Montréal les remarquables documents d’archives acquis au fil du temps. Ces sont les 103 fonds qui portent aujourd’hui la cote BM (pour Bibliothèque municipale) dans notre catalogue en ligne.
Parmi ces documents, se trouvent notamment ces lots particulièrement exceptionnels :
Collection Philéas Gagnon. – 1546-1961.
Elle porte principalement sur l’histoire canadienne du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle et comprend des milliers d’estampes rares, de gravures, de portraits et de manuscrits. La collection a été achetée en 1910 par la Ville pour la somme de 31 000$.
Fonds Jacques Viger. – 1813-1856
Il contient deux albums d’oeuvres picturales uniques, appelés l’Album Viger et l’Album Duncan-Viger. Ces deux recueils ont été inscrits en 2014 au registre du patrimoine culturel. L’album Duncan-Viger a été acheté par la Ville en 1953 de Mme Marie-Germaine Poitevin, pour la somme de $900.
Fonds Edgar Gariépy . – 1910-1956
Il comprend la production sur plaque de verre du photographe Edgar Gariepy, réalisée entre 1910 et 1956. On peut y découvrir la Ville de Montréal, mais également les campagnes québécoises, la région de Québec, l’Ouest canadien ou la ville de New York. Ce lot est parvenu à la Bibliothèque municipale dans les années 1950. Il a été remisé pendant une trentaine d’années dans l’Enfer de la Bibliothèque municipale, avant d’être redécouvert dans les années 1980.
Fonds Olivar Asselin. – 24 juin 1887 – 14 mars 1940, 20 avril 1962
Il témoigne de la vie personnelle et professionnelle du célèbre journaliste canadien français, auteur polémiste, rédacteur en chef et propriétaire de journaux. Les documents ont été remis le 18 avril 1962 à Jules Bazin, conservateur de la Bibliothèque municipale, par Jean Asselin, fils d’Olivar.
Découvrez notre album de 130 photographies de la bibliothèque centrale
https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/albums/72157688336844055
Sources
Plusieurs passages de cet article ont été adaptés à partir de l’exposition « 100 ans d’histoire à voir! La Bibliothèque centrale de Montréal », présentée en 2004. L’initiateur et commissaire de cette exposition était Jean-François Chartrand, à l’époque bibliothécaire de référence à la Bibliothèque centrale.
Cambron, Michelin. La vie culturelle à Montréal vers 1900. 2005.
Dagenais, Michèle. Faire et fuir la ville. Espaces publics de culture et de loisirs à Montréal et à Toronto aux XIXe et XXe siècles. 2006.
Direction de la culture et du patrimoine de la Ville de Montréal. Le répertoire des propriétés municipales d’intérêt patrimonial de Montréal. https://patrimoine.ville.montreal.qc.ca/patri_municipal/fiche_bat.php?batiment=oui&requete=simple&id_bat=9942-75-2518-01
Répertoire d’architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal : les édifices publics. 1981.
Si possible…j’aimerais souligner et célébrer les 83 ans de ma mère avec votre collaboration…Depuis l’âge de 13 ans ma mère se rend à la bibliothèque aller chercher ses livres…son plus fidèle bonheur..encore aujourdhui…avec toute sa vivacité d’esprit…elle se rend à pied dans les bibliothèque de son quartier…dont elle connait toute sa belle histoire…mon grand père à D’ailleurs été chef pompier a la caserne coin Desjardins et Ontario dans les années 1935..quelques photos de lui sont exposées au musée des pompiers…croyez vous qu’il soit possible de trouver une manière quelconque de donner l’occasion a Cécile Bourdon de nous raconter son parcour litéraire…avec quelques annecdotes de l’histoire de Hochelaga Maisonneuve..
Bonjour Madame Balthazar,
Nous vous invitons à contacter Bibliothèques Montréal : https://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=4276,5490430&_dad=portal&_schema=PORTAL
Bonne journée,
Bonjour,
J’ai le vague souvenir d’avoir assisté à une projection de la Cinémathèque québécoise dans les années 70. Ça se passait au sous-sol de la bibliothèque St-Sulpice.
Est-ce que la Cinémathèque a déjà eu ses bureaux là?
J’ai environ six cent livres à donner. Ce sont surtout des livres de poche qui datent des années 1970 aux années 2010 et plus. Beaucoup de romans policiers et autres. Je déménage en résidences RPA. Je dois me défaire de tous ces livres le plus rapidement possible, sinon, je les mets dans la récupération d’ici la fin d’avril. Si vous êtes intéressés, vous devrez venir les chercher, je ne peux pas aller les porter. Je suis une personne âgée. J’attends votre réponse avant de les mettre dans la récupération. Merci de me lire.