À chaque année, depuis 2011, et ce jusqu’en 2017, année du 375e anniversaire de Montréal, des Montréalaises sont honorées pour leur contribution remarquable au développement de Montréal. Cette année, en 2015, deux femmes ayant lutté pour les droits de la femme sont mises à l’honneur : Idola Saint-Jean et Léa Cousineau.
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Léa Cousineau est une digne successeure (féminisons pour l’occasion!) d’Idola Saint-Jean. Elle est reconnue pour être la première femme à devenir présidente du Comité exécutif de la Ville de Montréal, mais nous désirons ici mettre en lumière quelques-unes de ses réalisations en tant que femme au pouvoir. Ces réalisations sont naturellement intimement liées à ses responsabilités en tant que membre du comité exécutif, soit la condition féminine, le développement communautaire ainsi que les sports et loisirs, mais aussi à sa propre vision d’une ville où le bien-être du citoyen doit être la première préoccupation des élus.
Léa Cousineau, le RCM et ses collègues féminines
Léa Cousineau se présente pour la première fois sous la bannière du Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal (RCM) en 1974, dans Rosemont. Elle est d’ailleurs la première présidente de ce nouveau parti (et ainsi la première femme à présider un parti politique au Canada). Elle perd ses élections, mais revient en force et est élue en 1986, la même année où Jean Doré est élu maire. C’est aussi une année exceptionnelle puisque 14 autres conseillères sont élues. Jean Doré crée la parité au Comité exécutif : trois hommes et trois femmes y siègent.
À son deuxième mandat, en 1990, il invite deux femmes à siéger au comité exécutif : Léa Cousineau et Thérèse Daviau. Il offre la présidence à Léa Cousineau et c’est à ce moment qu’elle devient la première femme à présider le comité exécutif de la Ville de Montréal.
La condition de la femme montréalaise
Forte de ses expériences de militante féministe, d’attachée politique et responsable du dossier de la condition féminine pour la ministre Lise Payette et comme ex-membre du Conseil du statut de la femme, il va de soi que le maire lui confie la responsabilité des dossiers à ce sujet.
En 1987, l’administration municipale organise un événement à l’occasion de la Journée de la femme. Mme Cousineau y déclare 4 principaux engagements du parti en matière de condition féminine :
- La mise en place d’un programme d’accès à l’égalité et à l’équité en emploi pour les femmes dans la fonction publique municipale
- La création d’un comité mixte avec l’Office des services de garde pour identifier les obstacles à l’implantation et au développement des garderies
- La féminisation des titres et fonctions de l’appareil administratif de la Ville
- La création d’un règlement sur l’affichage pornographique (étalage des publications pour adultes et sur l’affichage public)
Le troisième engagement peut paraître plus superficiel, mais celui-ci, quoique symbolique est nécessaire. N’oublions pas que, en 1974, lorsque trois candidates du RCM sont élues, ces dernières n’ont même pas de toilettes pour femmes près de leurs bureaux! La pertinence des autres engagements semble plus évidente. Rappelons que la ville de Montréal, avec les villes de Sherbrooke, Hull et Mont-Laurier, avait été choisie parmi les quatre villes pilotes à être soutenues financièrement et professionnellement par le ministère des Affaires municipales pour l’implantation des programmes d’accès à l’égalité en emploi pour les femmes.
Sports et loisirs
En accord avec l’esprit du RCM, le développement des sports et loisirs sous l’administration Doré vise à démocratiser les sports en rendant davantage accessible les infrastructures sportives et les activités qui y sont organisées. Malgré les nombreuses tâches rattachées à ses fonctions, Léa Cousineau est présente et s’implique dans bon nombre d’activités.
Implication sociale
Parmi les nombreux projets de Léa Cousineau en développement communautaire, le projet de sensibilisation au sida afin de combattre les préjugés et accentuer la prévention est représentatif des années 1980. « Nous avons des responsabilités à titre d’employeur, d’entreprise de services, de gouvernement municipal et d’agent de concertation », dit Léa Cousineau en conférence de presse.
Pour ce faire, la ville adopte une politique contre la discrimination à l’égard des personnes atteintes du sida ou porteuses du virus. Elle s’oppose à toute forme de dépistage systématique et s’engage à ne pas y recourir. Elle promet aux employés atteints de la maladie qu’ils pourront conserver leur emploi sans discrimination et que les renseignements médicaux resteront confidentiels. Elle s’engage aussi à mettre sur pied un programme d’information à l’intention des employés municipaux visant à contrer les préjugés sociaux et à sensibiliser les employés à la réalité du sida. Finalement, elle propose une réglementation sur l’affichage de mesures de prévention dans plusieurs établissements publics, notamment les bars et les boîtes de nuit.
L’administration Doré – Cousineau a également grandement amélioré la sécurité des Montréalais dans le cadre de projets d’aménagement urbain. Léa Cousineau a aussi incité le Conseil de Ville à prendre position contre certains aspects de la réforme de l’aide sociale en 1988 et de la réforme de l’assurance-chômage au Canada en 1989.
Plus que des réalisations, une politicienne
En plus de toutes ses réalisations qui lui font une belle feuille de route, il nous semble important de souligner quelques qualités personnelles de madame Cousineau, qui ont fait d’elle une politicienne remarquable. En plus de sa détermination, soulignons que, tout comme Idola Saint-Jean, Léa Cousineau est une personne très intègre. Ainsi, comme politicienne, elle ne s’éloigne pas de ses objectifs initiaux et, par le fait même, de ses promesses électorales. L’aspect démocratique du RCM est bien ancré dans les valeurs de madame Cousineau, ce qui transparaît dans son discours dans les médias, dans ses réactions aux questions aux sujets plus sensibles et dans son écoute des citoyens et citoyennes.
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Un album photo concernant les Bâtisseuses de la cité 2015, Idola Saint-Jean et Léa Cousineau est accessible à l’adresse suivante : https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157651286390455/
Pour en savoir plus sur la place des femmes en politique municipale et sur l’histoire du droit de vote, consultez notre article à l’adresse suivante : https://archivesdemontreal.com/?p=8322.
De plus, suivez les commémorations du 75e anniversaire du droit de vote des Québécoises sur les médias sociaux en utilisant #75Printemps. Nous continuerons à publier photos et articles à ce sujet d’ici le 25 avril prochain.