À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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Cet article vise à souligner le 75e anniversaire du droit de vote des femmes au Québec de même que le 75e anniversaire de l’élection de la première conseillère municipale à la Ville de Montréal.
Bref rappel du droit de vote des femmes au Québec.
On ne peut parler de la présence des femmes en politique municipale sans faire le lien avec la politique nationale. En 1791. les femmes propriétaires du Bas-Canada (le Québec actuel) obtiennent le droit de vote car l’Acte constitutionnel ne fait aucune mention du sexe des votants. Les femmes sont, semble-t-il, les seules dans l’Empire britannique à detenir ce droit.
Toutefois, tous les politiciens tentent d’enlever ce droit dont Louis-Joseph Papineau et les patriotes. Les femmes perdent finalement le droit de vote en 1849 sous le ministère Baldwin-La Fontaine.
Au début du 20e siècle, la lutte pour le droit de vote des femmes reprend avec à sa tête la Montreal Suffrage Association, créée en 1912. Ces membres sont des militantes francophones et anglophones de la bourgeoisie montréalaise qui se regroupent pour obtenir le droit de vote aux élections fédérales. En 1918, le gouvernement canadien accorde ce droit aux femmes et l’association est dissoute l’année suivante.
En 1922, les femmes de toutes les provinces du Canada ont le droit de vote sauf celles du Québec. Cette même année, le Comité provincial pour le suffrage féminin voit le jour chez Marie Lacoste Gérin-Lajoie.
À compter de 1927, le leadership du mouvement est assumé par deux femmes : Idola Saint-Jean à la tête de l’Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec; et Thérèse Casgrain, la présidente du Comité provincial qui devient, en 1929, la Ligue des droits de la femme.
Durant toute la décennie 1930, ces femmes vont se rendre à l’Assemblée législative du Québec pour qu’une loi soit votée. Finalement, elles obtiennent le droit de vote le 25 avril 1940.
Le droit de vote aux élections municipales
La première charte de la Ville de Montréal est sanctionnée en 1832. En rédigeant cette loi, les politiciens ont pris soin d’écrire que l’électeur montréalais, âgé de 21 ans et plus, doit être propriétaire et être de sexe masculin. Près de 30 ans plus tard, le droit de vote est accordé aux locataires masculins.
Ce n’est qu’en 1887 que le filles majeures et les veuves qui sont propriétaires peuvent voter aux élections municipales alors que les femmes locataires, aussi filles majeures ou veuves, n’obtiennent ce droit qu’en 1899. Toutefois, moins de trois années plus tard, le conseil de ville tente de le retirer à ces dernières. Il faut l’intervention de Marie Lacoste Gérin-Lajoie pour que les conseillers reviennent sur leur décision et n’empêchent ces 4 800 femmes d’exercer leur droit de voter.
En 1927, la Ligue des femmes propriétaires de Montréal et le Comité provincial de Thérèse Casgrain appuyé par le groupe d’Idola Saint-Jean demandent que la Charte de la Ville soit amendée pour permettre le droit de vote pour les femmes mariées. C’est finalement lors des élections de 1934, que les Montréalaises peuvent voter pour élire maire et conseillers
La première conseillère municipale à Montréal
La première femme élue au conseil de Montréal est Jessie Kathleen Fisher lors des élections de 1940 à l’époque où il y a 3 classes de conseillers : A (élus par les propriétaires), B (élus par les propriétaires et les locataires) et C (représentants d’organisations). Madame Fisher est élue par acclamation comme conseillère de la classe A dans le district 4 qui couvre Côte-des-Neiges et une partie du Centre-ville. Elle est réélue en 1942, 1944, 1947 et 1950.
Le 2 juin 1947, elle devient la première femme à présider une séance du conseil municipal.
Elle perd son district lors des élections de 1954 et quitte la politique municipale.
Trois autres femmes œuvrent au conseil municipal entre 1940 et 1944 : Élizabeth Monk, une des deux premières femmes (avec Suzanne Filion) à être admise au Barreau en 1941;
Beryl Truax, conseillère C de la Ligue du progrès civique et Lucie Bruneau, identifiée à l’époque sous le nom de Madame Théodule Bruneau, première conseillère francophone et qui est surtout connue pour son travail auprès des personnes handicapées de 1926 à 1951.
Le RCM et les femmes en politique municipale
Entre 1940 et 1960, six femmes seulement ont été conseillères municipales à Montréal et aucune entre 1960 et 1974. Au printemps de cette même année, était fondé un nouveau parti pour combattre le parti civique du maire Jean Drapeau : le Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal et dont la présidente est Léa Cousineau, première femme à présider un parti politique au Canada.
À l’automne, trois candidates du RCM font leur entrée à l’hôtel de ville : Ginette Kéroack, Mariette Lapierre et Thérèse Daviau.
Aux élections de 1978, ce sont aussi trois femmes qui sont élues, mais du Parti civique du maire Drapeau : Carmen Millette, Nicole Gagnon-Laroque et Justine Sentenne. Cette dernière devenant la première femme nommée au Comité exécutif de Montréal.
En 1986, avec l’élection de Jean Doré, ce sont 15 conseillères du RCM qui sont élues et le maire invite 3 hommes et 3 femmes à former le Comité exécutif avec lui.
Aux élections de 1990, le maire Jean Doré et son parti sont réélus. Léa Cousineau devient alors la première femme à présider le Comité exécutif de la Ville de Montréal qui met sur pied les programmes d’accès à l’égalité et d’équité en emploi.
Bonjour M. Robert,
je suis membre du Conseil des Montréalaises. Je viens de découvrir votre chronique « Les femmes et la politique municipale ».
C’est très intéressant. Merci pour ce beau travail.
J’ai partagé ce lien sur mon compte Facebook.
Lorraine Cadotte Ph.D.
C’est très interessant. Il n’y a pas longtemps que je connais le Canada. Je l’ai visité 2 fois. maintenant j’y retournerai souvent. C’est pour cela que je m’interesse à son histoire. Ce que j’ai vu du Canada, Montréal, Québec et Toronto m’a beaucoup plu. C’est sur Facebook que je découvre le Canada. Pationnant. Merci pour votre documentaire.