À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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L’Île de Montréal
Dès le début de la colonie, ce sont les canots qui permettent d’accéder à l’île suivis de bateaux plats, de radeaux et de bacs qui servent des traverses. Les premiers ponts vont être construits sur la rivière des Prairies à compter de la décennie 1830 dans les secteurs actuels de Cartieville et Ahuntsic.
À partir du milieu du 19e siècle, le chemin de fer fait son apparition. Comme les rivières et le fleuve constituent des obstacles au commerce, on va donc construire des ponts ferroviaires. Le premier pont de ce type est celui du Grand Tronc, inauguré en 1854, entre Sainte-Anne-de-Bellevue et L’île Perrot sur la rivière des Outaouais. L’année suivante, cette compagnie ferroviaire entreprend la construction du premier pont sur le fleuve Saint-Laurent, le pont Victoria.
En décembre 1859, un premier train franchit ce pont, qui est officiellement inauguré par le prince de Galles en août 1860. Quant au Canadien Pacifique, il se fait aussi construire un pont ferroviaire entre Lachine et Kahnawake de 1883 à 1885
Un pont entre Montréal et Longueuil
Au 19e siècle, des traverses existent entre le secteur d’Hochelaga sur l’île de Montréal et de Longueuil sur la rive Sud du Saint-Laurent. En hiver, un véritable pont de glace permet aux cultivateurs de venir vendre leurs produits en ville.
En 1876, une compagnie concurrente du Grand Tronc propose la construction du pont Royal Albert, (décédé en 1861 et époux de la reine Victoria) à partir du Pied-du-Courant tout en passant par l’ile Sainte-Hélène.
Ce projet n’a pas de suites. Traverses et ponts de glace demeurent toujours en fonction avec l’ajout, pour les hivers de 1880 à 1883, d’un chemin de fer sur glace. C’est aussi à cette époque que l’on songe à construire un tunnel sous le fleuve.
Au début des années 1920, avec l’essor du transport routier, la nécessité d’un nouveau pont sur le Saint-Laurent devient urgente. Tous les organismes économiques montréalais pressent le gouvernement fédéral à cet effet.
La construction
En 1924, le Port de Montréal obtient du gouvernement du Canada le pouvoir de «financer, construire et opérer le projet». Il est aussi décidé que le pont sera à péage. Au début de l’année suivante, on annonce le choix du site, ce qui va entraîner expropriations et démolitions du côté ouest de l’avenue De Lorimier, avec notamment l’hôtel Sainte-Marie, coin Notre-Dame et De Lorimier.
La première pelletée de terre est levée le 26 mai 1925 et, l’année suivante, la pierre angulaire est posée dans le pilier 26, là où les rues Notre-Dame et Craig (Saint-Antoine) se rejoignent. Cinquante-neuf objets y ont été déposés (journaux, rapports, monnaie, photos et plans) mais, malheureusement, son emplacement est aujourd’hui inconnu.
Durant quatre années, des milliers d’ouvriers vont construire des piliers sur la terre ferme ou en cale sèche ainsi que la superstructure créée par la Dominion Bridge. La seule contrainte est que les travaux ne doivent pas perturber le passage des navires sur le fleuve.
Le pont est finalement ouvert à la circulation le 14 mai 1930 à 6h53, avec le passage de la première automobile. Il est inauguré 10 jours plus tard, sous le nom de pont du Havre, par le premier ministre Mackenzie King, dont le discours est transmis par téléphone et qui, en pressant un bouton dans son bureau d’Ottawa, fait ouvrir les rideaux pour le dévoilement de la plaque commémorative. Lors de son inauguration, le pont comprend trois voies pour la circulation automobile et deux bandes de chaque côté sont réservées pour le passage d’éventuels tramways.
Le «pont croche»
Le pont Jacques-Cartier n’est pas rectiligne avec ses trois importantes déviations. La première se situe au-dessus de l’île Sainte-Hélène. Comme les piliers doivent être placés dans l’axe du courant et comme celui-ci est différent de chaque côté de l’île Sainte-Hélène, la déviation est de 10,5 degrés.
La seconde est la courbe Craig située à la fin de la superstructure à l’entrée de Montréal. Prévu dans les plans, cette déviation a pour but d’aligner en parallèle le tablier du pont aux voies de circulation nord-ouest.
La troisième et dernière courbe est due à la résistance d’Hector Barsalou qui a combattu l’expropriation de son usine de savon (devenu plus tard les Produits Familex), immeuble que l’on contourne toujours.
Les grandes dates
L’année 1934 marquant le 400e anniversaire de l’arrivée du Jacques Cartier au Canada, de fortes pressions sont effectuées de la part des Canadiens français pour que le pont porte son nom. Le 30 juin, le pont du Havre est rebaptisé et la France offre un buste de Cartier que l’on installe près de la voie menant à l’île Sainte-Hélène.
Dans les années 1950, l’idée d’aménager les deux voies de tramways est abandonnée. Les responsables optent plutôt pour l’ouverture d’une quatrième voie routière du côté Est en 1956 et une cinquième du côté Ouest en 1959. Lors de la construction de la Voie maritime, en 1957-1958, on rehausse la partie du pont qui doit passer au-dessus de celle-ci.
En 1961, une rampe d’accès vers l’île Sainte-Hélène est aménagée du côté Est pour éviter les accidents car les voitures provenant de Longueuil devaient croiser celles venant de Montréal pour se rendre sur l’île. L’année suivante, 1er juin, le péage est aboli en vue d’améliorer la fluidité de la circulation.
Finalement, à compter de 1963, l’environnement du pont sur les îles va changer de façon importante avec la mise en place de l’Exposition universelle de 1967.
Sources :
Bednarz, Nicolas. «Le pont Jacques-Cartier et ses environs, 1964», Archives de Montréal, 2012. https://archivesdemontreal.com/2012/08/01/les-annees-60-en-couleurs-le-pont-jacques-cartier-et-ses-environs-1964/
Héritage Montréal. «Pont Jacques-Cartier», Montréal en quartiers. https://www.memorablemontreal.com/accessibleQA/ponts/?id=173&menu=histoire
Lafontaine, Gilles. «Il y a 75 ans : L’inauguration du pont Jacques-Cartier», Archives de Montréal, 2005. https://archivesdemontreal.com/2005/05/26/il-y-a-75-ans-linauguration-du-pont-jacques-cartier/
Lelièvre, Francine (sous la direction de). Montréal, par ponts et traverses. Pointe-à-Callière, Éditions Nota Bene, 1999, 94 p.
Les ponts Jacques-Cartier et Champlain incorporée. «Historique», https://pjcci.ca/ponts-et-structures/pont-jacques-cartier/historique/
«Ouverture du pont du Havre», GrandQuebec.com. https://grandquebec.com/montreal-histoire/pont-havre/
Bonjour M. Robert,
Sur le site web https://archivesdemontreal.com/2014/03/17/breve-histoire-de-la-communaute-irlandaise-de-montreal/ je note une petite erreur factual.
Vous dites:
« La première parade a lieu en 1824 et est organisée par la Ancient Order of Hibernians. Dix ans plus tard, la St-Patrick Society prend en charge le défilé. Depuis 1929, elle est gérée par l’ensemble des organismes via l’institution United Irish Societies. »
C’est vrai que le defile a eu son debut en 1824 MAIS ce n’est pas la AOH qui l’a organise. En fait c’est M. Michael O’Sullivan et amis qui l’ont organise. En 1834 La Societé Saint-Patrick a pris la releve. En 1893 la AOH a pris la releve juste qu’a 1928. De 1929 a la presente c’est les societes irlandaises unies de Montreal qui est l’organisme responsible.
Au plaisir,
Ken Quinn
ancien president – societes irlandaises unies de Montreal
vice-president – Societe Saint-Patrick de Montreal
Bonjour monsieur Quinn,
Merci beaucoup de nous avoir donné ces informations.
Cordialement,
Mario Robert
Chef de la Section des archives
Bonjour
Chaque fois que je passe sur la rue Notre-Dame à hauteur du pont J-Cartier, je me demande toujours quel était le bâtiment juste un peu à l’ouest du pont et qui de toute évidence est abandonné. Était-ce l’usine à savon devenue les Produits Familex?
où peut-on trouver son histoire?
Vue aérienne des courbes du pont Jacques-Cartier à l’entrée de Montréal, photo de Denis Labine, 1991, VM94-B280-157
Bonjour,
Est-ce que vous parlez de la station de pompage Craig? Si oui, vous trouverez certaines informations à son sujet ici : https://patrimoine.ville.montreal.qc.ca/patri_municipal/fiche_bat.php?batiment=oui&requete=simple&id_bat=0142-12-4467-01
Des photos d’époque sont par ailleurs accessibles dans notre catalogue :
https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pompe-craig-pres-de-de-lorimier-1921
https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pompes-craig-8-septembre-1955
https://archivesdemontreal.ica-atom.org/rue-notre-dame-cote-nord-angle-de-lorimier-vers-louest-1921
https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pompes-craig-1er-juin-1944
https://archivesdemontreal.ica-atom.org/edifices-municipaux-edifice-de-pompes-craig-18-septembre-1947
Cordialement,
Vous n’êtes pas le seul à mentionner cela (ici aussi https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/le-pont-jacques-cartier) que la pierre angulaire se trouve dans le pilier (ou pile) 26 au coin de Saint-Antoine et Notre-Dame, et pourtant je ne vois pas de pont Jacques-Cartier à cet endroit, mais plus à l’est en parallèle avec de Lorimier.
Bonjour, On m’a dit auj. qu’il y avait une plaque sous le pont Jacques-Cartier indiquant le niveau d’eau atteint lors des grandes inondations.
Quel chemin doit-on prendre pour se rendre à cette plaque ? À pied ? En auto? Merci.
Pour une plaque indiquant les niveaux des inondations il faut voir du coté de la pompe de la rue Craig. (4 pompes).
Cette station de pompage était là avant le pont du Havre (J’connais mon histoire et comment un pont fini croche à cause des savons.).
https://www.ledevoir.com/societe/521330/patrimoine-montreal-sauvee-des-eaux
Bonjour,
Mon éditeur m’a proposé d’écrire un roman d’époque/historique sur le Faubourg à M’lasse décennie 1920. Je suis particulièrement intéressée à la construction du pont Jacques-Cartier, à tous les personnages gravitant autour de ce sujet. ex: les ouvriers, leurs familles, leurs histoires.
Merci de me répondre en privé.