À tous les lundis et pour une quatrième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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Les premières années
Louis-Hippolyte La Fontaine, homme politique et juge, est né en 1807 à Boucherville. Son père Antoine Ménard dit La Fontaine était menuisier.
Après des études au collège de Montréal, il devient avocat en 1828. Trois ans plus tard, il épouse Adèle Berthelot, fille adoptive d’Amable Berthelot, avocat et homme politique de Québec. Très intéressé par la politique, il est élu député de Terrebonne à l’Assemblée du Bas-Canada en 1830, et est réélu en 1834. Il est farouche partisan de Louis-Joseph Papineau.
Les rébellions de 1837-1838La Fontaine est un porte-parole du parti patriote mais c’est aussi un politicien pragmatique. Il va tout tenter pour prévenir une insurrection armée. Quatre jours avant la bataille de Saint-Denis, il demande au gouverneur, Lord Gosford, de convoquer le parlement de façon urgente. Face au refus du gouverneur, il part pour Londres afin de convaincre les parlementaires britanniques. Il arrive en décembre, après la fin de la première rébellion.
Il est finalement de retour à Montréal en juin 1838. Lorsque les batailles reprennent à l’automne, il est incarcéré puis relâché à la mi-décembre sans être accusé. Bien que n’ayant pas participé aux révoltes, il soutient les patriotes emprisonnés. Déjà, ses deux objectifs sont l’amnistie générale pour ceux qui ont participé aux rébellions et l’indemnisation pour les victimes de la répression.
L’union des Canadas
À la suite du rapport de Lord Durham, l’Acte d’Union de 1840 a pour objectif de mettre les Canadiens français en minorité voire des les assimiler. Pour La Fontaine, il faut vivre avec cette nouvelle réalité, participer à l’Union et en tirer profit en s’alliant avec les réformistes du Haut-Canada. Son principal interlocuteur sera Robert Baldwin, le leader réformiste haut-canadien.
Les réformistes souhaitent l’instauration de la responsabilité ministérielle. Les ministres doivent être redevables devant le Parlement et être choisis par le parti ou la coalition qui domine la Chambre. Même si Lord Durham lui-même le proposait, le gouvernement britannique n’est pas prêt à accorder l’autonomie gouvernemental à la colonie.
La Fontaine va aussi se battre pour la reconnaissance officielle du français. En 1842, il décide de faire son discours en français malgré le chahut de députés anglophones.
Cette même année, il est appelé au poste de premier ministre. Il fait transférer la capitale de Kingston à Montréal et rétablit l’usage du français pour les lois et les tribunaux.
En 1843, il affronte le gouverneur Metcalfe et remet sa démission. Jusqu’en 1847, il agit comme chef de l’opposition officielle. Dans sa nouvelle fonction, il revient continuellement, au désarroi du gouverneur et de ses adversaires aux problèmes linguistiques.
La réaction de 1849
En mars 1848 après sa victoire électorale au Bas-Canada (32 comtés sur 40), il reprend le pouvoir avec Baldwin. Le gouverneur Elgin accepte alors le principe de la responsabilité ministérielle.
Dix années après les événements et en accord avec ses objectifs de l’époque, La Fontaine dépose donc un projet de loi pour indemniser ceux qui avaient subi des pertes durant la rébellion et la répression qui a suivi.
Les commerçants majoritairement anglophones et les torys vont monter aux barricades. Quand le gouverneur Elgin sanctionne le projet de loi le 25 avril 1849, 1 500 manifestants, à l’appel du journal The Gazette, envahissent le Parlement situé sur la Place d’Youville. Ils y mettent le feu et l’édifice est rasé.
Le lendemain, les émeutiers se rendent à la maison de La Fontaine (actuellement le 1395 rue Overdale, cité comme immeuble patrimonial par la Ville de Montréal en 1988). En l’absence du propriétaire, ils vandalisent l’immeuble.
La Fontaine réclame l’intervention de l’armée pour protéger le marché Bonsecours, la où se réuniront les parlementaires du Canada-Uni. En août 1849, ses opposants reviennent à sa demeure mais ils sont accueillis par La Fontaine et ses amis qui sont armés de fusils. Dans la cohue, il y a 6 blessés et un mort parmi les émeutiers. Montréal perd son titre de capitale à tout jamais.
Les dernières années
Louis-Hippolyte La Fontaine démissionne de son poste en 1851 et retourne au droit. Deux ans plus tard, il est nommé juge en chef. Il va s’intéresser à l’histoire et à la généalogie, il va présider le tribunal spécial pour les réclamations qui suivent l’abolition du régime seigneurial en 1854 et va être nommé baronnet. Il portera le titre de «Sir».
Son épouse meurt en 1859 et il se remarie avec une veuve en 1861 qui lui donne son premier enfant, Louis-Hippolyte fils, alors qu’il a 54 ans. La Fontaine meurt en 1864, alors que son épouse attend un nouvel enfant. Ses funérailles célébrées par Mgr Bourget attirent 12 000 personnes.
En 1901, le parc La Fontaine sera baptisé en son honneur et un monument y est érigé en 1930. Finalement, le tunnel qui reliera sa ville natale à Montréal portera aussi son nom.
Sources
Jacques Monet, « LA FONTAINE, sir LOUIS-HIPPOLYTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 oct. 2015, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_fontaine_louis_hippolyte_9F.html.
https://archivesdemontreal.com/2005/10/13/le-monument-sir-louis-hippolyte-la-fontaine/
https://archivesdemontreal.com/2007/01/08/sir-louis-hippolyte-la-fontaine-le-patriote/
https://archivesdemontreal.com/2007/03/01/sir-louis-hippolyte-la-fontaine-le-chef-detat/