Premier navire de guerre français à remonter le Saint-Laurent depuis la Conquête, la frégate La Capricieuse entre dans le port de Québec le 13 juillet 1855. L’accueil de la population est triomphal pour le commandant Paul-Henry de Belvèze et son équipage dont la mission est avant tout commerciale. Deux jours auparavant, à Montréal, une pétition de citoyens avec en tête Peter McGill et Denis-Benjamin Viger, est adressée au maire Wolfred Nelson pour qu’il convoque une assemblée publique des citoyens de Montréal «pour déterminer la manière la plus convenable de recevoire Monsieur de Belvèze». Le 24 juillet, une assemblée spéciale du conseil municipal a lieu pour «adopter des mesures pour recevoir Monsieur de Belveze, Commandant de la division navale de France à la station de Terre-Neuve, à son arrivée dans cette Cité». Sur une motion du conseiller John J. Day, secondée par le conseiller Charles Belle, le conseil approuve une somme de «Deux Cent cinquante Louis… pour défrayer les dépenses pour recevoir Mr de Belveze et les officiers de la Capricieuse». Un comité d’accueil présidé par le maire Wolfred Nelson et composé de conseillers municipaux, est aussi mis sur pied. Le 30 juillet, De Belvèze et sa suite arrivent à Montréal à bord d’un vapeur car La Capricieuse peut difficilement remonter le Saint-Laurent en cette période de l’année. Le lendemain, le maire les reçoit à l’hôtel de ville et un grand bal se tient dans la salle de concert du marché Bonsecours. La veille du départ des marins, une fête rassemble plus de 10 000 personnes sur le Champ-de-Mars.
En avril 1955, le maire Jean Drapeau souligne le centenaire du passage des officiers de la Capricieuse en reprenant le discours du maire Nelson lors d’un dîner offert par la Compagnie Générale Transatlantique, fondée en 1855. S’adressant au président de la compagnie, le maire Drapeau débute la lecture du texte : «Monsieur, Votre arrivée parmi nous a comblé de joie et tous nos concitoyens. L’immense foule, qui vient avec moi de vous souhaiter la bienvenue, témoigne d’une manière trop vive l’impression profonde qu’elle a faite sur notre population pour que je puisse rien ajouter au témoignage de la satisfaction générale…». Le maire conclut en souhaitant que dans cent ans, un de ses successeurs accueillera à nouveau un représentant maritime de la France et il est assuré que «l’amitié franco-canadienne sera dans un siècle aussi ardente que maintenant».