Pour une cinquième saison, et maintenant une fois par mois, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et parfois inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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Survol des années 1920
Cette décennie, qui suit immédiatement la Première guerre mondiale, en est une de croissance et de développement. Ce sont les années folles.
Montréal est la métropole incontestée du Canada avec plus de 600 000 habitants.
La ville est en expansion avec ses usines et gratte-ciels en construction. Elle est aussi le plus grand port d’expéditions de céréales de l’Amérique du Nord.
La prohibition déclenchée aux États-Unis entraîne une ruée touristique vers Montréal, ville de tous les plaisirs. Les touristes américains sont à la recherche de lieux pour consommer de l’alcool tandis que les artistes et musiciens cherchent du travail.
À cette époque, la ville attire aussi des congrès de gens d’affaires et de professionnels. Cette période correspond aux débuts du tourisme moderne à Montréal.
L’essor de ce tourisme basé sur l’alcool permet l’envol du «night life montréalais (vie nocturne) » mais aussi une augmentation importante des maisons de jeux et de prostitution qui bénéficient de la tolérance des autorités.
D’ailleurs, Montréal est une des rares villes nord-américaines à avoir encore un Red Light dans les années 1920. En bref, selon l’historien Michael Hawrysh, Montréal est «une ville bien arrosée, une oasis festive dans un continent assoiffé».
Effets du krach boursier d’octobre 1929
La crise freine l’afflux touristique et a un impact majeur sur les Montréalais. C’est une époque de chômage et de misère pour les classes populaires.
La construction est au ralenti. La production manufacturière diminue de moitié et 25% des travailleurs perdent leur emploi, parfois plus.
Aux usines Angus dans Rosemont, on retrouvait plus de 6 000 travailleurs dans les années 1920. En 1934, leur nombre a chute à 2 500. On stoppe complètement la construction de la gare centrale, qui ne reprendra qu’en 1939 (ouverture en 1943).
Les personnes sans ressources vont de ville en ville à la recherche de travail. Le soir, souvent sans le sou, ils se regroupent près des refuges où ils pourront avoir à manger et dormir dans un vrai lit. À Montréal, en fin d’après-midi, on les retrouve généralement au square Viger où ils attendent l’ouverture du refuge à 18h.
Le lieu montréalais qui symbolise les malheurs de la classe ouvrière est tout près du square, rue du Champ-de-Mars, à peu de distance de l’hôtel de ville : c’est le refuge Meurling. Chaque jour, en 1933, on y sert 1200 repas et plus de 500 personnes y passent la nuit.
Le refuge Meurling
Pour être admis, il faut être sans travail et ne pas avoir plus de 25 cents en poche.
Lorsque les réfugiés entrent à 18 heures, ils doivent se soumettre à un lourd processus. Ils s’amènent devant un guichet où ils doivent donner des informations personnelles : nom, âge, état civil, nationalité, métier et depuis combien de temps ils sont à Montréal). Leurs poches sont vidées et leurs contenus mis dans une enveloppe.
On leur donne 3 jetons avec des cordes et ils se rendent au sous-sol où ils reçoivent un sac de toile et un support d’habit.
Dans le sac de toile, ils déposent leurs sous-vêtements et attachent le premier jeton; sur le support, ils disposent veste, chemise et pantalon avec le deuxième jeton. Chapeau et souliers vont dans une case qui correspond au même numéro.
Leurs vêtements sont ensuite placés dans un fumigateur 30 minutes à 300 degrés.
Complètement nus, ils passent ensuite leur dernier jeton à leur cou. Ils vont sous la douche et se dirige à l’infirmerie pour un examen médical.
Finalement, ils reçoivent enfin une chemise de nuit et peuvent aller manger leur repas au réfectoire : 2 sandwichs et un bol de café.
Le lendemain matin, le réveil est à 5h30, ils s’habillent. Tous les draps et chemises sont envoyés à la buanderie. Et c’est le petit déjeuner : 2 sandwichs et un bol de café. Le cycle recommence le soir même.
Travaux de chômage
Au début de la crise, les sociétés de charité sont rapidement débordées. L’administration municipale prend la relève en 1933 en créant la Commission du chômage qui distribue les chèques de secours direct. Toutefois, ce n’est pas assez et la Ville va entreprendre de grands travaux publics pour faire travailler le plus d’hommes possibles.
On effectuera des travaux de pavage des rues ou des constructions de tunnels passant sous les voies ferrées et de tunnels pour piétons, comme celui reliant permettant de traverser la rue Sherbrooke entre le parc La Fontaine et l’hôpital Notre-Dame.La Ville de Montréal fera aussi construire des bains publics et des vespasiennes qui, à Montréal, porteront le nom du maire Camillien Houde et que l’on désignera sous le nom de «camilliennes».
Sources :
Hawrysh, Michael. Une ville bien arrosée : Montréal durant l’ère de la prohibition (1920-1933), Juin 2014. Mémoire de maîtrise https://archivesdemontreal.ica-atom.org/une-ville-bien-arrosee-montreal-durant-lere-de-la-prohibition-1920-1933-juin-2014
Musée McCord. https://www.mccord-museum.qc.ca/scripts/explore.php?Lang=2&tableid=11&tablename=theme&elementid=9__true&contentlong
Université de Sherbrooke. «Le Krach boursier de 1929 et la crise économique, Québec, 1929-1939», Le bilan du siècle. https://www.bilan.usherb.ca/bilan/pages/collaborations/1083.html
Voir aussi nos clips de Montréal, cité du progrès (1932) https://www.youtube.com/watch?v=nNYlRNuYTs0&list=PL_ChNvZ2bjncYWWDAiNw0IXk5EL5T9utd
Bonjour
je voudrais savoir ce qu’il est advenu du tunnel sous la rue Sherbrooke vers l’hôpital Notre-Dame.