Par Gilles Lafontaine
« Avoir un maire qui a ses idées et qui les réalise, voilà pourquoi Montréal est devenue une des villes les plus prestigieuses du monde. Voilà pourquoi ses collègues Français sont heureux de lui apporter le témoignage de leur admiration. » (R. Nungesser, représentant d’une délégation du ministère de la Qualité de vie de France, 28 mai 1976. Tiré des archives de la Ville de Montréal, fonds VM1,S12,D12).
Ce commentaire d’un membre d’une délégation française en visite en mai 1976 traduit bien le climat d’euphorie qui règne à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques. On doit cependant noter que l’idée de tenir une telle manifestation à Montréal germe depuis un certain temps déjà. Dès novembre 1965, le conseil de ville adopte une résolution autorisant le maire Jean Drapeau à courtiser le Comité international olympique (CIO) afin que les jeux de 1972 se tiennent à Montréal; c’est Munich qui remportera la mise. Loin de se décourager, le conseil de ville récidive en juin 1968 mais cette fois pour la tenue des jeux de 1976. C’est finalement le 12 mai 1970 que le CIO annonce qu’il confie à la Ville de Montréal l’organisation des jeux.
Cette quête d’une reconnaissance internationale est un thème majeur qui colle de manière continue à ce que l’on a appelé l’époque Drapeau. Forte du succès obtenu lors d’Expo ’67, l’administration municipale nourrit les plus grands espoirs lorsqu’on lui confirme sa sélection. Le dévoilement de l’emblème officiel des jeux a lieu en novembre 1972. On assiste, le 28 avril 1973, au début des travaux d’excavation sur le site du Parc olympique. Déjà on réalise que la tâche est titanesque. Mai 1975, une grève paralyse le chantier. Les travaux reprennent à la fin octobre mais le retard apparaît considérable. Devant un tel constat, le gouvernement du Québec choisit d’intervenir. Une loi sanctionnée le 20 novembre 1975 crée la Régie des installations olympiques (RIO). A partir de cette date elle devient propriétaire de tous les biens meubles et immeubles et on lui confie le mandat de réaliser la construction, l’aménagement et l’exploitation des installations requises pour la tenue des jeux de la XXIe olympiade. Dès lors, tout se précipite; nous assistons à une véritable course contre la montre. Ce qui semblait impossible encore hier est en voie de se réaliser. Le samedi 17 juillet 1976 la flamme olympique fait son entrée dans le stade . Tous ces visionnaires qui ont cru au projet et l’ont défendu farouchement sont sur un nuage. Toujours au rayon des émotions, le public découvre une petite gymnaste roumaine, Nadia Comaneci, qui subjugue la foule en accumulant les notes parfaites. Au soir du premier août la flamme s’éteint. Chacun garde de ces deux semaines des images inoubliables. Certains prennent un malin plaisir à rappeler la dette qui échoit aux Montréalais pour s’être payé les plus belles installations sportives au monde, mais ça c’est une autre affaire.