Une collaboration spéciale d’Yves Jasmin, directeur de l’Information, de la Publicité et des Relations publiques d’Expo 67 de mars 1964 à janvier 1968.
Projet de réédition initialement commandé à M. Jasmin par M. Michel Dumas, président de la Fondation Expo 67 de 2010 à 2015, sous la direction soutenue de M. Luc Beauchemin, designer et chercheur en patrimoine moderne. Complété avec la précieuse contribution de Mme Huguette Dussault, professeur d’histoire, pour la révision des textes français, et celle de Mme Diana Thébaud-Nicholson, consultante en communications, pour la révision anglaise.
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Jour 127
Vendredi 1er septembre 1967 : Journée spéciale de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Météo : temps clair, 57 °F (14 °C) – 53 °F (11,6 °C)
250 664 visiteurs
Spectacle à la Place des Nations. Une brusque explosion, suivie d’une odeur de poudre. Les quatre murs d’une cabane dressée au centre de la Place s’écroulent. Quatre blessés apparaissent, se tordant de douleur. Ils sont rapidement entourés et traités par quatre membres de la Brigade ambulancière Saint-Jean. Ce simulacre d’un sauvetage clôture la journée consacrée à l’Ordre très vénérable de l’Hôpital Saint-Jean de Jérusalem.
Pendant toute la durée de l’Expo, 2 700 volontaires de l’Ordre ont enregistré 45 000 heures de présence et satisfait les besoins de quelque 25 000 personnes. Au cours de la cérémonie d’accueil, le gouverneur général Roland Michener remet une médaille de Sauvetage émérite à monsieur Arthur Lanthier, d’Ottawa, qui a sauvé trois enfants de la noyade dans la rivière des Outaouais, le 4 décembre 1966.
Le Lieutenant-Général Sir William Pike, commandant en chef de la Brigade de l’Ordre, a présenté le trois millionième certificat de premiers soins au cadet Wayne Dorion, de Lachine, de la division des cadets infirmiers. Pour sa part, le Général Allard, chef d’état-major des Forces armées du Canada a présenté le trophée Mary Otter à l’équipe de secouristes de la 2e unité ambulancière de Valcartier.
Au pavillon de l’Ontario, accueil de l’avant-garde d’un groupe de « voyageurs » venant de l’Alberta, commandité par la commission du Centenaire du Canada. Accueillis à leur arrivée du Grand Nord par le Commodore O.C.S. Robertson, conseiller scientifique de l’Expo, ces premiers arrivés établissent un campement sur l’île Notre-Dame après avoir franchi les rapides de Lachine, en soi tout un exploit. Ils ont suivi, en sens inverse, la route que les premiers « voyageurs » empruntaient pour aller du Québec vers l’Ouest. Leur périple de 3 283 milles a duré 103 jours. Le groupe au complet est attendu demain.
Une sexagénaire, madame Hélène Morgan, est décédée subitement d’un arrêt cardiaque alors qu’elle était en file pour visiter le Labyrinthe.
Divers groupes d’amateurs se produisent dans les kiosques de l’Expo : le Elgar Choir et The Cranbrooke Girls’ Bugle Band, de Colombie-Britannique; le First Maryland Regiment, de l’État du Maryland; le Four Winds, de Cambria Heights, New York; le Collingwood Collegiate Marching and Concert Band et le Teen Tones, de l’Ontario; le Concert international Richelieu et Howard et Shelli, de Montréal ainsi que le Dawson Boys Club Variety Show, de Verdun, Québec.
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Jour 128
Samedi 2 septembre 1967 : Journée spéciale du Manitoba
Météo : temps clair/couvert, 54 °F (12 °C) – 57 °F (14 °C)
329 581 visiteurs
Le premier ministre du Manitoba, monsieur Duff Roblin répond à l’accueil du commissaire général Pierre Dupuy par un aimable message bilingue, faisant l’éloge de l’Expo, y voyant « un exemple de ce que peut accomplir la sublimation des tensions qui peuvent naître des différences ». Un fort contingent de Manitobains francophones faisait partie de l’auditoire, dont Miss Manitoba (Nancy Ball) accompagnée de deux demoiselles d’honneur, Jan Lindsay et Gloria Anderson. On distribue des chapeaux commémoratifs et des dépliants souvenirs du Manitoba du haut d’un chariot typique de la Rivière Rouge.
Le pavillon de la Birmanie a été fermé toute la journée à cause d’une panne d’électricité.
L’architecte en chef de l’Expo, monsieur Édouard Fiset, quitte la Compagnie de l’Exposition pour retourner à la pratique privée. On compte à l’Expo plus de 300 constructions, dont 63 pavillons nationaux, qui s’étalent sur mille acres de terrain. Cela donne la mesure du travail de création et de supervision accompli par monsieur Fiset et son équipe.
Le gouverneur général Roland Michener reçoit un hommage du pavillon de l’Inde, un pays qu’il affectionne particulièrement. On lui remet un train miniature en argent.
Le maire Drapeau a accepté le don du pavillon de la Scandinavie à la Ville de Montréal des mains des cinq représentants des nations scandinaves. Et les journaux annoncent que la Ville aurait un plan pour l’utilisation des îles au lendemain de l’Expo, mais le secret reste bien gardé.
Le secrétaire de la province, monsieur Yves Gabias, commentant les plaintes reçues par les quatre bureaux du Service provincial du logement, a révélé que les plaintes formulées contre le logement et transmises par Logexpo à Québec représentaient moins de 1 % de tous les visiteurs à l’Expo.
La Compagnie canadienne de l’Expo a gain de cause devant un tribunal de New York. Elle avait intenté des procédures judiciaires contre une compagnie américaine qui publiait et distribuait sans autorisation des cartes postales portant le logotype de l’Expo 67.
De nombreux groupes amateurs se produisent dans les kiosques de l’Expo : de l’Ontario, le Folclorico Portugues, d’Ottawa, le Collingwood Collegiate Marching and Concert Band, de Collingwood et le Centennial Band, de Cooksville. Puis, de Montréal : le German Choir, le German Folk Dance Group, La Famille Rouleau, Howard and Shelli, le Salvation Army Montreal Citadel Band; La Troupe lyrique du Centre, Les Napoléons et le Canadian Celtic Congress.
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Jour 129
Dimanche 3 septembre 1967
Météo : temps couvert, 75 °F (24 °C) – 49 °F (9,4 °C)
425 467 visiteurs
À la basilique Notre-Dame de Montréal, Son Éminence le cardinal Franz Koenig, archevêque de Vienne, célèbre une messe chantée. Le choeur de la Société des concerts de l’Opéra de Vienne, avec le concours de l’Orchestre philharmonique de Vienne interprète merveilleusement la Messe du Couronnement, de Mozart. L’assistance comptait de nombreux invités de l’ambassade d’Autriche. On qualifie l’événement « d’inoubliable retour au temps de Mozart ». L’assistance se sent transportée en la cathédrale de Salzbourg.
Duke Ellington et Sarah Vaughan, deux grands noms du jazz américain, débutent à l’Expo Théâtre.
Au Festival mondial, le pianiste italien Arturo Benedetti Michelangeli conquiert l’auditoire dans un récital de Chopin, à la Place des Arts.
Plusieurs groupes amateurs se produisent dans les divers kiosques à musique de l’Expo : le St. Patrick’s Choir, de Lewiston, Maine; le Unique Ontario Chorale, de Windsor et le Centennial Band, de Toronto. Et du Québec, La Famille Rouleau, Les Napoléons et le Marunczak Ukrainian Dance Ensemble, tous trois de Montréal; Les Majorettes, de Chambly, La Garde Juvénile, de Princeville, Les Merveilles de la Rive Sud, de Jacques-Cartier et Les Souliers Dorés, de Repentigny.
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Jour 130
Lundi 4 septembre 1967 : Fête du Travail
Météo : temps couvert, 72 °F (22 °C) – 49 °F (9,4 °C)
293 707 visiteurs
Les manifestations de cette 95e Fête du Travail débutent à la Place des Nations où le commissaire général Pierre Dupuy accueille monsieur Kalmen Kaplansky, directeur de la succursale canadienne et conseiller spécial du directeur général du Bureau international du travail, monsieur Bruno Storti, président de la Confédération internationale des syndicats libres et monsieur Maurice Bouladoux, président de la Confédération internationale des syndicats chrétiens.
Après les allocutions de circonstance, le président de la Confédération des syndicats nationaux et le secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada, accompagnés du commissaire général se rendent au promenoir situé au-dessus du salon d’honneur pour déposer des couronnes de fleurs au pied de la plaque de bronze placée là en hommage aux « hommes qui ont perdu la vie en bâtissant l’Exposition ».
La délégation officielle visite ensuite les pavillons du Canada et des Nations Unies. Vers 15 h, visite du pavillon thématique L’Homme à l’oeuvre.
Les Voyageurs du Centenaire arrivent à l’Expo au cours de l’après-midi. Le sprint final au lac des Régates a donné le résultat suivant : première place au Manitoba, deuxième à la Colombie Britannique, troisième à l’Ontario et quatrième à l’Alberta. Tous les avironneurs ont reçu une montre souvenir du sous-commissaire général Robert Shaw. La course intégrale depuis Rockie Mountain House en Alberta totalisait 3 213 milles, accomplie en 104 jours à compter du 24 mai.
Le spectacle présenté en soirée à la Place des Nations, mettant en vedette Pauline Julien, Raymond Lévesque et Gilles Vigneault a soulevé un grand enthousiasme de la part des milliers de spectateurs. Le maître de cérémonie, Pierre Fournier, a fait le commentaire suivant : « Cet enthousiasme n’a été dépassé que lors de la venue à l’Expo du Général de Gaulle », ce qui a eu pour effet de redoubler les acclamations.
Dans le cadre du Festival mondial, le théâtre national de Belgique présente, à la salle Maisonneuve de la Place des Arts, Ruy BIas de Victor Hugo. Et à la salle Wilfrid Pelletier, Karl Böhm dirige, en première, l’Orchestre philharmonique de Vienne. Au théâtre Port-Royal, Le Rideau de Bruxelles présente une pièce de Paul Willems Il pleut dans ma maison, que la critique commente ainsi : « cela fleure bon le muguet et la jacinthe…le rêve y a le dernier mot ».
Parmi les troupes amateurs qui évoluent dans les divers kiosques à musique de l’Expo : le Unique Ontario Chorale, de Windsor; le Ardor Folk, de Nouvelle-Écosse; le Pittsburgh Youth Orchestra, de Pennsylvanie; du Québec, Les Sentinelles, de Jacques-Cartier, Les Majorettes, de Baie Comeau et Les Farfadets, de Sainte-Thérèse-De Blainville.
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Jour 131
Mardi, 5 septembre 1967 : Journée nationale de Grenade
Météo : temps clair/couvert, 75 °F (24 °C) – 57 °F (14 °C)
199 219 visiteurs
L’île touristique de Grenade, renommée pour ses épices s’est présentée en toute simplicité à l’Expo. Son premier ministre, Eric Matthew Gairy a souligné dans son allocution que « l’Exposition universelle apporte une incalculable contribution à la paix mondiale en permettant aux peuples de se mieux connaître ». Monsieur Gairy a d’abord visité le pavillon que Grenade partage avec Trinidad et Tobago, ensuite, les pavillons du Canada et des Nations Unies.
En soirée, il offre une réception au pavillon de son pays. On y présente un spectacle mettant en vedette la reine du carnaval de Grenade, Frances McIntyre. À l’occasion de cette journée, le Cinéma-midi du pavillon de la Jeunesse projette deux courts métrages : Island of Spice et This Land of Ours.
Le pavillon de l’Inde accueille son quatre millionième visiteur, un jeune Américain de 12 ans, James Lyon, de Baltimore, Maryland, accompagné de ses parents et de ses trois frères. En plus d’être accueillis comme des maharajahs, les six visiteurs reçoivent plusieurs cadeaux en souvenir de leur visite.
Le contre-torpilleur canadien HMCS Annapolis s’amarre au quai Mark-Drouin où il restera jusqu’au 27 septembre.
Au Festival mondial, c’est la grande première nord-américaine de l’Opéra de Vienne, à la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts avec l’opéra Don Giovanni de Mozart [jusqu’au 22 septembre].
Quelques troupes folkloriques se produisent dans les kiosques à musique de l’Expo, dont les Nova Scotia Playboys, de Lantz, Nouvelle-Écosse.
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Jour 132
Mercredi 6 septembre 1967 : Journée nationale de la Grèce
Météo : temps clair, 71 °F (21,5 °C) – 42 °F (8 °C)
231 729 visiteurs
Une des rares journées nationales à l’Expo à être présidées par un souverain et de surcroît, le plus jeune de toutes les têtes couronnées, le roi Constantin de Grèce. Dynamique et souriant, il prononce, en anglais, une allocution pleine d’optimisme. Dans un geste charmant, non prévu au programme officiel, il demande à la reine de dire aussi quelques mots en français, ce qu’elle fait de bonne grâce, soulevant l’enthousiasme de l’assistance qui ovationne ce gracieux couple royal.
Aux membres de la colonie grecque qui se sont rendus en masse à cette fête, le roi et la reine envoient constamment des signes amicaux. À la fin de la cérémonie de la Place des Nations, le roi et la reine ont été les hôtes du déjeuner offert par le commissaire général. Le roi a offert le pavillon de la Grèce à la Ville de Montréal.
Dans l’après-midi, pendant que le couple royal visitait divers pavillons et faisait la tournée de l’Expo en Minirail, la troupe athénienne Likion ton Ellinidon présente diverses danses folkloriques grecques sur la Place des Nations. Le soir, au Château Champlain, le souverain offre un dîner suivi d’un bal.
Les entrepreneurs généraux qui ont construit le pavillon du Venezuela intentent une poursuite en vue de recouvrer une somme de 156 077 $, solde d’un montant de 435 920 $. La « signification » est envoyée au gouvernement du Venezuela et à son corps administratif à l’Expo 67.
À l’Auditorium Du Pont, première session de la Rencontre mondiale de poésie qui se continuera à l’Expo jusqu’au 10 septembre. Des poètes de plus d’une vingtaine de pays ont accepté de venir discuter du thème : La poésie et la Terre des Hommes.
Au pavillon de l’Hospitalité, démonstration de tapis tressé par madame Marguerite Laflamme de St-Marc-sur-Richelieu et spectacles créoles de Marius Cultier.
Au théâtre intérieur du pavillon du Canada, récital de l’organiste Kenneth Meek.
Au pavillon de la Jeunesse, au Café dansant, Fran et Gil, Diane Dufresne et Gilles Vigneault; au Cinéma-théâtre, la pièce de Sir William Walton, Façade, jouée par les membres de la Faculté de musique de l’Université de Toronto.
Dans le cadre du Festival mondial, au théâtre Port Royal, Les Solistes de Liège.
Et, dans les kiosques à musique : le Messengers, de Pennsylvanie; le Trio Pierre Leduc et le folkloriste international Alexandre Zelkine et le Lord Beaverbrook Air Cadet Squadron, de la Nouvelle-Écosse.
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Jour 133
Jeudi 7 septembre 1967 : Journée nationale du Sénégal
Météo : temps clair, 71 °F (21,5 °C) – 42 °F (5,5 °C)
231 225 visiteurs
Monsieur Daniel Cabou, ministre sénégalais du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, préside la cérémonie officielle de la Journée nationale de son pays, à la Place des Nations. Les invités visitent ensuite le pavillon du Sénégal et les pavillons de la Place d’Afrique. Au cours de l’après-midi, visite des pavillons du Canada, du Québec et de la France.
Une coupure de courant interrompt pendant quelque temps les activités des pavillons et des concessionnaires de La Ronde. Les passagers du Minirail doivent être évacués.
Premier spectacle de 45 minutes de l’hélicoptère du navire Annapolis, au-dessus du bassin Bickerdike. Ces acrobaties aériennes se renouvelleront tous les jours, jusqu’au 12 septembre inclusivement.
Le maire de Montréal, monsieur Jean Drapeau, se rend à Ottawa pour discuter avec les autorités fédérales de l’avenir des îles de l’Expo. Deux jours plus tôt, le premier ministre du Québec, Daniel Johnson, a aussi rencontré monsieur Lucien Saulnier, président du comité exécutif de Montréal et monsieur Robert Winters, ministre fédéral du Commerce. Les entretiens ont porté sur l’utilisation et l’aménagement des îles après l’Expo. Toute la presse attend avec impatience le verdict sur le sort des îles.
La cueillette des pièces de monnaie lancées dans le bassin du pavillon de la Belgique, onze sacs de 100 livres chacun, totalise 3 003 $ qui sont remis à l’Université de Montréal pour la recherche en ophtalmologie. Un premier envoi s’était élevé à 1 960 $.
Émoi au pavillon de l’Australie : sautera? ne sautera plus? Un des kangourous du pavillon est paralysé d’une patte. On le transporte au Jardin zoologique de Granby où il est sous les soins des vétérinaires.
Parmi les visiteurs de marque, on mentionne aujourd’hui à l’Expo la princesse Fatima, soeur du roi du Maroc et son mari ainsi que la romancière Pearl Buck, qui depuis plusieurs années verse ses droits d’auteur à une fondation qui vient en aide aux enfants eurasiens. Madame Buck est accompagnée de huit des enfants qu’elle a adoptés.
Dans le cadre du Festival mondial au théâtre Maisonneuve, Les Solistes de Liège.
Participation des amateurs dans les kiosques de l’Expo : le Barracudas et le Nova Scotia Playboys de la Nouvelle-Écosse; L’Association chinoise de Montréal; Les Mutins, de Longueuil et La Fanfare de l’Aviation Royale Canadienne.
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Jour 134
Vendredi 8 septembre 1967 : Journée spéciale de l’Alphabétisation
Météo : temps clair, 80 °F (27 °C) – 60 °F (15,5 °C)
231 546 visiteurs
On tient une cérémonie spéciale à l’Expo Théâtre pour marquer cette Journée de l’Alphabétisation, sous les auspices du commissaire général monsieur Pierre Dupuy, du commissaire général du pavillon des États-Unis, de monsieur Peter Casson et du recteur de l’Université de Montréal, monsieur Roger Gaudry. Le directeur général de l’UNESCO, monsieur René Mahony prononce le discours de circonstance.
Au pavillon de l’Hospitalité, réunion du Business and Professional Women’s Club. La conférencière est madame Charlotte Whitton, autrefois mairesse d’Ottawa.
Au pavillon de la Chine se tient un défilé de modes exotiques et occidentales.
Une étude conduite à la Caisse Desjardins de l’Expo et à la Banque Canadienne Impériale de Commerce sur l’île Sainte-Hélène révèle que parmi les échanges de monnaies étrangères, après le dollar américain, ce sont le franc français et la livre sterling anglaise qui dominent à Terre des Hommes. Autre constatation : la valeur totale des francs français échangés double celle des livres sterling; et l’Espagne, qui n’a pas de pavillon à l’Expo, ne s’en classe pas moins au septième rang, avant l’Italie et le Mexique.
Les revenus de l’Expo atteignent 98 % des prévisions, annonce monsieur Robert Winters, ministre fédéral du Commerce. Mais comme l’affluence occasionne des frais accrus, le manque à gagner total dépassera également les prévisions.
Visiteurs de marque à l’Expo : le roi Constantin de Grèce et la reine Anne-Marie qui visitent le pavillon du Téléphone, le pavillon thématique du Génie créateur de l’Homme et le pavillon de la Thaïlande.
Côté musique : au pavillon de l’URSS, concert par les artistes de la Fédération de Russie. Au théâtre intérieur du pavillon du Canada, récital de monsieur Gaston Arel, organiste à l’église Immaculée-Conception, de Montréal.
Dans le cadre du Festival mondial, le théâtre national de Belgique présente, au théâtre Maisonneuve, Till Eulenspiegel, de Hugo Claus.
Et dans les kiosques de l’Expo, la participation des groupes amateurs suivants : le Singing Sooners, du Men’s Glee Club de l’Université d’Oklahoma; Jan and Lorraine, de Detroit, Michigan; et le Lord Beaverbrook Air Cadet Squadron, de Halifax, Nouvelle-Écosse.
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Jour 135
Samedi 9 septembre 1967
Météo : temps couvert/pluie, 78 °F (25,5 °C) – 52 °F (11 °C)
284 087 visiteurs
« L’expérience que l’Expo 67 a tentée à Montréal en matière de transport en commun, pourrait servir dans la planification des réseaux de transport urbain », déclare monsieur Steven Staple, un des ingénieurs planificateurs de l’Expo, lors du premier congrès international de recherches sur le transport. Il est à noter que depuis l’ouverture de l’Expo, les huit trains de l’Expo Express ont roulé sur une distance totale de 260 900 milles, l’équivalent de onze fois la circonférence du globe terrestre. Sur les trois milles et demi de voies doubles, l’Expo Express parcourt quotidiennement 1 900 milles.
Arrivée à Dorval d’une délégation des parlementaires européens qui viennent à Montréal pour assister dimanche prochain à la Journée de la Communauté européenne. Le groupe est dirigé par le président du parlement européen, le ministre français, monsieur Alain Poher.
Monsieur Jon Cech, du comité du Tourisme tchèque, prédit que les visiteurs qui sont venus au pavillon de la Tchécoslovaquie, voudront aussi sûrement découvrir le pays qu’il révèle. Ce serait une juste récompense pour cette participation qui arriverait certainement en tête de liste s’il y avait un concours pour le plus beau pavillon.
Sa « Sainteté » Maharishi Makesh Yogi, maître à penser des Beatles et fondateur de la Société internationale pour la Méditation transcendantale fait un bref tour de l’Expo et va méditer au pavillon de la Jeunesse où il doit prendre la parole.
Toujours au pavillon de la Jeunesse, Festival international du film de vulgarisation scientifique. Au Cinéma-théâtre, on entend Les Mécaniques de Richard Lacroix, ensemble sonore de dix éléments mobiles rassemblés en orchestre et, au Café dansant, lecture d’œuvres poétiques américaines.
Au théâtre intérieur du pavillon du Canada, la violoniste canadienne Betty Jean Hagen exécute un programme de compositeurs canadiens.
Au restaurant du pavillon du Québec, le tour de chant de Gaétane Létourneau.
La participation d’amateurs aux kiosques de l’Expo a permis aux visiteurs d’entendre : le Moravian Cultural Society, de l’Illinois; le Tatra Dancers et le Optimist Junior Pipe Band, de Toronto; Les Majorettes des Aigles d’Or, de Sherbrooke; le Sunshine Gospel Singers, de Châteauguay; le Shades of Blond, de Pointe-Claire et Le Choeur des Midinettes de l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames ainsi que Les Marchands de Bonheur, tous deux de Montréal.
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Jour 136
Dimanche 10 septembre 1967 : Journée des Communautés économiques européennes
Météo : temps couvert/clair, 51 °F (10,5 °C) – 52 °F (11 °C)
359 084 visiteurs
Monsieur Jean Rey, président de la Commission des Communautés européennes, accompagné de monsieur Albert Coppé, membre de cette même commission et de monsieur Alain Poher, président du Parlement d’Europe, préside aux diverses cérémonies marquant cette Journée des Communautés économiques européennes, dites Europe des six.
Des hôtesses des pavillons des pays membres du Marché Commun ont pris place devant la tribune d’honneur, ainsi que la Compagnie franche de la Marine qui salue d’une salve de mousquets l’arrivée de la délégation européenne. Avant les allocutions de messieurs Dupuy et Rey, six groupes de folklore, membres de la Fédération folklorique des groupes ethniques de Montréal, donnent un spectacle de chansons et de danses devant une foule de près de 5 000 personnes. La journée se poursuit par une visite du pavillon du Canada, suivie d’une réception au Centre d’études et de documentation européennes à l’École des hautes études commerciales de Montréal.
Au pavillon de l’URSS, on fête en ce même jour la plus grande des quinze républiques de l’Union soviétique : la République fédérative socialiste soviétique de Russie. Une imposante délégation officielle, dirigée par monsieur Alexei Mikailovitch, vice-président du Conseil des ministres de la Fédération de Russie, assiste à ces fêtes au cours desquelles on peut entendre le célèbre groupe folklorique russe Piatnitsky.
Tard dans l’après-midi, le San Giorgio, un escorteur d’escadre italien, arrive au quai Mark-Drouin. Cette visite à l’Expo du San Giorgio vient annoncer les célébrations de la Journée nationale de l’Italie qui auront lieu dans trois jours.
Au Festival mondial, un grand gala de la poésie clôture, à l’Expo Théâtre, la Rencontre mondiale de poésie qui a réuni, pendant quatre jours, quelques-uns des plus grands poètes contemporains. Composé de chansons et de poèmes interprétés par un groupe d’artistes réputés, ce gala s’est déroulé devant une salle comble et enthousiaste. Le commissaire général, monsieur Pierre Dupuy, lit un de ses propres poèmes; monsieur Ahrindranath Chadopadhyaya, poète indien, récite deux poèmes en hindi et le Russe Siméon Kirsanov, interprète un poème fantaisiste dans sa langue. Tous trois sont présentés par le président de la Rencontre mondiale de poésie, monsieur Guy Sylvestre.
Les spectacles de groupes amateurs d’aujourd’hui sont les suivants : le Tatra Dancers, de Toronto; le New Brunswick Youth Orchestra, de Lancaster; et du Québec : La chorale Feuille de Gui, du Cap-de-la-Madeleine; le Sunshine Gospel Singers, de Châteauguay; le Shades of Blond, de Pointe-Claire; La Clique Maska, de St-Hyacinthe; La Garde Juvénile, de Princeville et Les Marchands de Bonheur, de Montréal.
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Jour 137
Lundi 11 septembre 1967 : Journée de la République arabe unie
Météo : temps clair, 51 °F (10,5 °C) – 52 °F (11 °C)
210 563 visiteurs
Monsieur Mahmoud Moharram Hammad, ambassadeur de la République arabe unie au Canada, représente le président Nasser à la cérémonie officielle à la Place des Nations. Les dignitaires sont ensuite reçus au pavillon de la RAU dans l’île Notre-Dame. Plus tard dans la journée, monsieur Hammad visite les pavillons des trois autres pays arabes participant à l’Expo : la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
L’Expo accueille son 40 millionième visiteur, monsieur Serge Amiot, de Montréal.
Les Conférences Noranda présentent en fin d’après-midi à l’Auditorium Du Pont du Canada le professeur Ephraim Katchalski, directeur de la section de biophysique de l’Institut des sciences Weizman et président de l’Association pour l’avancement de la science en Israël. Son exposé porte sur le rôle des protéines et des acides nucléiques dans la détermination des processus de vie.
L’Expo collectionne les trophées. Aujourd’hui, le premier est décerné au commissaire général par l’Association canadienne du Tourisme avec la mention à la Réussite du siècle. Par la même occasion, l’Association remet au Commodore du port de plaisance de l’Expo, monsieur François Lavigne, un trophée décerné par l’Allied Boating Association of Canada, soulignant le succès de cette marina qui comble toutes les espérances de ses dirigeants.
À l’occasion d’une réunion de l’Association des dames conservatrices au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, madame Robert Stanfield, épouse du nouveau leader du parti progressiste conservateur, rend visite à l’Expo et s’entretient avec les journalistes.
On se demande de plus en plus ce qu’il adviendra du site de l’Expo. Les commentaires vont bon train et les journalistes ne manquent pas de suggestions.
Dans le cadre du Festival mondial, le English Opera Group, fondé et dirigé par Benjamin Britten présente à l’église Saint-Jacques, en première montréalaise, l’opéra religieux de Britten, The Burning Fiery Furnace. Cette oeuvre sera présentée en alternance avec un autre opéra de Britten, Curlew River, jusqu’au 16 septembre.
À l ‘Expo Théâtre ce soir, la première du tour de chant de Monique Leyrac.
Et dans les kiosques de l’Expo : le 504 Squadron Royal Canadian Air Cadets, d’Edmonton, Alberta; du Nouveau-Brunswick, le Carleton County Majorettes Corps, de Woodstock et le New Brunswick Youth Orchestra, de Lancaster; de la Nouvelle-Écosse, le Mersey Five, de Liverpool et, de Montréal, le Laurentian Choral Group, le Four Alouettes et Les Jouvencelles de l’Est.
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Jour 138
Mardi 12 septembre 1967 : Journée nationale du Kenya
Météo : temps clair, 56 °F (13,5 °C)
241 186 visiteurs
La journée se déroule en présence de monsieur Mwai Kibaki, ministre du Commerce et de l’Industrie du Kenya, représentant du président de la République du Kenya, monsieur Jomo Kenyatta. Suite aux cérémonies protocolaires, un spectacle est donné par les Traditional Dancers of Kenya, un groupe de quinze danseurs vêtus de peaux de léopard, de zèbre et d’antilope interprétant des danses traditionnelles de ce pays de l’Afrique équatoriale.
Monsieur Kibaki se rend ensuite au pavillon de son pays à la Place d’Afrique et visite les quatorze autres pavillons réunis autour de cette place. Le programme de la journée comporte également des visites aux pavillons du Canada, du Québec et des Nations Unies.
Aujourd’hui également, la visite à l’Expo par monsieur Robert Winters, ministre fédéral du Commerce, responsable de l’Expo auprès du gouvernement, ravive les spéculations déjà nombreuses sur l’avenir des îles après le 29 octobre. Au cours de cette visite, monsieur Winters fait un tour complet des terrains de l’Expo en compagnie du maire de Montréal, monsieur Jean Drapeau.
L’Expo a depuis longtemps assuré la visite des aveugles à l’Expo en publiant conjointement avec l’Institut national des aveugles une carte en Braille et en entraînant des hôtesses pour faire voir l’Expo à ceux qui sont privés de la vue. Le pavillon du Pacifique Canadien-Cominco vient à son tour de publier un document bilingue en Braille pour faciliter la visite de son pavillon aux aveugles.
L’Office des autoroutes vient d’annoncer que la circulation sur l’autoroute des Cantons de l’Est a au moins doublé et que ceci est attribuable à l’Expo 67.
De New York, le magazine McCall’s a fait parvenir une note à la direction de l’Expo suggérant que tous les films montrés dans les pavillons, et surtout celui du Labyrinthe, soient présentés à New York. Le projet est sympathique, mais il faut d’abord qu’ils aient un Labyrinthe pour le réaliser.
À la Place des Arts, l’Orchestre philharmonique de Vienne donne le deuxième d’une série de concerts dans le cadre du Festival mondial. Le chef Josef Krips dirige l’orchestre viennois qui interprète des oeuvres de Mozart et de Brahms.
Et dans les kiosques de l’Expo, spectacles de groupes amateurs : Les Collégiennes de la Chanson, de la Belgique; le Wilson Senior High School Concert Choir, de West Lawn, Pennsylvanie; Le Corps de Majorettes du Comté de Carleton, de Woodstock, Nouveau-Brunswick; le Mersey Five, de Liverpool, Nouvelle-Écosse; L’Harmonie, de Lachine et Les Jouvencelles de l’Est, de Montréal.
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Jour 139
Mercredi 13 septembre 1967 : Journée nationale de l’Italie
Météo : temps clair, 62 °F (16,5 °C) – 63 °F (17,2 °C)
263 338 visiteurs
C’est dans un climat chaleureux et très enthousiaste que se déroulent les diverses manifestations marquant la Journée nationale de l’Italie à l’Expo. La présence du président de l’État italien, monsieur Giuseppe Saragat et celle de nombreux montréalais d’origine italienne ajoutées à la douceur d’un éclatant soleil de septembre, ont pour beaucoup contribué au succès de cette journée qui fut un des grands moments de l’Expo.
Reçu officiellement le matin à la Place des Nations, monsieur Saragat souligne dans son allocution la signification humaine de l’exposition de 1967, affirmant notamment combien il lui semble significatif que « l’Homme ait été choisi comme unité de mesure en cette époque où l’on est porté à raisonner en termes quantitatifs, en oubliant souvent que par son intelligence et sa force morale l’homme conditionne tout vrai progrès ».
C’est en français que le président de l’Italie, entouré de plusieurs personnalités italiennes dont le ministre des Affaires étrangères, monsieur Fanfani, s’est adressé à la foule qui l’applaudit chaleureusement à de nombreuses reprises.
En fin d’après-midi, la Place des Nations s’est transformée en place du Moyen-Âge pour le grand spectacle donné par 150 participants au tournoi chevaleresque de la Quintana, d’Ascoli Piceno, en Italie centrale. Le maire de cette commune a présidé au déroulement de ces fêtes au cours desquelles on a entendu également le Choeur alpin de Trente.
Venu assister à une partie de ce spectacle, le président Saragat a été vivement acclamé lorsqu’il s’est adressé de façon imprévue aux milliers d’Italiens de Montréal massés dans les gradins de la Place. Ces acclamations ont tourné au triomphe lorsque le président a fait le tour de la place pour saluer la foule. Le spectacle s’est poursuivi jusqu’à 20 h, se terminant par une démonstration de l’habileté des sbanderiatori, les lanceurs de drapeaux de la Quintana.
Un congrès de trois jours s’ouvre à l’Auditorium Du Pont du Canada, réunissant plus de 400 designers industriels venant de vingt-six pays.
Également en ce même Auditorium, conférence de monsieur W. Alexander Menne, vice-président de la Fédération de l’industrie allemande, sur La confrontation socio-économique pour un plus haut niveau de vie. Cette conférence a lieu dans le cadre des conférences MacLean-Hunter, organisées par le Centre de commerce international.
Spectacles de groupes amateurs dans les kiosques de l’Expo : Les Collégiennes de la Chanson, de Belgique; le Logan High School Band, de West Virginia; le Hammond High School Band, de l’Indiana et le Caribbean Choral and Cultural Society, de Ville d’Anjou, Québec.
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Jour 140
Jeudi 14 septembre 1967 : Journée spéciale de Paris
Météo : temps clair/couvert, 49 °F (9,5 °C) – 64 °F (18 °C)
213 851 visiteurs
Le commissaire général Pierre Dupuy a été particulièrement chaleureux dans son éloge de Paris, lui qui, en tant qu’ambassadeur du Canada, l’a habité assez longtemps. « C’est une ville que l’on reconnaît instantanément même si on ne l’a visitée qu’en rêve. Chacun découvre en Paris la réalisation d’un souhait ou d’une passion », a-t-il dit. Monsieur Michel Caldaquès, maire de Paris, a renchéri en disant que monsieur Dupuy avait parlé de Paris « avec amour et totale compréhension ».
En effet, Paris et Montréal ne sont peut-être pas si loin l’une de l’autre. Alors, pourquoi ne pas y aller d’un reportage fantaisiste écrit en argot parisien, comme se serait exprimé un authentique « titi » parisien racontant à sa manière, dans un petit café de la Ville Lumière, sa Journée de Paris à l’Expo.
On s’est trimballé tranquilo jusqu’à une turne qu’ils appellent Place des Nations. Là, quelques milliers de ploucs claquaient des paluches quand les huiles sont arrivées. Un gus qui avait pour blaze Michel Caldaquès s’est approché du bafouillard et il a dégoisé tant et plus sur Paname et Montréal, et les ploucs de redoubler leur claquage.
Finalement un paumé nous a refilé le tuyau : c’était la Journée de Paname à l’Expo. Tu parles d’une olive, on était tombé en plein sur la Journée de la Ville-Lampion.
L’après-midi on s’est farci le bal popup avec des vedettes maison. Peu de vedettes françaises, faut dire que côté vedette, les Canadiens on les avait servis, en leur envoyant quelques semaines plus tôt notre « Grand national », paraît qu’ils en parlent encore, tellement ça les a marqués.
Le soir, histoire de bouger, on a fait une virée du côté du pavillon français. Alors là c’était le grand jeu. Le gratin de Montréal était de la fête, tous sapés comme des chefs : le noeud pap pour les jules, la robe longue pour les donzelles.
Comme spectacle, on leur a sorti de derrière les fagots la production number one de la Ville Lampion, le tout avec des signatures à vous faire rêver: Christian Dior, Jean Patou, Balenciaga, Nina Ricci, Grès et Jeanne Lanvin consorts.
Pour donner un avant-goût de la prochaine Exposition internationale d’Osaka 70, le chanteur pop japonais Kyu Sakamoto a interprété la chanson thème Konnichiwa, Konnichiwa (Salut le monde) au théâtre en plein air du pavillon japonais, bondé en cette belle soirée de fin d’été.
Le ministre de l’Industrie du Canada monsieur C.M. Drury a ouvert le Centre de design du Canada à l’Hôtel Bonaventure. Il a dit en substance que, grâce à l’Expo, un grand nombre de Canadiens se sont rendu compte qu’ils pouvaient créer des produits et des ouvrages « dignes de rivaliser avec les meilleurs dans le monde ».
À la salle Wilfrid Pelletier, l’Opéra national de Vienne présente Elektra dont le rôle principal est tenu par la diva Birgit Nilsson, acclamée par l’auditoire et par la critique.
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Jour 141
Vendredi 15 septembre 1967 : journée nationale du Mexique
Météo : temps clair, 61 °F (16 °C) – 67° F (19,5 °C)
219 138 visiteurs
De la gaieté, du rythme et de jolies señoritas, le tout arrosé de soleil, recette d’un menu idéal pour la Journée nationale du Mexique à l’Expo 67. L’ambassadeur du Mexique au Canada, monsieur Pedro R. Suinaga Lujan, représente le président de la République du Mexique, monsieur Gustavo Diaz Ordaz. Rappelons qu’à ses talents de diplomate, monsieur Pedro R. Suinaga joint ceux d’un remarquable joueur de football, comme les Montréalais ont pu en juger lorsqu’il jouait avec l’équipe du collège Loyola de Montréal.
Au début de l’après-midi, les touristes ont bénéficié d’un magnifique spectacle folklorique donné par les groupes Los Charros et les Mariachis. L’habileté dont ceux-là firent preuve dans le maniement du lasso laissa de nombreux spectateurs bouche bée.
Le Mexique a partagé la vedette avec un autre personnage bien connu : un ancien premier ministre du Canada, monsieur John Diefenbaker. Toujours aussi alerte, l’ancien chef du parti conservateur a eu un emploi du temps très chargé à Terre des Hommes. Il refusa de parler politique. Il a été particulièrement bien accueilli au pavillon des Indiens du Canada. Sur le livre d’honneur du pavillon, au-dessous de sa signature on pouvait lire ses surnoms de guerre : Chief Eagle, Chief Walking Buffalo, Chief Many Spotted Horse et Chief Great Eagle.
Le pavillon du Japon a invité les personnes âgées de 65 ans ou plus à une réception et à un spectacle. Il y aura aussi distribution de cadeaux. Ceci pour marquer la coutume japonaise qui veut que le 15 septembre soit jour de fête en l’honneur des personnes d’âge mûr.
Pour les curieux qui désirent savoir ce que les élégantes portent à Leningrad, le pavillon soviétique a organisé un défilé de mode dans sa salle de cinéma.
Est-ce facile d’être femme au vingtième siècle? Ce sujet épineux a été débattu au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel où l’Association des gardes bébés tient ses assises.
Les longues files d’attente sont la rançon de la gloire des pavillons et un statisticien amateur a calculé que les visiteurs de l’Expo auraient passé 2 283 années à faire la queue; comme quoi l’enthousiasme et la patience n’ont pas de limite.
Groupes amateurs qui ont donné des prestations dans les kiosques à musique : le Gand Family Singers, de l’Illinois; le Pawns, du Massachusetts; le Nonna Jackson Singers, de l’Ontario et le St. Eustache Cheerleader and Drum Majorette Corps, du Québec.
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Jour 142
Samedi 16 septembre 1967
Météo : temps clair, 62 °F (16,5 °C) – 70 °F (19,5 °C)
406 011 visiteurs
L’événement marquant de la journée est un hommage à la grâce et à la beauté avec un défilé de mode sur le thème : La mode par la paix. De jolies hôtesses présentent une collection de costumes de leurs pays en trois versions, un costume authentique, une version moderne de ce même costume et un modèle confectionné dans un tissu artisanal. Ce spectacle a lieu au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz Naturel, sous l’égide de l’association La paix par la mode qui veut promouvoir la bonne entente entre les femmes par l’intérêt commun qu’elles ont dans la mode.
Dans le domaine musical, le violoniste Steven Staryk donne un récital au pavillon du Canada, accompagné au piano par John Newmark.
Au pavillon de la Jeunesse, Fernand Ouellette et Gilles Tremblay présentent le compositeur français naturalisé américain, Edgar Varèse.
Plus martial, mais non moins agréable est le défilé des cornemuses et des tambours du Old 78th Fraser Highlanders, autour du pavillon de la Grande-Bretagne.
À l’Autostade, la Grande cavalcade fait ses débuts. Ses trois principales attractions sont la troupe de la Royal Mounted Police of Barbados, le King’s Troupe, le Royal Horse Artillery et la Gendarmerie Royale du Canada. Un spectacle grandiose, riche en couleur et en précision.
Au Jardin des Étoiles, à La Ronde : ouverture de Prestige de Paris, les numéros les plus prestigieux des cabarets de Paris.
Au Festival mondial c’est la première [de quatre représentations] de Major Barbara, de George Bernard Shaw, donnée par le Manitoba Theatre Center.
Les groupes amateurs présents dans les kiosques de Fanfare de l’Expo : le Halifax Civic Majorette Corps, de Nouvelle-Écosse; le Elgin Regiment Trumpet Band, de l’Ontario; du Québec, le Mountain City Chorus, de Verdun; La Chorale de l’Amitié, de Sherbrooke; L’Orphéon, de Trois-Rivières; le Sheffield Steel, de Saint-Laurent et le Lakeshore Concert Band, de Valois.
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Jour 143
Dimanche 17 septembre 1967
Météo : temps clair, 70 °F (21 °C) – 74 °F (23,3 °C)
393 296 visiteurs
Sous un ciel bleu, l’Expo est merveilleuse et les touristes affluent en ce dimanche. Tout le monde s’amuse, que peut-on demander de plus.
Quelque 350 chanteurs d’origine allemande, venant de plusieurs villes canadiennes, se sont donné rendez-vous à la Palestre Sainte-Hélène. Danses, chants, concert par la Stumpf Trachtenkapelle en costumes nationaux, créent une gaieté de bon aloi. Mais on s’interroge sur le spectacle offert par des Indiens mohawks, en costume traditionnel. Un présentateur vient expliquer que cela se veut rappeler l’accueil que les Indiens ont fait aux premiers colons d’origine allemande arrivant au Canada en 1664. On lit au micro une lettre du premier ministre Pearson dans laquelle il traite de la contribution des Canadiens d’origine allemande « qui ont enrichi la qualité de la vie canadienne au cours de ces 200 ans, en compagnie de nos ancêtres, depuis les débuts du Canada ». Le tout se termine par un défilé très applaudi qui conduit les gais lurons au Beer Garden, comme on peut s’y attendre.
Une bombe de fabrication artisanale a causé des dommages légers au deuxième étage du pavillon de l’URSS; quelques tableaux dans le voisinage immédiat de la bombe ont été touchés. On a fermé le pavillon, mais pendant moins d’une demi-heure.
Un petit bout d’homme fort tenace est revenu en fin de semaine compléter son tour d’Expo 67 entrepris avec ses parents, mais qu’il trouvait insuffisant. Gregg Plowe, âgé de 11 ans, de Crystal Falls, État du Michigan, de retour chez lui après sa première visite a écrit au maire de Montréal pour le féliciter et lui dire qu’il n’avait pas eu le temps de tout voir et le regrettait. Monsieur Drapeau suggéra que des concitoyens du jeune Gregg pourraient peut-être lui faciliter un second voyage. La suggestion fut transmise à la Chambre de Commerce de Crystal Falls et au Lions Club de Kitchener, ce qui a amené Gregg à revenir remercier le maire de Montréal de son intervention et compléter son tour d’Expo. Bravo Gregg et bien du plaisir à l’Expo 67!
Les groupes amateurs ont été nombreux aujourd’hui dans les kiosques de l’Expo : le Statesmen, de New York; le Singing Titans, de Detroit, Illinois; le Elgin Regiment Trumpet Band, de l’Ontario; le Aos-Og and Queen Maeve Irish Folk Dancers, de Longueuil; le Lakeshore Concert Band, de Pointe-Claire ainsi que le Workmen’s Circle Choir et Le Choeur Hamazkaine, de Montréal.
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Jour 144
Lundi 18 septembre 1967 Journée spéciale des Olympiques
Météo : temps couvert/clair, 68 °F (20 °C) 75 °F (24 °C)
184 121 visiteurs
La Journée olympique à l’Expo 67 a amené à la Place des Nations le directeur du Comité international olympique et président de l’Association olympique canadienne, monsieur James Worrall, le premier vice-président du CIO, monsieur Armand Massard, ainsi que plusieurs autres personnalités du monde olympique international. Ces insignes visiteurs ont été salués par le tir des mousquets de la Compagnie franche de la Marine. Après l’envoi du drapeau olympique et les allocutions du commissaire général monsieur Dupuy et de messieurs Worral et Massard, on a présenté aux invités, huit athlètes du Service des parcs de Montréal ayant participé aux fêtes du 800e anniversaire de la ville de Copenhague.
Les autorités du pavillon soviétique nient que l’incendie d’hier ait été dû à une bombe. Il s’agit plutôt, dit-on, de l’explosion accidentelle d’une lampe au mercure.
Le grand boum de la mode canadienne présenté au pavillon du Canada ces jours-ci fait vraiment sensation. Les couturiers canadiens sont vivement applaudis et leurs créations suscitent les commentaires les plus élogieux.
Un autre des grands succès de l’Expo est le programme d’assistance aux visiteurs handicapés. Jusqu’ici, plus de 30 000 de ces visiteurs sont venus, soit le double des prévisions originales. Le service aux visiteurs compte 18 employés assistés par plus de 100 bénévoles qui promènent les visiteurs handicapés dans des véhicules du même type que la Ballade, mais spécialement équipés pour recevoir des fauteuils roulants. Le pavillon du Scoutisme, de son côté, lui fournit des bras toujours prêts à servir. Presque tous les pavillons facilitent l’accès aux handicapés, notamment en les dispensant de faire la queue.
Le service de relocation des employés de l’Expo −car cette belle aventure aura une fin−, offre quelque 400 postes dont le mieux rémunéré qui avoisine les 20 000 $ par année [une somme presque équivalente à 200 000 $ de nos jours] comporte la rédaction de résumés pour la quatrième couverture de romans.
Le peintre Henri Masson de Montréal est de passage à l’Expo aujourd’hui. Monsieur Masson est un enthousiaste de l’Expo; il compte déjà une quinzaine de visites. Aujourd’hui, il est venu au pavillon des Nations Unies pour soutenir la cause de l’UNICEF.
En première au théâtre Maisonneuve, dans le cadre du Festival mondial, le English Opera Group présente A Midsummer Night’s Dream, de Benjamin Britten.
Les groupes amateurs qui se produisent dans les kiosques de l’Expo sont les suivants : le Quintones, de Détroit, Michigan; le Lost Generation, de Colombie-Britannique; Les Dellas, de Lachine, Québec, et La Fanfare de l’Expo 67.
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Jour 145
Mardi 19 septembre 1967
Météo : temps clair, 60 °F (15,5 °C) – 62 °F (17,7 °C)
211 312 visiteurs
Il est toujours intéressant de rapporter ce qui se passe d’original à l’Expo. Ainsi, un groupe d’étudiants du collège Sainte-Marie de Montréal a décidé de fonder la « Société Anonyme des Queues et Files pour la Survivance de l’Esprit de l’Expo », la SAQFSE, rien de moins! Cette association entend conserver l’esprit de l’Expo en organisant des queues d’attente en divers endroits de la ville. Vive l’esprit de l’Expo, mais faut-il vraiment aller jusque-là?
Histoire de changer de ton, signalons que si la journée d’aujourd’hui est l’une des plus calmes à l’Expo 67, la Gendarmerie royale du Canada, assistée par la Sécurité de l’Exposition, de la Sûreté municipale de Montréal et de l’armée, a mis en place aujourd’hui des mesures extraordinaires de précautions en vue de la visite de monsieur Mika Spiljak, président du Conseil exécutif de la République socialiste fédérale de la Yougoslavie, à l’occasion de la Journée nationale de la Yougoslavie, qui aura lieu demain.
Un visiteur de la Terre des Hommes, monsieur Louis Turcotte, perd son passeport dès son arrivée à la Place d’Accueil. Inquiet, voire désespéré, il s’informe et on le dirige au comptoir des objets perdus. Moins de cinq minutes plus tard, son passeport arrive et lui est remis.
Avec le retour des enfants à l’école, les ventes de casse-croûte déclinent de plus de 30 % et celles des kiosques de souvenirs de plus de 60 %. Mais, en général, les profits de plusieurs concessionnaires sont plus de trois fois supérieurs à ceux escomptés. Ce sont les restos et les kiosques de souvenirs du Village, à La Ronde, qui sont le plus touchés. Alors qu’un kiosque de souvenirs au centre de l’Expo peut rapporter 618 $ au pied carré de son établissement, le même espace au Village n’enregistre que 85 $. Les rues du Village sont jolies et fréquentées mais, pour une raison inconnue, les gens y achètent moins. Une serveuse d’un restaurant québécois estime qu’étant donné qu’un grand nombre de visiteurs sont Québécois, ils préfèrent profiter de l’Expo pour goûter aux mets étrangers qui abondent ici.
Le département du Commerce de la Ville de New York rapporte que son service d’information au Times Square est débordé de demandes d’informations sur l’Expo de Montréal, autant de la part de New Yorkais que de visiteurs de l’extérieur.
À l’Auditorium Du Pont, on présente le film de la Ville de Montréal qui présente une analyse d’urbanistes sur la région métropolitaine de la fin du siècle : Montréal-Horizon 2000.
Dans les kiosques de Fanfare de l’Expo les groupes suivant : le Lost Generation, de la Colombie-Britannique; le Sunday Youth Orchestra, de Toronto et Les Dellas, de Lachine, Québec.
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Jour 146
Mercredi 20 septembre 1967 : Journée nationale de la Yougoslavie
Météo : temps couvert, 79 °F (26 °C) – 46 °F (8 °C)
226 142 visiteurs
C’est le président du Conseil exécutif de la République socialiste fédérale de la Yougoslavie, monsieur Mika Spiljak, qui représente le président Tito à la Place des Nations à l’occasion de la Journée nationale de son pays à l’Expo 67. À cette occasion, on a pris des mesures de sécurité extraordinaires vu les attentats à la bombe commis récemment contre l’ambassade yougoslave à Ottawa.
Au pavillon de la Grande-Bretagne, relié par radio à un chantier maritime de Glasgow, en Écosse, on célèbre au champagne le lancement, par la reine Elizabeth II, du nouveau paquebot de la ligne Cunard, le Queen Elizabeth II. Sir William Oliver, commissaire général de la participation britannique à l’Expo 67, préside à cet événement en compagnie d’un groupe d’hôtesses et d’une soixantaine d’invités.
Un brave Montréalais rend service à un visiteur américain venu à l’Expo et dont la voiture est tombée en panne. Il ne le connaît pas, mais lui procure aimablement les services d’un garagiste et le reconduit à son hôtel. Deux semaines plus tard, il reçoit chez lui, à sa grande surprise, un énorme colis : un appareil de télévision couleur [une nouveauté à l’époque au Canada], avec les remerciements de Perry Como, vedette de la chanson américaine.
Un des trois créateurs du Labyrinthe, monsieur Hugh O’Connor, a été assassiné alors qu’il tournait un reportage sur la pauvreté au Kentucky. Un propriétaire de taudis a été arrêté.
Parmi les manifestations inscrites au programme de la journée, on a particulièrement apprécié le spectacle de la troupe folklorique yougoslave Lado, à la Place des Nations. Ce groupe de même que les Solistes de Zagreb donnent chacun leur spectacle ce soir respectivement à l’Expo Théâtre et au théâtre Port-Royal, dans le cadre du Festival mondial.
Les kiosques de l’Expo mettent en vedette : le Country Music Gents, de Pennsylvanie; le Italian Music College, de Montréal et la Fanfare de l’Expo.
La dernière heure de la journée fut sans contredit la plus mouvementée. C’est en effet à 23 h qu’on apprend la nouvelle qui bouleverse Montréal et ses milliers de visiteurs : la grève appréhendée immobilise le métro et les autobus de la Commission de transport de Montréal. Dans les haut-parleurs et sur les tableaux d’information, on encourage les visiteurs à rentrer chez eux et on met immédiatement en branle un système de dépannage. Mais, les bars de La Ronde font des affaires d’or. « Si on ne peut pas rentrer chez nous, autant rester ici » : c’est la première réaction des visiteurs. Au pub anglais, The Bulldog, un client dit à une serveuse : « Apporte-moi une autre bière; la grève ne me dérange pas du tout ». Rendu à 2 h 30 du matin il reste encore quelques centaines de couche-tard que la grève n’inquiète aucunement.
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Jour 147
Jeudi 21 septembre 1967 : Journée nationale de la Barbade
Météo : temps couvert, 66 °F (19 °C) – 70 °F (21 °C)
130 836 visiteurs
Journée pluvieuse et maussade. La grève des employés de la Commission de transport de Montréal, commencée inopinément hier soir, avant minuit, n’augure rien de bon pour l’Expo. La Compagnie de l’Expo estime que le nombre des visiteurs pourrait diminuer de 50 %, causant par semaine une perte de revenus de deux millions de dollars à la Compagnie et de cinq millions aux concessionnaires.
Ce jour étant la Journée nationale de la Barbade, le premier ministre de cette île des Antilles, préside la cérémonie officielle. Dans son allocution, il met l’accent sur l’esprit humanitaire du peuple canadien et exprime la reconnaissance du peuple de la Barbade pour l’aide matérielle et culturelle que lui fournit le Canada. Cette cérémonie est rehaussée par la prestation, à la Place des Nations, d’artistes de la Barbade, le Bajan Pepperpot, accompagné par le Barbados Mounted Police Band. Leurs danses et chants caractéristiques apportent à la fête une note exotique fort appréciée.
Il semble que même l’absence de transports en commun n’a pas réussi à rebuter les inconditionnels de l’Expo. À l’instar du général Galiéni qui avait mobilisé les taxis de la ville de Paris pour transporter les troupes à la bataille de la Marne pendant la première Grande Guerre, les gens ont mobilisé les voitures publiques disponibles pour se rendre à l’Exposition. D’autres ont contourné la difficulté en faisant de l’auto-stop.
Et la générosité est communicative. Un visiteur belge, monsieur Léon Derwa, a demandé à un taxi de le conduire à la Bourse de Montréal. Rendu sur place, monsieur Derwa a demandé combien il lui devait. « Rien, dit le chauffeur, il fallait justement que je vienne également ici ».
Pour venir en aide aux visiteurs, le Canadien National a mis en service un train spécial qui part toutes les demi-heures de 9 h 30 à 23 h 30 de la Gare Centrale et les dépose juste derrière l’Autostade. De son côté, la Compagnie de l’Expo a pris une série de mesures d’urgence, notamment en faisant circuler la Balade entre l’Autoparc Victoria et la Place d’Accueil, sans arrêt de 5 h 30 du matin à minuit et demi.
Un restaurant de La Ronde, Passport to Paradise, offrant des plats hawaïens, ferme ses portes. C’est le premier restaurant à faire faillite à l’Expo.
Dans le cadre du Festival mondial, au théâtre Maisonneuve, le English Opera Group a présenté Acis et Galatée, de Haendel et The Bear, de Walton. Au théâtre Port-Royal, le Manitoba Theatre Centre a donné une représentation fort réussie de la pièce de Bernard Shaw Major Barbara.
Les groupes d’amateurs qui se sont produits dans les kiosques à musique de l’Expo : le English Handbell Choir, de Harrisburg, Pennsylvania; le Catholic Central High School Band, de Detroit, Michigan; le Montreal Jewish Folk Choir et le Saint-Laurent Pipe Band, du Québec.
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Jour 148
Vendredi 22 septembre 1967 : Journée nationale du Danemark
Météo : temps couvert, 48 °F (9 °C) – 45 °F (7,2 °C)
126 665 visiteurs
Second jour de la grève des employés de la Commission de transport de Montréal. L’ardeur des « mordus » de l’Expo n’en est pas autrement affectée. Ils sont mieux organisés et n’hésitent pas à tirer parti de tout : auto-stop, bicyclettes, triporteurs, etc.
C’est la Journée nationale du Danemark installé dans le pavillon des pays scandinaves, ces cinq soeurs de l’Europe septentrionale qui veulent ainsi marquer les liens de fraternité qui les unissent. C’est la princesse Margrethe, héritière du trône danois et son époux, le prince Henrik qui représentent leur pays. Le couple royal insiste pour que la cérémonie se tienne en plein air, malgré le mauvais temps. Cette « opération charme » fait oublier aux 700 spectateurs qui se pressent dans les gradins de la Place des Nations, le vent froid et humide qui ne cesse de souffler avec violence depuis le matin, et compense pour les tribulations de la grève des transports.
La princesse Margrethe, coiffée d’une toque couleur or qui lui va à ravir, prononce son allocution en français et en anglais, remerciant le Canada pour sa participation à la libération du Danemark au cours de la dernière guerre. Elle ajoute quelques mots en danois à l’intention des visiteurs d’origine danoise, nombreux à cette fête.
Un record impatiemment attendu est atteint aujourd’hui : le nombre de visiteurs à l’Exposition universelle de Bruxelles de 1958 était de 42 073 561. Ce chiffre a été dépassé tôt dans la matinée. Montréal est donc assurée pour le moment du record d’assistance aux expositions universelles du XXe siècle. [En fait, trois ans plus tard, l’Exposition universelle d’Osaka, au Japon, dépassera Montréal.]
De son côté, le pavillon du Téléphone, très couru, accueille son cinq millionième visiteur.
Au pavillon de l’Ontario, le populaire film A Place to Stand a été vu par plus de 2 500 000 visiteurs. On le présente maintenant en prime dans les cinémas du Québec. (Il est à noter que ce film a remporté un Oscar à Hollywood dans la section documentaire.)
Deux descendants de Pères de la Confédération déjeunent au pavillon du Canada, à l’invitation du commissaire de ce pavillon, monsieur Leslie Brown. Monsieur Stanley Tupper, petit-fils de Sir Charles Tupper et monsieur John M. Steeves, arrière-petit-fils de William Henry Steeves sont tous deux nés au Canada et maintenant devenus citoyens américains.
Des célébrités dans le domaine des sciences et des lettres honorent l’Expo : le professeur français Kastler, Prix Nobel de physique, prend la parole au pavillon de la France, suivi de messieurs Caenac et Blanc-Lapierre, alors qu’au pavillon de la Jeunesse, monsieur Raymond Aron, professeur à la Sorbonne, membre de l’Institut de France et éditorialiste au quotidien Le Figaro donne une communication intitulée La jeunesse envisagée comme classe sociale.
Dans les kiosques de l’Expo on peut entendre les groupes d’amateurs suivants : le Statesville High School Grenadier Band, de Statesvil1e, Caroline du Nord; le Brockville Theatre Guild Festival Players, de l’Ontario et Les Conquistadores, de Drummondville, Québec.
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Jour 149
Samedi 23 septembre 1967
Météo : temps couvert, 46 °F (8 °C) – 48 °F (9 °C)
261 944 visiteurs
Loin de décourager les visiteurs, la grève des transports réveille leur esprit combattif. Montréalais et étrangers, armés de patience, continuent à affluer à l’Expo, presque aussi nombreux qu’auparavant. Nombreux ceux et celles qui offrent gratuitement le transport aux gens qui semblent en avoir besoin. Mais, il y a des exceptions… Ainsi, un Montréalais accepte de donner un lift à un piéton. Il engage la conversation : « D’où venez-vous », demande-t-il. « Montréal », répond l’autre. « Vous faites quoi, comme boulot ? » « Je suis chauffeur d’autobus ». L’auto s’arrête net et le malheureux se retrouve piéton.
Un visiteur à l’hôtel Reine Élizabeth a eu une belle surprise. Monsieur Robert Holt et sa femme se sont présentés sans réservation au comptoir de l’hôtel traitant les réservations pour l’Expo. Le directeur les reçoit, leur offre des rafraîchissements, une magnifique chambre à l’hôtel pour la durée de leur séjour, invitation à dîner à l’hôtel dans le resto de leur choix et une voiture pour les conduire à l’Expo. Explication? Monsieur Holt est la 25 000e personne à se présenter au service de logement pour l’Expo de l’hôtel Reine Élizabeth.
L’événement marquant de la journée est la visite à l’Expo du secrétaire de l’ONU, monsieur U. Thant, qui arrive en hélicoptère. Monsieur Thant a visité les pavillons des Nations Unies, des Indiens du Canada, des provinces de l’Atlantique, de l’URSS, des États-Unis, de la Tchécoslovaquie, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Inde, de la Birmanie (son pays natal) et le pavillon thématique du Génie créateur de l’Homme.
Au déjeuner offert en son honneur par le maire Drapeau, il offre le pavillon de l’ONU à la Ville de Montréal, soulignant que le site de l’Exposition est tout indiqué pour devenir un centre international permanent.
Une émouvante expérience humanitaire est tentée : quinze paraplégiques de l’Institut de réhabilitation de Chicago visitent l’Expo en fauteuils roulants, ce qui leur fournit une occasion de prendre confiance en eux.
Le pavillon de la France reçoit un visiteur de marque : le général Maurice, chef d’état-major de l’armée de l’air française. En l’honneur de cette visite, on donne un grand bal ce soir au pavillon.
À la Place des Nations, le baryton John Boyden donne deux récitals, interprétant avec brio des oeuvres de Mozart, Richard Strauss, Poulenc et du compositeur montréalais Robert Fleury.
Les danseurs de la république d’Azerbaijan offrent un spectacle éblouissant au pavillon de l’URSS.
Dans le cadre du Festival mondial, le choeur et l’orchestre Bach de Munich donnent leur premier concert à la salle Wilfrid Pelletier.
Les groupes d’amateurs suivants jouent dans les kiosques de l’Expo : le Hamilton Police Male Chorus et le Michael Power Knights Drum Corps, d’Islington, Ontario; le Sweet Adelines, South Shore Chapter, de Saint-Lambert; Maureen & Gordon, de Pointe-Claire; Les Chanteurs de la Gamme d’Or, de Laval, Québec et Les Rapailleurs Capucine, de Montréal.
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Jour 150
Dimanche 24 septembre 1967
Météo : temps couvert, 45 °F (7 °C) – 50 °F (10 °C)
215 302 visiteurs
La sécurité a été sur le qui-vive toute la journée. Une première alerte vers 15 h 30 a permis de trouver, à la Place d’Afrique, une bombe, vite désamorcée. En soirée, une fausse alarme cette fois, conduit les policiers à Habitat.
Monsieur U. Thant poursuit ses visites commencées la veille. « L’Expo, dit-il, m’a littéralement conquis. Elle constitue la plus belle manifestation du genre et la plus magnifique de toutes celles qui l’on précédée ». Mais, le secrétaire général de l’ONU a aussi tenu à exprimer une réserve attristée en rappelant que les merveilles créées par le génie humain, telles qu’illustrées par l’Expo, peuvent être détruites par ce même génie.
Deux plumes de plus au chapeau de l’Expo. Cette fois c’est l’Association des hebdomadaires de langue française qui remet deux certificats d’excellence : l’un au commissaire général pour la magnifique réussite de l’Exposition universelle et l’autre au directeur de la Publicité, de l’Information et des Relations publiques, monsieur Yves Jasmin.
Le voilier Danmark, navire-école de la marine danoise, ayant à son bord 80 aspirants, arrive toutes voiles dehors au bassin Bickerdike, à la cité du Havre. Malheureusement, le moment de l’arrivée est mal chronométré si bien que les journalistes et photographes ratent ce beau spectacle. Jaugeant 790 tonnes, ce navire est un des plus importants bâtiments du genre à s’amarrer au quai Mark-Drouin.
Un peu partout les embouteillages causent des retards. Tout le monde n’en conserve pas moins sa bonne humeur et cela vaut mieux, car les grévistes annoncent qu’ils ne feront aucune exception pour l’Expo. (Pourtant, les syndicats ont respecté l’engagement pris au début de l’Expo de ne permettre aucune grève qui puisse nuire directement à l’Expo. Ainsi, les navires apportant du matériel pour la construction des pavillons étrangers ont été déchargés même pendant une grève au Port de Montréal et les opérateurs de l’Expo Express, membres du syndicat actuellement en grève, ont reçu la permission de continuer leur travail.)
Pearl Bailey présente son premier spectacle à l’Expo Théâtre.
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Jour 151
Lundi 25 septembre 1967
Météo : temps clair/couvert, 47 °F (8 °C)
120 524 visiteurs
La grève des transports en commun se poursuit toujours, mais le moral des visiteurs, aussi bien que des responsables de l’Expo est loin de faiblir. Inférieure aux prévisions, l’affluence se maintient tout de même à un rythme régulier et, dans l’ensemble, satisfaisant. Les mesures entreprises pour pallier la grève s’avèrent satisfaisantes sauf sur quelques points mineurs. Ainsi, les Balades qui, par mesure spéciale, transportent les visiteurs du stationnement Bonaventure à la Place d’Accueil ont subi 80 crevaisons, leurs pneus n’étant pas faits pour le gravier.
La science médicale est à l’honneur. À l’Auditorium Du Pont, dans le cadre des conférences Noranda, un éminent médecin suisse, le professeur Éric Martin, a entretenu son auditoire du progrès et de la santé de l’Homme. Par ailleurs, la fréquentation du pavillon thématique L’Homme et la Santé dépasse les prévisions les plus optimistes en accueillant son deux millionième visiteur.
Bon pied bon oeil, portant légèrement le poids d’un siècle, madame A.E. Empey, de Winnipeg, qui a récemment célébré ses 100 ans, fait son premier voyage en avion pour se rendre à Montréal et y visiter l’Expo. Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit une centenaire à l’Exposition. Chapeau!
Et le pavillon du Canadien-Pacifique-Cominco reçoit, sans y porter attention, son deux millionième visiteur.
Le pavillon de la Jeunesse a organisé une exposition de photos de Jean-Pierre Beaudin et Michel Saint-Jean, d’une haute tenue artistique. Dans ce même pavillon, le sculpteur Mar-Jean (de son vrai nom, Janet Plourde) de Sorel a fait une démonstration fort réussie, de la manière dont elle se sert du burin.
Toujours au pavillon de la Jeunesse, Les Saltimbanques donnent une savoureuse interprétation de la pièce de Pierre Moretti Équation pour un homme actuel. Toutefois, un curieux incident met fin au spectacle de ce soir, présenté pourtant depuis le 4 septembre. L’escouade de la moralité, munie d’un mandat d’arrêt fait irruption pendant la représentation et les acteurs se retrouvent au poste de police.
À la salle Wilfrid Pelletier, l’Orchestre national de l’Office de la radiodiffusion-télévision française (ORTF) interprète, devant une assistance nombreuse et choisie, des oeuvres de Berlioz, Franck, Dutilleux et Ravel. Charles Münch, un des plus grands chefs d’orchestre actuels, dirige avec maîtrise cet imposant ensemble.
Dans les kiosques de l’Expo, on trouve les groupes amateurs suivants : le Sir Wilfrid-Laurier Concert Band, de Scarborough, Ontario; le Dartmouth Senior High School Drama Club présentant The Broken Ring, de Donald Westmore; Les Riveraines, de Chateauguay et les Four Alouettes, de Montréal.
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Jour 152
Mardi 26 septembre 1967
Météo : temps clair, 52 °F (11 °C) – 53 °F (11,6 °C)
143 775 visiteurs
Une nouveauté fait son apparition à l’Expo. Il s’agit des quatre petits trains sur pneumatiques descendus du Mont Royal, dont les noms − la Tornade, l’Ouragan, le Cyclone, la Brise − conviennent tout à fait au temps d’équinoxe. Ils sont prêtés par la Ville de Montréal pour suppléer aux défaillances des Balades, mises soudainement dans l’obligation d’assurer un service intensif entre le stationnement congestionné et la Place d’Accueil.
Monsieur François Missoffe, ministre français des Sports et de la Jeunesse, visite l’Expo. Il se rend notamment à la Maison olympique où il peut admirer la statue du coureur finnois Paavo Nurmi. Puis, au cours d’une conférence de presse tenue au pavillon du Québec, il accepte la présidence d’honneur de l’Association internationale des jeunes de langue française, dont les fondateurs sont deux jeunes Québécois, Gilles Breault et Jacques F. Bufias.
Au pavillon soviétique, la délégation de Biélorussie tient un débat ouvert à la presse, suivi d’un concert exécuté par les artistes de la République.
Neuf pavillons de pays francophones lancent un concours marathon à l’adresse de la jeunesse. Il s’agit de visiter ces pavillons samedi prochain et de répondre à un questionnaire. Les questions portent sur les neuf pays et les réponses se trouvent dans les pavillons.
Et une autre récompense bien méritée pour l’Expo : un organisme américain, la Direct Mail Advertising Association, décerne, pour la première fois en dehors des États-Unis, son prix d’Excellence pour la qualité de la publicité faite par la poste à monsieur Pierre-A. Forget, responsable des services de Renseignements dans le département des Relations publiques de l’Expo [touchant le domaine de l’éducation].
À la salle Wilfrid Pelletier, Maurice Le Roux dirige l’Orchestre national de la radiodiffusion-télévision française dans des oeuvres de Brahms, Ravel et Prokofiev.
Dans les kiosques à musique, les groupes amateurs suivants : le Beekmantown Central School Senior Band, de Plattsburg, New York; le Sir Wilfrid Laurier Concert Band, de Scarborough, Ontario; Les Riveraines de Châteauguay et le Lebanese Canadian Festival, de Montréal.
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Jour 153
Mercredi 27 Septembre 1967 : Journée nationale de la Suède
Météo : temps couvert, 61 °F (16 °C) – 68 °F (20 °C)
149 852 visiteurs
La princesse Christina de Suède représente son grand-père, le roi Gustave VI et apporte à la Journée nationale de son pays un caractère, en quelque sorte, ensoleillé. Elle en est certainement la vedette. Jeune, blonde, très souriante, elle est la « jeune fille suédoise typique » dira un membre du pavillon scandinave soudainement pris de nostalgie. La princesse entend représenter avant tout la jeunesse de son pays, cette jeunesse qui grandit dans les mêmes circonstances, fait les mêmes études et développe les mêmes intérêts que la jeunesse canadienne.
Elle se dit fascinée par l’Expo 67 qu’elle considère « comme une entreprise phénoménale, un regard sur le monde d’aujourd’hui et une projection dans le monde de demain ». Au cours de la cérémonie officielle, à la Place des Nations, une équipe de seize jeunes filles donne une démonstration de gymnastique. L’une d’elles fait une chute, heureusement sans suite, mais qui sur le moment préoccupe le public.
En fin d’après-midi, l’Expo reçoit son 43 millionième visiteur. Rien n’est prévu pour cet événement. Mais, parlant de millions, le Médithéâtre qui provoque des sensations fortes est la première activité portant sur un sous-thème à franchir le cap des deux millions de visiteurs.
À l’Auditorium Du Pont, dans le cycle des conférences Maclean-Hunter, monsieur Menshikov traite de la structure des réformes économiques en cours en URSS. Monsieur Menshikov est l’un des économistes les plus éminents de l’Union soviétique, directeur délégué de l’Institut d’économie mondiale et des Relations internationales de l’Académie des sciences de l’URSS.
Au pavillon de l’URSS, madame Droujnevskaya traite, en français, Des explorations du cosmos au cours des dernières années.
Philippe de Gaspé Beaubien, directeur de l’Exploitation révèle que l’Expo a enregistré, à ce jour, 106 millions de dollars de revenus d’exploitation, soit 5 millions de moins que prévu. Il attribue cela au fait que, à la différence des prévisions, il vient plus de Montréalais, qui dépensent moins, que de visiteurs de l’extérieur.
Le Bureau des loisirs de plein air du secrétariat de l’Intérieur des États-Unis a envoyé à l’Expo une lettre de félicitations à l’égard de Logexpo. On ne s’y attendait vraiment pas, pour des raisons évidentes.
Du quai Mark-Drouin, départ du contre-torpilleur canadien Annapolis, arrivé le 5 septembre. Durant son séjour dans les eaux de l’Expo, il a servi à de fréquentes démonstrations d’atterrissage d’un hélicoptère de neuf tonnes, opération réalisée dans des conditions maximales de sécurité.
Dans le cadre du Festival mondial, à la salle Wilfrid Pelletier, concert donné à l’occasion du congrès des médecins de langue française, par l’Orchestre national de l’ORTF, sous la direction de Maurice Le Roux. Au programme, Debussy, Poulenc, Roussel et Messiaen, donc un festival de musique française contemporaine.
Et dans les kiosques de l’Expo, les groupes amateurs suivants : le Hopkins Academy Band, de Hadley, Massachusetts et le Baie d’Urfé Little Theatre, Québec, dans The Drunkard.
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Jour 154
Jeudi 28 septembre 1967 : Journée spéciale de la Biélorussie
Météo : temps couvert, 52 °F (11 °C) – 58 °F (14,4 °C)
114 637 visiteurs
La République socialiste soviétique de Biélorussie est située à la frontière de la Pologne. En cette Journée spéciale, la délégation est dirigée par monsieur Kisselev Tikhon Yakolévitch, président du Conseil des ministres.
À la Place des Nations, les tribunes trempées par une longue ondée matinale sont quasi désertes. Les quelques personnes présentes agitent des drapeaux miniatures. L’arène semble sans vie. Depuis cinq mois, elle n’entend s’affronter que la politesse des nations, elle qui rêve parfois de combats de gladiateurs ou, à la rigueur, de corridas. Tout à coup, elle frémit : des propos d’amphithéâtre, de stade, de tribune publique viennent de résonner dans l’air humide. Mais ils s’éteignent sans écho. L’intermède est de courte durée. Trempées, les colombes de la paix n’ont pas même bougé.
Dans l’après-midi, un spectacle gratuit est donné par les danseurs et chanteurs de l’opéra et les solistes de l’Orchestre philharmonique de la République de Biélorussie.
Les dirigeants de la Compagnie de l’Expo, croyant faire plaisir aux visiteurs, mettent à leur disposition six voitures traînées par des chevaux qui attendent en renâclant au stationnement Victoria. La foule les regarde avec curiosité et… se rue sur les Balades. C’est seulement après le départ de ces dernières que quelques personnes se dirigent à contrecoeur vers les attelages qui s’ébranlent en cahotant. Devant un pareil échec, ils ne feront qu’un seul voyage. Ce siècle est vraiment trop motorisé; il ne tolère plus les calèches ailleurs que dans les westerns ou aux endroits touristiquement catalogués comme romantiques.
On estime que la grève des transports à Montréal cause un million de dollars de perte de revenus à l’Expo.
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Au pavillon de l’Hospitalité, mademoiselle Bel Kaufman, auteure du livre à succès Up the Down Staircase, dont on a été tiré un film récemment, donne une causerie. Elle y raconte notamment des anecdotes vécues par elle ou dont elle a été témoin au cours de ses années d’expérience pédagogique.
À la salle Wilfrid Pelletier, l’Orchestre national de l’ORTF donne son dernier concert. Dirigé par Charles Münch, il interprète des oeuvres de Rameau, Bizet, Debussy et Roussel.
Dans les kiosques à musique de l’Expo, les groupes amateurs suivants : Our Lady of Mercy Choir, de St. John’s, Terre-Neuve et présentation de Ohé là-bas par La Société d’Art Dramatique d’Edmundston, Nouveau-Brunswick.
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Jour 155
Vendredi 29 septembre 1967 : Journée nationale du Togo
Météo : temps couvert/clair, 60 °F (15,5 °C) – 70 °F (21 °C)
134 127 visiteurs
Le Togo est l’un des pays présents à la Place d’Afrique. Sur les gradins de la Place des Nations, on retrouve ses costumes aux couleurs vives qui évoquent le soleil éclatant et la nature luxuriante d’une autre partie du globe : exotisme toujours séduisant aux yeux d’une foule nord-américaine. Monsieur Joachim Hunlede, ministre des Affaires étrangères de son pays et ex-ambassadeur auprès de la Communauté économique européenne agit comme hôte officiel. Dans son allocution, il ne cache pas que « l’indépendance est une lourde charge pour les États africains, car ils ont à faire face à de graves problèmes économiques ». Il espère néanmoins que ceux-ci finiront par être résolus « grâce à l’aide de pays de bonne volonté comme le Canada et d’autres ».
Le New Hampshire, après le Massachusetts, est le second État américain qui, bien que n’ayant pas de participation à l’Expo 67, y célèbre une Journée spéciale. Sa délégation, conduite par le gouverneur John W. King, est successivement reçue par les pavillons des États-Unis, du Québec et du Canada.
À la place de l’International Nickel, le ministre fédéral de l’Industrie, monsieur Drury, remet au commissaire général Dupuy, une plaque commémorant un nouveau trophée de l’Expo, à savoir le premier prix remporté par le pont de la Concorde, pour l’excellence de sa structure métallique, dans le concours organisé par le National Design Council, le Canadian Steel Industries Construction Council et le ministère de l’Industrie d’Ottawa.
À l’Auditorium Du Pont, madame Suzanne Lilar, de l’Académie royale de Belgique donne une conférence intitulée Deux amours de Rubens. Elle est l’auteure notamment des essais suivants : Le couple et À propos de Sartre et de l’amour.
Au pavillon de l’URSS, des spécialistes traitent de L’Union soviétique à l’heure actuelle. Il s’agit d’un débat ouvert au public.
À la Salle Wilfrid Pelletier, premier concert de l’Orchestre philharmonique de New York, dirigé par Léonard Bernstein, dans des oeuvres de Mahler et de Ives. Jeune, malgré 125 ans d’existence et dynamique à l’image de son chef, cet orchestre discipliné semble une machine aux rouages parfaitement réglés, en même temps qu’un être humain sensible et raffiné.
Dans les kiosques de l’Expo, les groupes amateurs suivants : le Baalbeck Festival et le Canadian Lebanese Festival ainsi que Dyan and Barbra, de Pointe-Claire.
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Jour 156
Samedi 30 septembre 1967 : Journée de l’OCDE
Météo : temps couvert, 56 °F (13,5 °C)
265 009 visiteurs
Journée spéciale de l’Organisation de coopération et de développement économiques. La foule n’est pas très dense à la Place des Nations. Au centre, on a disposé les drapeaux des 21 pays membres et des 3 pays associés. Au pied de chacun d’eux, se tient une hôtesse du pays. Dans le cas de pays non représentés à l’Expo, des hôtesses de l’Expo, habillées en bleu clair, ont joué ce rôle.
Monsieur Thorkil Kristensen, secrétaire général de l’Organisation, préside. Dans son allocution, le commissaire général Dupuy souligne l’importance de l’OCDE dans le concert des nations et se félicite de sa présence à l’Expo 67. Monsieur Kristensen répond en insistant sur le rôle du Canada au sein du monde moderne et sur les qualités de ses habitants qu’il trouve « tolérants et larges d’esprit ».
On s’amuse au pavillon mexicain. Le concours organisé par le Mexique et la Tunisie pour l’élection de Miss Hôtesse Expo 67 se termine. Les prix consistent en un séjour de 15 jours au Mexique et de nombreux produits artisanaux. L’élue est Johanna Woodman, de Grande-Bretagne. Vingt ans, coupe de cheveux à la twiggy, très délurée, elle personnifie sans doute, aux yeux du jury, une certaine jeunesse de Soho qui a introduit la minijupe dans les moeurs modernes. Cela explique qu’elle l’ait emporté sur ses consoeurs, dont les canons de beauté plus classiques n’en perpétuent pas moins l’éternel féminin.
Autre concours organisé par dix pavillons et ouvert aux jeunes de 8 à 25 ans. Cette fois, il s’agit de la francophonie. Plus de 20 000 questionnaires ont été remis et 708 concurrents restent en lice, après une première sélection. Les lauréats seront désignés le 10 octobre.
Un visiteur de marque, monsieur Horace King, président de la Chambre des Communes britannique.
Le pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, fidèle aux reconstitutions historiques dans le cadre du Centenaire, présente un défilé de mode intitulé Notre héritage canadien et également une exposition de jouets anciens, conservés par une certaine famille Coles depuis 1760.
Au Festival mondial, à la Salle Wilfrid Pelletier, deuxième et dernier concert de l’Orchestre philharmonique de New York, sous la direction de Léonard Bernstein. Au programme, Copland, Elgar et Beethoven.
Dans les kiosques de l’Expo, les groupes amateurs suivants : le Ralph Case Square Dance, de Washington, D.C.; le Capital District Square Dancers, de Schenectady, New York; le Sandy Formation Dancers, de Dartmouth, Nouvelle-Écosse; le Burnaby Rock; le Barrie Blacklite Dancers, de l’Ontario; le Square Abouts, d’Aylmer; Le Club Do-Si-La-Mont, de Hull; Les Joyeux Danseurs, d’Ormstown; le Shamrock Dancers, de Beaconsfield; Les Fantaisistes, de Saint-Paul d’Abbotsford; le Dorizhka and Barvinok Ukrainian Dancers, de Montréal; Les Farfadets, de Sainte-Thérèse de Blainville et le Poltava Dancers, de Montréal.
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