Une collaboration spéciale de Alex Lauzon, stagiaire à la Section des archives.
Aujourd’hui, nous vous présentons une brève histoire de l’influence déterminante des chemins de fer sur le paysage urbain de Montréal, qui continue d’être un des principaux centres ferroviaires du pays.
Élément central au processus d’industrialisation à Montréal, l’avènement du chemin de fer permet le transport des marchandises et des passagers sur de plus grandes distances que le transport maritime au Canada, ce qui favorise le développement de Montréal comme métropole économique. De surcroît, ce type de transport fonctionne toute l’année, comparativement aux voies navigables gelées durant la saison froide. En outre, le fleuve Saint-Laurent représente une barrière géographique entre Montréal et les rives et impose une logistique considérable pour acheminer les marchandises vers d’autres régions.
Les premiers chemins de fer
En 1836, le premier chemin de fer public est construit par la Champlain & St Lawrence Railroad entre Saint-Jean-sur-Richelieu et La Prairie afin de relier la région de Montréal et le port de New York. Ainsi, les marchandises peuvent être transbordées de Montréal au port de La Prairie et ensuite envoyées vers les États-Unis. Cette ligne de chemin de fer permet de gagner plusieurs journées de transport par rapport au réseau maritime par le Richelieu, entre autres. (Stéphane Tremblay, 2016, p. 16)
Onze ans plus tard, en 1847, un premier chemin de fer est construit sur l’île par la compagnie Montreal and Lachine Railroad Company. Ce nouveau service, desservant les voyageurs entre le centre-ville et Lachine inauguré à la gare Bonaventure, située sur la rue Saint-Jacques. Cette gare est ravagée par un incendie en 1948. En 1967, une nouvelle gare sera construite sous la Place-Bonaventure.
Un premier chemin de fer international, de Montréal à Portland
Montréal est ensuite reliée à Portland dans l’état du Maine en 1853 par la première ligne de chemin de fer internationale. Ce trajet est bâti par la compagnie Saint-Laurent and Atlantic Railroad, créée par des marchands montréalais (Tremblay, 2016, p.16). Cette ligne a l’avantage de donner un accès direct à un port atlantique. Selon ce nouveau système, ces marchandises sont acheminées du port de Montréal par un traversier jusqu’à la ligne de chemin de fer à Longueuil. La ligne passe ensuite par les Cantons de l’Est et se dirige jusqu’à Island Pond au Vermont pour se terminer à Portland sur la côte. a portion canadienne de ce chemin de fer sera ensuite achetée par la compagnie du Grand Tronc et est intégrée au réseau liant Montréal à Sarnia, un autre centre industriel en Ontario, en passant par Toronto.
La compagnie du Grand Tronc
Le Grand Tronc est à l’origine de la construction du premier pont ferroviaire traversant le fleuve Saint-Laurent : le pont Victoria. Réalisé entre 1854 et 1859, ce pont tubulaire est alors un exploit architectural et technologique : il serait le plus long pont ferroviaire au monde à cette époque. (Héritage Montréal, 2008). À la fin du 19e siècle, la structure tubulaire est remplacée par des poutres en treillis afin d’améliorer l’aération de la fumée au charbon qui s’avère néfaste pour la structure d’acier.
En 1856, le Grand Tronc installe à pointe Saint-Charles ses ateliers de fabrication et d’entretien de locomotives, qui deviendront les plus importants au Canada. En 1861, c’est le principal employeur de Montréal avec près de 2 000 employés. (Ville de Montréal, 2015, p.6). Le siège social, qui était auparavant situé à Londres en Angleterre, est transféré en 1902 sur la rue McGill. L’édifice est toujours présent au 360 rue McGill dans le Vieux-Montréal.
L’arrivée d’un nouveau joueur : le Canadien Pacifique
Tout comme le Grand Tronc, la compagnie montréalaise du Canadien Pacifique installe son siège social et ses ateliers à Montréal en 1903. Situées dans l’est, les usines Angus emploieront jusqu’à 5 000 personnes. (Laferrière et Lavallée, 1998, p. 11) Le siège social est quant à lui construit à la gare Windsor. Le premier départ sur le mythique chemin de fer transcontinental a lieu à la gare Dalhousie le 28 juin 1886. Plusieurs autres gares à l’architecture emblématique ayant appartenu au Canadien Pacifique existent encore aujourd’hui, incluant la gare Viger et la gare Jean-Talon.
Le tunnel sous le Mont-Royal
De 1912 à 1918, un autre symbole de l’histoire des chemins de fer à Montréal est en construction : le tunnel du Mont-Royal, conçu par la compagnie Canadien du Nord. Avec les installations du Canadien Pacifique à l’ouest de la montagne et l’impossibilité de construire un chemin de fer à l’est sans une coûteuse expropriation, l’entreprise opte pour la construction d’un passage directement dans la montagne pour concurrencer le Grand Tronc et le Canadien Pacifique au centre-ville. Afin de financer en partie ce projet ambitieux, les entrepreneurs décident de créer la cité modèle de Ville-Mont-Royal, qui assurera ainsi des revenus immobiliers. Bien que la construction du tunnel et de la gare Centrale soit réalisée, la compagnie souffre de profondes difficultés financières. (REM, 2018)
La nationalisation des chemins de fer
En effet, la construction de tels projets d’envergure nécessite énormément d’emprunts, provenant principalement de banques anglaises, mais la Première Guerre mondiale force l’arrêt de ces crédits. Cela mène à l’endettement de plusieurs compagnies, dont la compagnie Canadien du Nord et la compagnie Grand Tronc. Pour absorber ce déficit majeur, le gouvernement canadien nationalise l’ensemble des compagnies de chemin de fer canadiennes, à l’exception du Canadien Pacifique. Cette consolidation est à l’origine du Canadien National. (Via Rail, 2021)
Le déclin du transport ferroviaire au profit du transport automobile
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le réseau autoroutier s’impose comme mode de transport principal au détriment du trafic ferroviaire en Amérique du Nord. Un symbole de cette transition à Montréal est la destruction de la gare du Mile-End pour construire le viaduc Rosemont-Van Horne en 1970. Bien que l’importance du chemin de fer pour les voyageurs ait diminué depuis, celui-ci demeure très actif dans la ville, notamment pour le transport des marchandises. En témoignent les nombreux viaducs et les passerelles piétonnes aménagées pour faciliter les déplacements à travers la ville. Le son du passage des trains est d’ailleurs une des trames sonores typiques de la ville, après le son des clochers…et celui des chantiers de construction!
Pour consulter notre album de 60 photographies :
https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/albums/72157718977540387
Pour en savoir plus :
Les shop Angus : https://archivesdemontreal.com/2011/12/20/les-shops-angus-1952-extrait-du-livre-vivre-montreal-1920-1969/
La gare Viger : https://archivesdemontreal.com/2015/02/09/8061/
Le tunnel du mont Royal : https://archivesdemontreal.com/2014/01/27/le-tunnel-sous-le-mont-royal-1912/
Pour découvrir l’exposition réalisée par Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal avec la participation d’Exporail, le Musée ferroviaire canadien : https://pacmusee.qc.ca/fr/expositions/detail/train-transporteur-de-reves/
Bibliographie :
Ville de Montréal. (2015) Portrait du quartier de Pointe-Saint-Charles. 9 pages. https://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ARROND_SOU_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PORTRAIT%20DU%20QUARTIER%20DE%20POINTE-SAINT-CHARLES_2015-03-19_2_1.PDF
https://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ARROND_SOU_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PORTRAIT%20DU%20QUARTIER%20DE%20POINTE-SAINT-CHARLES_2015-03-19_2_1.PDF
Laferrière, S. & Vallée, B. (1998). De la prospérité à l’incertitude : les usines Angus à Rosemont. Cap-aux-Diamants,(54), 10–13.
REM. 2018. 100 ans d’histoire : les secrets du tunnel Mont-Royal. https://rem.info/fr/actualites/secrets-tunnel-mont-royal.
Tremblay, S. (2016). Le premier chemin de fer au Canada. Histoire Québec, 22(1), 15–17.
Bonjour!
Vers 1940, les travailleurs ferroviaires dormaient-ils à bord du train? Y avait-il des couchettes pour les employés?J’écris un roman où le personnage travaillait pour le CP Railway. Il ne revenait à Joliette qu’à la fin de la semaine.
Merci de me répondre.
Bonjour, les archives de la Ville de Montréal ne recensent malheureusement pas ces informations, vous pourriez contacter nos collègues d’Exporail : https://exporail.org/achf/service-aux-membres/nous-joindre/ Bonne continuation avec votre roman!
En quelle année à été construite la vieille gare abandonnée sur la rue Ste Catherine au coin Victoria à Westmount, quel était son nom et jusqu’à quelle année a-t-elle été opérationnelle?