Une collaboration spéciale de Francine Saint-Laurent, réalisatrice, journaliste et auteure.
Nul ne peut oublier Gaspard Petit, cet homme à la fois sympathique et pittoresque, qui était connu au début du siècle de tout Montréal. Certains l’avaient surnommé «l’homme aux chiens», car il se déplaçait toujours assis dans une voiturette, tirée par des chiens, et dont le tintement des grelots égayait tous les passants. S’il voyageait ainsi en si curieux équipage, c’est qu’un jour, à l’âge de huit ans, Gaspard Petit avait perdu une jambe dans un accident. L’âme à fleur de peau et le coeur généreux, il allait de rue en rue afin de mendier quelques sous; cela était l’unique façon qu’il avait de pourvoir non seulement à ses besoins, mais, en outre, à ceux de sa mère; une pauvre femme malade qui logeait seule dans une chambre minuscule, rue de la Visitation.
C’est ainsi que, par la force des choses, Gaspard Petit, dit Lauriot, devint amuseur public; il chantait des airs patriotiques dans les rues, aux sons de son gramophone à cornet. Au marché Saint-Antoine, quelques bouchers charitables lui jetaient parfois des restes de viande, lorsqu’il passait, pour que lui et ses chiens aient de quoi se nourrir. Toutefois, les bouchers n’avaient pas tous une âme si compatissante à l’endroit du jeune homme. En effet, un jour, Gaspard Petit, alors âgé de vingt ans, fut le témoin principal d’un drame qui fit la manchette de tous les grands quotidiens à l’époque. Pendant que Gaspard fredonnait comme d’habitude quelques mélodies connues, un boucher appelé Martineau, sentant l’alcool à plein nez et pris d’une colère soudaine, brisa les plaques de son gramophone à cornet en mille morceaux et le menaça de son long couteau. Afin de se défendre d’une mort certaine, Gaspard donna un bon coup de béquille sur la tête de son redoutable agresseur; Martineau devait succomber à ses blessures quelques jours plus tard. C’est ainsi que le gueux, les menottes aux poignets et la larme à l’oeil, fut conduit devant un juge d’instruction. Après quelques jours de délibération, le juge rendit finalement un verdict de non-culpabilité, et Gaspard Petit pu ainsi parcourir à nouveau les rues en toute liberté.
Plus populaire encore que Marie Scapulaire, Gaspard Petit gardera, durant de nombreuses années, son surnom de «l’homme aux chiens», chantant tantôt devant le Musée des horreurs sur la rue Saint-Laurent, tantôt devant les kiosques où l’on faisait griller des marrons en plein air, rue Sainte-Catherine. On raconte qu’un jour, faute de chiens, Gaspard Petit prit un bouc afin de l’atteler au timon de sa voiturette. Cet attelage fort insolite suscita davantage la curiosité de tous les passants.
Gaspard Petit était un itinérant; il dormait à la belle étoile, ou encore à la caserne de pompiers, les nuits où il faisait trop froid dehors. Poète à ses heures, il aimait répondre à ceux qui s’indignaient de le voir dormir dehors : « Mais, j’ai le plus beau plafond du monde!» Sa voiturette contenait toutes ses possessions : son gramophone à cornet, un crucifix et une chaufferette à l’huile. Vers la fin de sa vie, il traînait lui-même son «express», car le pauvre gueux n’avait même plus de quoi nourrir ses chiens.
En septembre 1924, Gaspard Petit s’est finalement résigné à suivre le bon conseil qu’on lui donnait de s’assurer un bon lit et trois repas par jour pendant l’hiver. Le 9 septembre, on le plaça dans un asile pour vieillard, et sa voiturette fut remisée dans la cour de l’établissement. Quelques jours plus tard, elle tomba sous la hache d’un démolisseur. Quant à Gaspard Petit, il finit ses jours à la retraite Saint-Benoît, un établissement pour personnes aliénées où séjourna également, quelques années auparavant, le poète Émile Nelligan. Gaspard Petit, cet amuseur public qui avait su réchauffer le coeur de tant d’enfants, connut la mort dans la solitude la plus totale. Il fut enterré dans une fosse commune, la seule personne présente à l’inhumation était… le fossoyeur.
I have been searching for what happened totwo members of my father’s family in Montreal, his uncle Gaspard Petit 1878-? and grandmother Marie (Castonguay) Petit, widow of Joseph. I have just seen your November posting and would like to know if you have more information if possibly this is our Gaspard. Two of his siblings would be in the USA at this time, one deceased & mother deceased about 1913-can’t find her listing.
I believe I have read another article and saw in the Canadian census in my searchings that this Gaspard actually did go to prison.
The family dit name was Petit dit Loriot or closely related to Lauriot as far as I can understand. I hope you may have the time to answer or have information for my help. You seem to have found some close facts. Thank you.
Edna Mae
Unfortunately, we don’t have so much information on Gaspard Petit. All the facts that we know about him are extract from newspapers. Here are links of articles about him available online, but be aware that they sometimes give contradictory informations! Hope it can help you in your research. Good luck!
https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/742565
https://www.banq.qc.ca/HighlightPdfWithJavascript/HighlightPdfWithJavascript?pdf=https://collections.banq.qc.ca/retrieve/4465605&page=9#navpanes=0&search=%22gaspard%20petit%22
https://www.banq.qc.ca/HighlightPdfWithJavascript/HighlightPdfWithJavascript?pdf=https://collections.banq.qc.ca/retrieve/4925167&page=8#navpanes=0&search=%22gaspard%20petit%22
Thank you for the links to the articles concerning Gaspard Petit. I just saw your reply on December 24 not having scrolled far enough down on the page.
I have a problem not being able to read the French printing and not finding how to translate online as I could with your Nov 2014 article on Gaspard. The first link is a large article and the librarian could not get it to print large enough to actually read. The second two links we could print so maybe can translate by typing the entire message online.
I want to find which asylum Gaspard went into where he died and the time of his death?? In my online searching the only insane asylum in Montreal area I could find was Longue Pointe and they did mass grave burials too.
Do you have the court records of Gaspard’s trial in your Archives??
I hope you may have time to reply to my inquiry. Thank you.
Edna Mae Holschuh
Hello,
Hope that you’ll find somebody to translate them for you. As written in the article, Gaspard Petit died at the asylum Saint-Benoit which has been integrated to the Saint-Jean-de-Dieu asylum in 1925. Today, Saint-Jean-de-Dieu is known as « Institut universitaire en santé mentale de Montréal ». It’s located in Longue Pointe. We don’t have the exact date of his death.
Finally, we don’t have court records here. They are kept at Bibliothèque et archives nationales du Québec ([email protected]).
Good luck,
Thank you for your recent reply. I will keep looking to find the information I am hoping for. You are doing a wonderful work for many people in the world.