Le 23 janvier 2006, la communauté irlandaise de Montréal perdait l’un de ses plus illustres représentants : Frank Hanley. Tour à tour boxeur, jockey, conseiller municipal et député, il a marqué la politique montréalaise durant les décennies 1940, 1950 et 1960.
Frank Hanley naît à Pointe Sainte-Charles le 5 février 1909. Membre de l’équipe de boxe de la St. Ann’s Boys School, il devient champion de boxe poids plume de Montréal et de la province de Québec en 1924. Il entreprend par la suite une carrière de jockey qui l’amène dans plusieurs états américains et même à Cuba. En 1940, Hanley est élu par acclamation conseiller municipal du district numéro 2. À nouveau élu par acclamation aux élections de 1942, 1944, 1947 et 1950, il ne fait face à l’électorat qu’en 1954 et l’emporte facilement. À la même époque, en 1948, il se fait élire député indépendant de Montréal-Sainte-Anne à l’Assemblée législative du Québec. Dès lors, en étant à la fois conseiller municipal et député, il règne sur le quartier Sainte-Anne.
Populiste, s’occupant personnellement de ses concitoyens, ses prises de position et ses actions en feront l’un des politiciens les plus colorés de son temps. En 1959, Hanley est expulsé de force du conseil municipal par la police à la suite d’une altercation avec le maire Sarto Fournier. L’année suivante, il fait la manchette à plusieurs reprises. En mars, il assome un député de l’Union nationale dans le lobby du château Frontenac à la suite d’une dispute; en août, il soutient qu’il y a plus de rats que de Montréalais et demande à l’administration municipale d’agir; et en novembre, il se rend à New York pour prononcer un discours en faveur du candidat démocrate à la présidence américaine, John F. Kennedy.
À plusieurs reprises, il se prononce pour la création d’une seule ville à l’échelle de l’île de Montréal. Devant un auditoire westmontais il affirme qu’«au moment où Toronto fait tous les efforts possibles pour remplacer Montréal…, il faut écarter nos différents et s’unir pour le progrès et la prospérité».
En 1970, il est battu dans son comté de Sainte-Anne par le libéral George Springate et ne se représente pas aux élections municipales d’octobre. Guy Fournier, dans l’une de ses chroniques de l’hebdomaire Perspectives, écrira : «La politique sans Hanley, c’est aussi inconcevable que les mitaines pas de pouces».