Le jeudi 13 septembre 1866, deux jeunes hommes au début de la vingtaine et un adolescent de 15 ans se noient dans le fleuve Saint-Laurent alors qu’ils naviguaient sur un voilier soumis à de forts vents. L’embarcation avait débuté sa trajectoire vers 10 h ce matin-là et passa à toute allure devant Longue-Pointe et Pointe-aux-Trembles. À deux milles en aval de ce dernier lieu, les apprentis navigateurs tentèrent d’accoster sur une des îles mais ils disparurent. On retrouva un aviron et le gouvernail tandis leurs casquettes furent projetées sur les berges. Leurs corps ne furent jamais localisés. Comme le souligne le quotidien Montreal Witness dans son édition du 18 septembre : «This should prove a lesson to all young men of the danger of sailing without competent parties to mange the sails, in our treacherous river».
L’un des disparus se nommait John Henry Barton, un jeune photographe prometteur.On connaît peu de choses de lui sinon qu’il est né le 17 novembre 1846 et qu’il est le fils de John Charles Barton, comptable pour la firme de vêtements Gibb & Co de Montréal. Son histoire serait probablement demeurée inconnue s’il n’avait créé à cette époque quelques photographies qui sont conservées aux archives de la Ville. En effet, vers 1864, John Henry Barton réalise au moins sept clichés de Montréal. Du sommet des tours de l’église Notre-Dame, il nous fait découvrir le port à la fois vers l’est et vers l’ouest. Sur la Place d’Armes et par la suite sur la rue Saint-Jacques, il photographie la Banque de Montréal et la Banque Molson. Il revient par la suite à l’est pour des prises de vue du Palais de justice et du Marché Bonsecours. Pour sa dernière image, il se rend sur l’île Sainte-Hélène et nous montre un campement militaire britannique. Ces images de type cartes de visite disparaissent jusqu’en 1940 alors que monsieur F.J. McClure, demeurant au 2078 Jeanne-Mance, les remet à l’archiviste municipal Conrad Archambault qui les dépose dans les chambres fortes de l’hôtel de ville. Les Montréalais conservent probablement encore chez eux des trésors de ce genre qui ne demandent qu’à être découverts et diffusés par les services d’archives montréalais.