L’aqueduc de Montréal aura 200 ans en 2005

Par Denys Chouinard

Vous avez soif ? Rien de plus simple. Quelques pas, on ouvre le robinet, on se sert et le tour est joué. À la maison, au travail, dans les lieux publics, la même facilité partout.

Pour les 8 000 habitants de Montréal en 1800, c’est autre chose. Tous les jours, ils doivent se rendre au puits ou au fleuve, ou encore faire appel aux porteurs d’eau ou recueillir l’eau en citerne lors des pluies et de la fonte des neiges. Ça n’est pas de tout repos…

Une véritable révolution technologique vient cependant à leur aide. À compter de 1805, la Compagnie des propriétaires des eaux de Montréal, fondée en 1801, entre en service et offre à ses 64 premiers abonnés de l’eau acheminée par des tuyaux. C’est un début.

La population de Montréal croît rapidement ; en 1840, elle passe à 40 000 personnes. Devant une telle augmentation, la Compagnie est incapable de répondre à la demande et déclare forfait. La Ville de Montréal l’achète en 1845 et planifie l’agrandissement de l’aqueduc. Elle n’aura toutefois pas le temps de le faire avant le Grand incendie de 1852 qui détruit 1 200 maisons et jette 9 000 personnes à la rue. Dans les quatre ans qui suivent, voulant éviter à tout jamais pareil drame, on construit un nouvel aqueduc qui désormais fournira l’eau nécessaire en toutes situations.

Toutefois la qualité de cette eau demeurera problématique pour plusieurs années. À maintes reprises, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, elle est la cause de la diphtérie qui touche tout particulièrement les jeunes enfants. Sous les pressions répétées de médecins éclairés qui le demandent depuis des années, Montréal entreprend enfin en 1910 d’ajouter du chlore à son eau. Les résultats ne se font pas attendre et la mortalité infantile diminue grandement. À la fin de la même décennie, en 1918, on améliore encore davantage la situation en installant un système de filtrage de l’eau. Dorénavant, l’eau distribuée aux Montréalais ne représentera plus de dangers.

Bureaux et ateliers de la Montreal Water Works, dessin de W. Buchanan, 1836. VM66/1836-1

Les décennies suivantes donnent lieu à la consolidation et au développement du réseau, compte tenu de l’augmentation constante de la population montréalaise. Jusqu’en 1927, on retrouvait sur l’île de Montréal à la fois un système d’aqueduc public et un système privé. Le deuxième appartenait à la Montreal Water and Power Company qui avait été fondée en 1891 et qui desservait sur l’île les municipalités voisines de la métropole. La Ville de Montréal municipalise la compagnie en 1927 et devient dorénavant le seul fournisseur d’eau sur son territoire.

De nos jours, l’approvisionnement en eau pour l’ensemble de l’île de Montréal est largement assuré, et ce depuis la mise en service en 1978 de l’usine de traitement Charles-J.-Des Baillets dans l’arrondissement LaSalle.

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