Par Denys Chouinard
Que sait-on de la vie des Montréalais durant la Crise des années trente, à la suite du Krach du 24 octobre 1929 ? D’abord les statistiques : en février 1934, on atteint 62 000 chômeurs à Montréal. Avec leurs familles, on parle de 242 000 personnes assistées sur une population d’un million d’habitants !
Heureusement qu’il y a la Ville de Montréal. Grâce à l’aide municipale, les chômeurs reçoivent d’abord une allocation pour les frais de nourriture, de chauffage, et un peu plus tard au cours de la décennie, pour le loyer et les soins médicaux. Ça ne paie pas tout, mais on survit.
Quant aux maris qui gardent leur emploi mais qui voient leur temps à l’ouvrage et leur salaire réduits, ils compensent par une seconde activité en dehors des heures normales de travail et ils comptent sur les emplois occasionnels de leurs épouses. Ces dernières composent avec le faible revenu familial : achat d’aliments peu coûteux et nourrissants telles les pommes de terre; vêtements d’occasion venant de parents, d’amis ou d’organismes de charité ; déménagement vers des loyers à meilleur coût ; familles qui cohabitent dans une même habitation.
Montréal fera tout pour aider sa population : multiplication des travaux de chômage, emprunts auprès des banques pour boucler son budget, appels à l’aide aux gouvernements fédéral et provincial, générosité exemplaire de son maire, Camillien Houde, qui donnera une large partie de son propre salaire aux démunis. On parviendra à passer au travers, la Seconde guerre mondiale favorisant la reprise de l’activité économique. Montréal paiera tout de même le prix de cette difficile période d’endettement. Elle sera mise sous tutelle pour quatre ans à compter de 1940. Il en découlera une prise en charge de l’aide sociale par les gouvernements d’Ottawa et de Québec, compte tenu de l’incapacité de la Ville de gérer à elle seule des situations aussi dramatiques.
Au bout du compte, on peut dire que la décennie 1930 aura été celle d’une crise profonde dont les séquelles sont encore inscrites de nos jours dans l’imaginaire collectif. En d’autres mots, on s’en est remis, mais on n’oublie pas…