Une collaboration spéciale d’Yves Jasmin, directeur de l’Information, de la Publicité et des Relations publiques d’Expo 67 de mars 1964 à janvier 1968.
Projet de réédition initialement commandé à M. Jasmin par M. Michel Dumas, président de la Fondation Expo 67 de 2010 à 2015, sous la direction soutenue de M. Luc Beauchemin, designer et chercheur en patrimoine moderne. Complété avec la précieuse contribution de Mme Huguette Dussault, professeur d’histoire, pour la révision des textes français, et celle de Mme Diana Thébaud-Nicholson, consultante en communications, pour la révision anglaise.
L’animateur Ed Sullivan vous convie à Expo 67!
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Jour 157
Dimanche 1er octobre 1967
Météo : temps couvert, 52 °F (11 °C)
264 112 visiteurs
Élue « Miss Hôtesse Expo 67 » parmi trente-deux concurrentes, mademoiselle Joanna Woodman est hôtesse au pavillon de la Grande-Bretagne. Le concours, sous les auspices des pavillons de la Tunisie et du Mexique, a remporté un très grand succès. Répondant aux questions du jury, mademoiselle Woodman s’exclama que « le Canada est un pays si grand qu’on peut marcher trois milles sans rencontrer personne ». Parions que ça ne lui arrivera pas, car les journaux et la télévision se sont vite empressés de la rendre célèbre. Joanna ne se contente pas de parler la langue de Shakespeare, elle connaît aussi celle de Molière et la parle très joliment.
Le voilier-école danois Danmarka quitte le quai Mark-Drouin toutes voiles dehors, après une visite de courtoisie d’une semaine.
Les artistes de la Biélorussie donnent un concert au pavillon de l’URSS.
À compter d’aujourd’hui et jusqu’au 15 octobre, à l’Auditorium Du Pont, l’Office national du film et la Cinémathèque canadienne commanditent une rétrospective du cinéma canadien.
Au pavillon de la Jeunesse, le Cinéma-minuit inaugure une semaine de cinéma mexicain avec le film El Angel Exterminador, de Luis Buñuel. Au Cinéma-théâtre du même pavillon, le Crest Hour Theatre présente Living Literature et, en fin d’après-midi, Steve Gilette chante au Café dansant, suivi de The Gap avec de la musique psychédélique.
Plus de 360 membres de la Scala de Milan sont descendus à Dorval aujourd’hui. Trois avions d’Alitalia ont été affrétés pour le transport de ces artistes qui donneront une série de représentations à la Place des Arts dans le cadre du Festival mondial.
À la salle Wilfrid Pelletier, l’Orchestre philharmonique de Tchécoslovaquie, dirigé par Karel Ancerl, présente des poèmes symphoniques, dont Ma Patrie de Bedrich Smetana.
Les groupes amateurs suivants ont charmé nos visiteurs dans les kiosques de fanfare de l’Expo : le Michigan State University Glee Club, du Michigan; le Sandy Formation Dancers et le Ralph Case Square Dancers, tous deux de Washington D.C.; Sues and Ques Square Dance Club, de la Nouvelle-Écosse; le Barrie Blacklite Dancers, de l’Ontario; le Square Abouts, d’Aylmer et le Shamrock Dancers, de Beaconsfield, Québec.
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Jour 158
Lundi 2 octobre 1967
Météo : temps clair, 51 °F (10,5 °C) – 59 °F (15 °C)
129 707 visiteurs
Les Torontois ont de l’imagination quand il s’agit de l’avenir de l’Expo. C.D. Vaughan, architecte, rêve de transformer l’Expo en ville-pilote où l’on procéderait à des expériences en urbanisme. Il propose même d’y fonder un institut international de culture et de technologie en reliant le Katimavik du pavillon canadien au dôme américain par une très longue passerelle.
Dans un geste d’amitié envers leurs consoeurs de Terre des Hommes, les hôtesses officielles de l’Expo accueillent au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, les hôtesses des pavillons des pays participants. Les situations cocasses que les unes et les autres ont racontées auraient pu faire l’objet d’une excellente comédie si on avait pensé à les enregistrer.
Au pavillon de l’Inde, on inaugure une semaine consacrée au Père de la Nation, le mahatma Gandhi, né le 2 octobre l869. Ces manifestations se déroulent en présence du commissaire Raghbir Dayal : exposition d’oeuvres littéraires et artisanales de Gandhi, film illustrant les principales étapes de sa carrière politique, disques reproduisant sa voix et spectacles où des hôtesses interprètent les chants et les poèmes préférés de Gandhi.
À l’Auditorium Du Pont, dans le cadre des conférences Noranda, le professeur Louis Armand, ingénieur français et membre de l’Académie française a entretenu son auditoire de la diffusion de la connaissance technique comme facteur de progrès.
Monsieur Philippe de Gaspé Beaubien, directeur de l’Exploitation à l’Expo, est devenu membre de l’Ordre des Bons Hôtes. Cet ordre gastronomique serait le plus ancien en Amérique du Nord, fondé par Champlain lui-même au XVIIe siècle, à Port-Royal.
Au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, on peut admirer ces jours-ci une collection de jouets conservés depuis 1750 dans la famille de madame G.B. Dorey.
Au pavillon de la Jeunesse, pour la semaine mexicaine, le Cinéma-minuit présente le film de Salvador Toscano Memorias de un Mexico.
Dans le cadre du Festival mondial, au théâtre Maisonneuve, la Compagnie Charlottetown Festival présente, aujourd’hui et jusqu’au 7 octobre, la comédie musicale Anne of Green Gables.
En première nord-américaine, le Théâtre national de Grèce, présente à l’Expo Théâtre une oeuvre d’Eschyle, Agamemnon [jusqu’au 9 octobre].
Les groupes amateurs suivants sont présents dans les kiosques de l’Expo : le Eastdale Concert Band et le Stratford Festival City Rythm Band, tous deux de l’Ontario et Les Chanteurs de la Place Bourget, de Joliette, Québec.
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Jour 159
Mardi 3 octobre 1967 : Journée nationale de la Norvège
Météo : temps clair/couvert, 62 °F (16,3 °C) – 68 °F (20 °C)
143 578 visiteurs
Pour cette Journée nationale de la Norvège, le ciel montréalais se voile d’une légère brume pour accueillir un pays qui, lui aussi, connaît les longs hivers enneigés. L’hôte officiel est le prince héritier Harald, marin par vocation. À la Place des Nations, le commissaire général Dupuy, qui pendant la guerre représentait le Canada auprès du gouvernement norvégien en exil à Londres, évoque le camp de Toronto où les pilotes norvégiens s’entraînaient avant d’aller rejoindre les rangs de la Royal Air Force. Le prince se souvient d’y être allé dans son enfance si bien qu’aujourd’hui il a l’impression de « se sentir presque chez lui comme s’il rendait visite à un lointain parent».
En sortant du pavillon scandinave, le prince Harald se rend au pavillon thématique L’Homme et les Régions polaires. Sur son passage, la foule se presse et agite de petits drapeaux. Quelques jeunes garçons portent le costume national. Plus tard, au cours de la journée, on lui présente Dale Rediker, directeur des Finances et de l’Administration de l’Expo 67. Rediker était à bord du premier bombardier allié chargé de vivres qui atterrit sur le territoire libéré de la Norvège, alors au bord de la famine.
À l’occasion de cette journée, le pavillon de la Jeunesse présente au Cinéma-midi des oeuvres de réalisateurs norvégiens.
Au pavillon soviétique, conférence du docteur A. Borodaevsky : L’Union soviétique à l’heure actuelle.
Au pavillon japonais, démonstration d’arrangements de fleurs, méthode ikebana.
On inaugure un service d’autobus : Laval-Expo permet aux résidents du nord de Montréal de profiter des derniers jours de l’Exposition. En outre, huit Balades prêtées par la foire nationale de Toronto arrivent aussi en renfort. La grève a ses bons côtés, elle fait naître l’esprit de collaboration.
Depuis son lancement, il y a quatre ans, le voilier Bluenose II a accueilli à son bord un million de personnes. Ce chiffre est atteint à l’Expo lorsque monsieur John May, de London, Ontario monte à bord. Le Commandant Ellsworth Coggins remet divers cadeaux à monsieur et à madame May.
Les groupes amateurs suivants se produisent dans les kiosques à musique : le Southern Oregon College Choraliers, d’Ashland; le Skylarks, de Montréal-Nord et le Montreal Junior Symphony Orchestra.
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Jour 160
Mercredi 4 octobre 1967 : Journée nationale du Ghana
Météo : temps clair, 47 °F (8,5 °C) – 59 °C (18 °C)
136 399 visiteurs
Le Ghana s’est certainement fait beaucoup d’amis au cours de cette journée à l’Expo 67. Couleurs vives des costumes et distribution libérale de chocolat chaud ont tôt fait de conquérir la foule. Le Lieutenant-Général Joseph-Arthur Ankrah, président du Conseil de la libération nationale, vêtu d’une toge jaune mouchetée de vert et de noir conduit la délégation officielle. Vivement frappé par « la grandeur et la magnificence de l’Expo 67 », il forme le voeu que « cette coopération internationale d’un caractère particulier inspire d’aussi grandes réalisations dans d’autres sphères de l’activité humaine ».
Au pavillon Hélène-de-Champlain, un dîner de gala soigneusement préparé sous la direction de madame Barbara Baeta, d’Accra, offre aux convives des mets européens accommodés aux saveurs exotiques. Le Ghana, qui cherche à exporter ses étoffes, profite de la circonstance pour les présenter en mettant en valeur l’harmonie des couleurs, la variété des dessins et la qualité des tissages. Quelques modèles de coupe européenne en montrent les possibilités d’adaptation, mais la minijupe est exclue! « La femme doit rester très féminine », déclare l’organisatrice; selon elle, « être élégante n’est pas seulement un plaisir, c’est aussi un devoir ». Des ghanéennes aux lignes sculpturales circulent parmi les convives. Elles sont vêtues de robes dont chaque motif comporte une signification et transmet une sorte de message personnel, aussi clair qu’un discours… pour les initiés.
Le cosmonaute Youri Gagarine vous convie à Expo 67!
Un attelage de 22 mules traînant deux chariots attend de bon matin devant le pavillon de la Presse. Quelques chevaux caracolant, quelques cowboys hirsutes, mais désarmés, l’attelage paraît plutôt fatigué, et pour cause : il arrive de Death Valley, Californie. Une expédition de quelque 3 000 milles, qui a pris plus dix-sept mois, et coûté quelques 250 000 $. Monsieur Robert Shaw se coiffe d’un chapeau texan, escalade le chariot, s’empare des rênes. La mule de tête, probablement sollicitée par son maître, se met en marche vers l’Autostade, entraînant toute sa suite. Pour peu, on verrait surgir des rives embrumées du Saint-Laurent, un personnage hostile.
Pendant ce temps, deux chasseurs montréalais à l’affut du canard sont embusqués derrière le pavillon du Japon! Mais, la chasse est interdite sur le site de l’Expo. Délogés par la police, ils écopent d’une amende.
Au pavillon de l’URSS, le Dr Titenkov donne une conférence intitulée Dix ans depuis le lancement du premier Spoutnik soviétique. Il rappelle les principales étapes de l’exploration du cosmos par les États-Unis et par l’Union soviétique, les premières photos de la lune et l’utilisation des récents satellites de communication.
Relâche au Festival mondial, à l’exception du théâtre Maisonneuve qui offre une troisième représentation de Anne of Green Gables, par la Compagnie Charlottetown Festival.
Dans les kiosques à musique, les groupes amateurs suivants : le Killmen Drum and Bugle Corps, de Hynantskill et le Florida A and M Verse Choir; le Kingsway College Concert Band, d’Oshawa, Ontario et le Grafton High School Jazz Band, de Montréal.
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Jour 161
Jeudi, 5 Octobre 1967 Journée nationale de l’Algérie
Météo : temps couvert-clair, 53 °F (11,5 °C) – 54 °F (12 °C)
144 328 visiteurs
C’est la première fois que l’Algérie participe à une Exposition universelle et internationale. À la Place des Nations, monsieur Nourredine Delleci, ministre du Commerce, rappelle que la prochaine conférence des pays en voie de développement aura lieu sur le territoire algérien. « L’Expo aura atteint ses vrais objectifs, dit-il, si elle incite à un plus juste partage des richesses entre les peuples ».
Avec les quarante-trois exécutants de l’ensemble national algérien, les vents du Sahara pénètrent dans l’arène. Les tambours roulent, les manteaux rouges tourbillonnent. Les danses masculines, d’inspiration guerrière, rappellent des combats à cheval et les poursuites dans les dunes. Celles des femmes contrastent par leur expression langoureuse. Le voile qui couvre leur visage entretient le mystère. Les costumes sont splendides. Cette chorégraphie sera reprise ce soir, au théâtre Port-Royal.
À 9 h, le Bluenose II, navire hôte de l ‘Expo, quitte le quai Mark-Drouin pour retourner à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, son port d’attache. La foule et plusieurs administrateurs de l’Expo le regardent s’éloigner avec mélancolie. Le gracieux voilier, réplique exacte du célèbre ketch de la Nouvelle-Écosse, a été le cadre d’environ soixante réceptions. Il a accueilli les commandants de nombreux bâtiments battant les pavillons de 23 pays participants à l’Expo. Avec son départ on ne peut s’empêcher de penser que l’Expo touche à sa fin.
Au pavillon de l’URSS, conférence du professeur I. Poutchkov, intitulée Cinquante ans d’économie soviétique.
Au pavillon de l’Allemagne, Gerhard Lenssen, le seul artiste au monde à interpréter à lui seul tous les rôles d’un opéra, donne sa quatrième et dernière représentation de l’opéra de Carl Orff, Le roi et la jeune fille habile.
Au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, le guitariste québécois, Éric Nico, fait vibrer les cordes de son instrument sur les airs de plusieurs pays.
À la salle Wilfrid Pelletier, première nord-américaine de la Scala de Milan dans Il Trovatore, en présence de S.E. Roland Michener, gouverneur général du Canada et de l’ambassadeur d’Italie à Ottawa. Les bénéfices de la représentation iront au Ballet national du Canada.
À l’Expo Théâtre, Oedipe à Colone , de Sophocle, interprété par le Théâtre national de Grèce, sous la direction d’Alexis Minotis. Remarquable représentation d’une œuvre, écrite il y a près plus de trois siècles, qui traite du thème éternel de l’homme prisonnier de son destin.
Et dans les kiosques à musique de l’Expo : le Vikettes et le Hampton Lions Jug Band, de l’État de Virginie ainsi que le Eastwood Collegiate Concert Band, de Kitchener, Ontario.
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Jour 162
Vendredi 6 octobre 1967 : Journée spéciale de Calgary
Météo : temps couvert/clair, 43 °F (6 °C) – 40 °F (4,5 °C)
167 711 visiteurs
Le chanteur Maurice Chevalier vous convie à Expo 67!
Avec cette Journée de la ville de Calgary, se poursuit l’ « invasion » de l’Expo par l’Ouest, annoncée il y a deux jours avec l’arrivée des mules de Californie. Cette fois, l’action rappelle les exploits cinématographiques des cowboys et des indiens.
À la Place des Nations, devant une foule dont l’enthousiasme n’est pas été ralenti par le froid, le maire de Calgary, monsieur J.C. Lesile et le sénateur Harry W. Hays, organisateur du Stampede annuel soulignent que la plupart des activités de la journée sont d’initiative privée et que les citoyens de cette ville en sont les meilleurs ambassadeurs.
Dans l’après-midi, la fête populaire bat son plein. Des majorettes exécutent de brillantes démonstrations suivies de fanfares et de danses carrées. La foule tape des mains en cadence, rêve de devenir citoyens honoraires à vie de Calgary et prend d’assaut un chariot où l’on distribue des gâteries.
Madame Jacqueline Kennedy arrive à l’Expo pour une visite non officielle de deux jours. Elle commence son périple par le pavillon de Tchécoslovaquie.
Au pavillon de l’Administration et de la Presse, présentation en primeur aux journalistes d’un film de 17 minutes en couleurs sur l’Expo 67, Explore Expo, réalisé par les Films Crawley pour l’Aluminium du Canada. [Ce film, sans texte, reste un des plus charmants témoignages sur l’Expo et est toujours offert par Alcan, sans frais.]
Deux étudiants en droit de l’Université de Victoria arrivent en canoë au port Sainte-Hélène. Ils sont partis de Taylor, Colombie-Britannique le 3 juin 1966 et ont dû surmonter de nombreuses épreuves au cours de leur parcours de 4 000 milles. Une expédition qui leur fait perdre quand même une année d’étude.
Au pavillon de la Jeunesse, le yogi hypnotiseur Yvon Yva donne une conférence illustrée de démonstrations. Il invite les volontaires à se laisser hypnotiser et percer d’épingles. Garanti sans douleur!
Arrivée au quai Mark-Drouin du contre-torpilleur canadien Fraser.
À l’Autostade, première représentation du Grand Rodéo de l’Ouest, réalisé par Herman Linder.
Dans les kiosques à musique, les groupes amateurs suivants : le West Genesee Senior High School Band et le Essex Junction Senior Band, du Vermont; le Missing Links, de Natik, Massachusetts et le Abbey Tavern Singers, de Toronto.
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Jour 163
Samedi 7 octobre 1967 : Journée spéciale de l’Alberta
Météo : temps clair 39 °F (4 °C) – 42 °F (5,5 °C)
317 481 visiteurs
Un tour complet d’Expo 67 en 53 minutes!
Parade monstre dans les rues de Montréal, organisée par les groupes de Calgary et d’Edmonton, depuis le parc Lafontaine jusqu’à l’Expo. Le plus excitant spectacle de l’Ouest jamais présenté à l’extérieur. De nombreux figurants : deux cents cavaliers, cowboys, filles de l’Ouest, clowns du rodéo, Indiens des quatre tribus Sarcees, Blackfoot, Stonys et Peigants aux costumes pittoresques; soixante calèches d’époque dans lesquelles ont pris place monsieur Manning, premier ministre de l’Alberta, le commissaire général, monsieur Dupuy, le maire Drapeau, les maires des villes de Calgary et d’Edmonton et autres personnalités et, enfin, les vingt mules de Californie tirant leurs chariots.
Le cortège, suivi de fanfares et entouré par la foule, fait une entrée triomphale à la Place d’Accueil. Après la cérémonie officielle à la Place des Nations, les réjouissances populaires battent leur plein et se poursuivent dans l’après-midi au son des fanfares de cornemuses, des danses indiennes et des danses carrées.
Un accident, le premier d’une certaine importance depuis l’ouverture de l’Expo, fait onze blessés, dont un seul reste sous surveillance médicale. Dans l’une des Balades, plusieurs voitures se sont détachées subitement de la motrice et ont roulé vers la foule dense où elles ont heurté des piétons.
Au pavillon soviétique, monsieur Krougly parle des syndicats soviétiques.
À l’Auditorium Du Pont, le Dr. J.G. Kaplan, de l’Université d’Ottawa, traite de la biochimie.
Au pavillon du Canada, la célèbre soprano Pierrette Alarie donne un récital. Au programme, des oeuvres de Haydn, Richard Strauss, Claude Debussy et Jean Papineau-Couture.
La Scala de Milan présente, à la salle Wilfrid Pelletier, l’opéra I Capuleti i Montecchie, de Bellini.
Au théâtre Port-Royal, festival de musique de chambre par le jeune pianiste allemand, Christoph Eschenbach dans des oeuvres de Bach, Mozart et Beethoven.
Dans les kiosques à musique, les groupes amateurs suivants : le Colbyettes, de Masterville, Maine; le G.M. Male Chorus, d’Oshawa; le Mood, de Simcoe, le St. Catherine’s Symphony Orchestra, le Stars of Tomorrow et le Bulgarian Rendez-Vous, tous de l’Ontario; Le Troisième Feu Rabboni et Les Ménestrels de Jacques-Cartier, tous deux de Ville Jacques-Cartier; le Gruppo Folkloristico Friulano et le Lithuanian Student Ensemble, de Montréal.
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Jour 164
Dimanche 8 octobre 1967 : Journée spéciale d’Edmonton
Météo : temps couvert, 41 °F (5 °C) – 46 °F (8 °C)
340 641 visiteurs
C’est l’affluence la plus considérable, depuis le début de la grève des transports en commun. Un visiteur du Nouveau-Brunswick avoue être fortement impressionné par la patience et l’endurance des Montréalais que ni la carence des autobus ni les queues interminables aux pavillons n’arrivent à rebuter. Il faut voir en effet la patience dont tous font preuve devant l’embouteillage monstre à la Place d’Accueil.
Le 8 octobre est la Journée spéciale de la Ville d’Edmonton. Sur la Place d’Accueil, un spectacle typiquement « edmontois », avec la participation du groupe Tailgate Jazz Band, l’orchestre de Harry Boon et les danseurs du groupe Klondike Kate : Norma Chapman, Buddy Victor, Dalt Elton, Johnny Kerr, Karol Alexander dans le ballet The Golden Garter Saloon Girls, un spectacle dans la plus pure tradition western.
Un petit bonhomme de quinze mois, Stéphane Rivard franchit la barrière de l’Expo. L’événement n’a rien de particulier en soi sinon qu’il est le 45 millionième visiteur à l’Expo. Il est accompagné de ses parents, bien sûr, auxquels on remet une obligation d’Épargne du Canada de 100 $, à l’ordre du petit Stéphane, qui en encaissera le double quand il aura 14 ans. Le père, Jacques Rivard enseigne le français et les mathématiques à l’école James Lyng, de Montréal. À noter qu’ayant visité l’Expo à une vingtaine de reprises, c’était la toute première fois que les Rivard avaient amené leur fils.
Deux grandes dames, des plus universellement connues, ont honoré l’Expo de leur visite : madame Jacqueline Kennedy, veuve du président américain et la princesse Margaret d’Angleterre, accompagnée de son mari Lord Snowdon. Leur sourire n’a pas réussi à dissiper l’agacement de tous ceux qui font la queue et ne prisent guère d’attendre pendant que ces personnalités ont priorité pour la visite de certains pavillons. Mais en bonnes diplomates elles feignent de ne rien voir et la foule, bon enfant, les acclame à leur sortie. Au passage, madame Kennedy fait même un petit discours improvisé lors d’une halte, au ravissement de tous.
À l’Auditorium Du Pont, on présente une anticipation de la Ville de Montréal de l’an 2 000. Le plan fait l’objet de discussions fort animées.
Au théâtre Port-Royal, les Solistes de Prague interprètent avec un art consommé des oeuvres de Haendel, Bach, Teleman, Kalatis et Mozart.
Groupes d’amateurs dans les kiosques de l’Expo : le Franklin School Treble Ensemble, de Mount Airy, Caroline du Nord; le Minnesota Over 60 Band, de Le Sueur; le Palisades High School Jazz Band, de Kintnersville, Pennsylvanie; le Claymont High School Band, du Delaware; le East York Precionnettes, de Toronto; le Lithuanian Student Ensemble et le Mood, de Simcoe, Ontario; Les Variétés Canadiennes, de St-Hyacinthe; Le Choeur Hamazking, Le Troisième Feu Rabboni et Les Ménestrels, de Ville Jacques-Cartier et Le Cantabile, de Montréal.
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Jour 165
Lundi 9 octobre 1967
Météo : pluie/couvert, 57 °F (14 °C) – 58 °F (14,4 °C)
227 966 visiteurs
Le 9 octobre étant le jour de l’Action de Grâces, des cérémonies ont lieu à la Place des Nations pour remercier le Conseil des clubs philanthropiques pour leur inestimable appui à l’Expo. Ces clubs ont amené à l’Expo cinquante mille enfants, pauvres et physiquement handicapés. Monsieur Julius Briskin, président du Conseil des clubs, a prononcé une allocution dans laquelle il a affirmé en termes émouvants que l’Exposition était « un message péremptoire et catégorique envoyé aux cyniques, aux destructeurs et aux mécréants ».
De son côté, le commissaire général de l’Expo a félicité les clubs sociaux pour leur geste envers l’Expo et pour leur contribution caritative en général. Il a aussi félicité toute la population de Montréal, en ajoutant toutefois: « Mais je regrette d’avoir à dire qu’un certain nombre n’ont pas réalisé que le monde entier nous regarde. Une minorité peut porter atteinte à la réputation du pays pour des générations à venir », faisant une allusion directe à la grève des transports de Montréal.
Le Conseil des clubs a amené aujourd’hui 5 000 enfants de Montréal et de Sherbrooke à l’Expo où ils ont cassé la croûte et assisté à divers spectacles et notamment celui des Majorettes du Plateau Mont-Royal dont l’uniforme orange et blanc a fait sensation. Après ce groupe ont suivi les Ménestrels de Jacques-Cartier, six garçons âgés de 8 à 12 ans qui ont amusé le public avec leurs imitations des Beatles. Un de ces garçons a embrassé madame Robert Shaw, épouse du sous-commissaire général de l’Expo, geste répété par les autres petits Ménestrels, aux applaudissements enthousiastes de l’assistance.
L’Exposition reçoit la visite de Lynda Bird Johnson, fille du président des États-Unis. Elle a fait le tour du pavillon américain qui l’a vivement impressionnée.
La princesse Margaret et son mari Lord Snowdon, continuent leurs visites privées à l’Expo. Le pavillon de la Tchécoslovaquie ferme ses portes pour les accueillir en exclusivité. Mais le public qui fait la queue patiemment depuis trois heures manifeste sa désapprobation.
Le commissaire général de l’Expo a mis en garde le public contre la tentation d’emporter des souvenirs de l’Expo. Cela pourrait, dit-il, porter un sérieux préjudice au renom du pays.
Dans le cadre du Festival mondial, la Scala de Milan a présenté l’opéra de Verdi Nabucco, à la salle Wilfrid Pelletier.
Le Théâtre national de Grèce a joué à l’Expo Théâtre la comédie d’Aristophane Plutus, traduite en grec moderne.
Les groupes d’amateurs suivants ont joué dans les kiosques de l’Expo : le Easton Senior High School Band, du Maryland; le Binghamston Youth Symphony Orchestra, de New York; le GM Male Chorus, d’Oshawa, Ontario; Les Chanteurs de la Place Bourget, de Joliette et Les Sentinelles de Jacques-Cartier, Québec.
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Jour 166
Mardi 10 octobre 1967 : Journée nationale de la Chine (Taïwan)
Météo : pluie/couvert, 48 °F (9 °C) – 50 °C (10 °C)
97 870 visiteurs
Triste record [qu’on n’a pu constater qu’à la fin de l’Expo]. Aujourd’hui c’est la fréquentation la plus faible des 185 jours de l’Expo. Cela s’explique par la pluie, le froid et par la conférence de presse du maire de Montréal confirmant la rumeur selon laquelle il désire assurer la survie « de cette importante manifestation, dans l’intérêt à la fois du Canada, du Québec, de la Ville de Montréal et de l’humanité toute entière. Certains pavillons, ajoute monsieur Drapeau pourront rester ouverts en permanence, ainsi que les éléments d’exposition qui les peuplent, alors que d’autres sont, de par leur destination primitive, voués à la disparition ». Le maire conserve son bel optimisme, la foi pouvant transporter les montagnes.
Le Général Chiang Kai-shek, président de la République de Chine (Taïwan) a délégué le vice-premier ministre Shao-Kuo Hang pour présider aux cérémonies d’usage. Mais il pleut à torrents ce qui contraint dignitaires et public à se réfugier à l’Expo Théâtre. Dans son allocution, monsieur Shao-Kuo Hang souligne la ferme détermination du peuple chinois de s’atteler avec vigueur à la reconstruction de son pays, ajoutant que Terre des Hommes constitue pour Taïwan un stimulant pour sa reconstruction. Quant aux danseurs et musiciens chinois, ils doivent, eux aussi, se réfugier dans un des kiosques de l’île Sainte-Hélène, où ils se produisent devant un public enthousiaste.
Une très intéressante présentation à l’Auditorium Du Pont attire de nombreux visiteurs : il s’agit du plan témoin de Montréal en l’an 2 000. Également là, deux conférences sur le charme de la femme par madame Doris Reardon, spécialiste des questions féminines.
Les groupes d’amateurs présents aux kiosques de l’Expo sont : le Naugatuck High School Band, du Connecticut; le Chicago’s Children Choir, de l’Illinois; le Easton High School Band, du Maryland et le Salvation Army Vancouver Temple Band, de Colombie-Britannique.
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Jour 167
Mercredi 11 octobre 1967 : Journée spéciale des provinces atlantiques
Météo : temps couvert, 54 °F (12 °C) – 51 °F (11 °C)
131 455 visiteurs
Le cérémonial entourant cette journée se déroule selon un protocole inédit. De par le caractère collectif du pavillon des provinces atlantiques, se sont retrouvés sur la Place des Nations plusieurs premiers ministres, messieurs Louis Robichaud, du Nouveau-Brunswick, Alec Campbell, de l’Île-du-Prince-Édouard et Joseph Smallwood, de Terre-Neuve ainsi qu’un ministre du Commerce et de l’Industrie de la Nouvelle-Écosse, monsieur W.S.K. Jones, également commissaire du pavillon des provinces atlantiques.
Dans son allocution, monsieur Jones rappelle que la participation des provinces de l’Atlantique à l’Expo est le premier grand effort de coopération déployé par celles-ci et susceptible de conduire à une collaboration encore plus grande à l’avenir. Cela, a-t-il ajouté, est nécessaire si ces régions veulent jouir de tous les avantages de la vie canadienne.
Mais ce qu’il y a de tout particulier dans cette fête, c’est le lancement, en après-midi, au lac des Régates, de la goélette Atlantica, dont la marraine est madame Jean Drapeau, épouse du maire de Montréal. Monsieur Jones a remis une médaille d’or commémorative et une coupe d’argent à madame Drapeau. Cette même médaille a été également remise aux premiers ministres présents et une médaille d’argent au Vice-Amiral H.F. Pullen, sous-commissaire du pavillon et à son adjoint, monsieur Robert Pichette. La goélette Atlantica, construite pendant l’Expo, en plein air devant le pavillon, est maintenant offerte au plus fort enchérisseur.
Au pavillon du Japon, les experts en arrangements floraux selon la vieille tradition dite ikebana continuent leur démonstration hebdomadaire.
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Jour 168
Jeudi 12 octobre 1967 : Journée nationale du Nigéria
Météo : temps couvert, 44 °F (6,5 °C) – 47 °F (8,5 °C)
144 896 visiteurs
À l’occasion de la Journée nationale du Nigeria, le commissaire général Pierre Dupuy a accueilli à la Place des Nations le Contre-Amiral Joseph Abet Akinwale Wey, commandant de la Marine du Nigeria et membre du Conseil suprême fédéral, représentant du Major Général Yakubu Gowon, Chef d’état-major de la Fédération du Nigeria.
L’ensemble culturel du Nigeria, qui se compose de 45 danseurs, acrobates et musiciens, a particulièrement impressionné les visiteurs. Parmi tous les groupes folkloriques africains qui ont défilé à l’Expo 67, cette troupe est certainement l’une de celles qui représentent le mieux le coeur même de l’Afrique.
Le président de la République du Niger, Hamani Diori, et son épouse sont accueillis à l’hôtel de ville par Reine Johnson, Marcel Masse et le maire Jean Drapeau. – 1967. – Archives de la Ville de Montréal. VM94-X068-008
C’est aujourd’hui au tour de l’ambassadeur et commissaire général du pavillon de Cuba, monsieur Jose Fernandez Cossio, de remettre au maire Jean Drapeau la clef du propriétaire.
Le Collège des commissaires généraux s’est réuni aujourd’hui pour étudier la situation causée par la grève du transport et affirme que cette situation cause des problèmes à certains pavillons, particulièrement en ce qui concerne le transport de leurs employés. Quelques pavillons ferment leurs portes plus tôt, à 20 h et craignent devoir fermer pour de bon.
Dans le cadre du Festival mondial, on applaudit aujourd’hui au théâtre Port-Royal le choeur de l’Université de Copenhague, Danemark.
Les divers groupes amateurs à se produire dans les kiosques de l’Expo 67 sont les suivants : le Mariemont High School Breakfast Club, de l’Ohio; le Simcoe Composite High School Band, de Simcoe, Ontario; le Wagar High School Band, de Châteauguay, Québec et la fanfare de l’Expo.
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Jour 169
Vendredi 13 octobre 1967 : Journée nationale du Niger
Météo : temps couvert, 46 °F (8 °C) – 45 °F (7 °C)
168 691 visiteurs
Le président de la République du Niger, S.E. M. Hamani Diori, a présidé aujourd’hui la Journée nationale de son pays. Accueilli officiellement à la Place des Nations par le commissaire général de l’Exposition, monsieur Pierre Dupuy, le chef de l’État africain a loué le Canada pour l’aide qu’il apporte aux autres pays du monde.
La grève du transport en commun à Montréal continue à faire les manchettes. Les journaux montréalais mentionnent aujourd’hui que la menace d’un retrait du service de l’Expo Express est devenue plus sérieuse. Monsieur René Desamore, du pavillon de la Belgique, déclare que le Collège des commissaires généraux à l’Expo 67 s’est réuni et a décidé de fermer les pavillons à 20 heures tous les soirs à partir de maintenant et jusqu’à la fin de la grève. « Cette décision, ajoute monsieur Desamore, a été prise à cause des difficultés encourues par les employés des pavillons à rentrer chez eux après leur travail ».
Une suggestion qui vient d’être faite par le député de Montréal-Bourget, monsieur Paul-Émile Sauvageau à messieurs Pearson, Johnson et Drapeau témoigne de l’intérêt que tous portent à l’Expo qui souffre de la grève. Monsieur Sauvageau suggère de prolonger l’Expo proportionnellement au nombre des jours de grève.
Deux jeunes visiteuses ont eu l’émotion de leur vie lorsqu’elles se sont approchées de la Balade où avaient pris place la princesse Margaret et son mari Lord Snowdon. Celui-ci les fit monter à bord et les invita à visiter avec eux le pavillon de la Tchécoslovaquie et celui du Mexique.
Le pavillon du Vermont annonce qu’il a accueilli son trois millionième visiteur.
À l’affiche du théâtre Port-Royal, dans le cadre du Festival mondial, le violoniste mexicain Szeryng ainsi que les Solistes de Prague.
Les visiteurs ont pu voir et entendre dans les kiosques : le Choraleers et le East Babylon Senior High School Band, tous deux de New York; le Wabolyn Weels, de Pointe-Claire, Québec et la fanfare de l’Expo.
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Jour 170
Samedi 14 octobre 1967
Météo : temps couvert, 40 °F (4,5 °C) – 49 °F (9,5 °C)
304 740 visiteurs
Ce matin, au réveil, les Montréalais apprennent une bonne nouvelle : le métro Montréal-Expo-Longueuil circule. Bonne nouvelle en effet, mais de courte durée; à 17 h la grève reprend.
Les Chemins de fer nationaux du Canada mettent à la disposition des visiteurs de l’Expo un train qui fait la navette entre Montréal-Nord, la gare Centrale et l’Expo.
Habitat 67 reçoit son sept millionième visiteur.
Le comédien bien connu Danny Kaye vient visiter l’Expo en compagnie de sa femme et de sa fille. Demain, jour de l’UNICEF, monsieur Kaye sera honoré, Place des Nations, pour son apport aux campagnes de cet organisme.
Dans le cadre du Festival mondial, le théâtre Port-Royal accueille aujourd’hui le Quatuor slovaque, de la Tchécoslovaquie.
Les groupes amateurs qui se sont produits aujourd’hui sont les suivants : le Lansing Central High School Band, de New York; le Augmented Seven of Yale, Connecticut; le Lady Godiva Memorial Band, de Toronto; le Ups’n Downs, de Pierrefonds; le Wabolyn Wheels, de Pointe-Claire; le Festival de la Ville de Westmount; le Gruppo Folkloristico Friulano, le Ukranian Democratic Youth Association Choir, le Bonex, et le Peace of Mind, tous de Montréal.
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Jour 171
Dimanche 15 octobre 1967
Météo : temps couvert, 52 °F (11 °C) – 57 °F (14 °C)
271 886 visiteurs
Au pavillon de l’URSS, on fête la République de Géorgie en présence de monsieur Djaparidzé Ermolai Minaévitch, président du Conseil des ministres de la République de Géorgie au Soviet suprême.
La présence de la championne du monde des échecs, mademoiselle Grapindachvili Nona Terentievna constitue l’attraction très particulière de cette journée. En effet, nous sommes plutôt habitués de recevoir des célébrités royales, politiques, sportives ou rock. Mademoiselle Terentievna donne des démonstrations à la Maison olympique en jouant contre dix-sept partenaires en même temps, qu’elle défait en moins de deux heures.
Au cours de cette journée a lieu la remise des prix aux lauréats du concours de la Journée de la presse francophone. Dans la catégorie des 21 à 25 ans, le premier prix va à Diane Gagnon, de Montréal : un voyage à Paris et quinze jours en Algérie et en Tunisie. Ce prix est offert par les pavillons de l’Algérie et de la Tunisie. Dans la catégorie des 16 à 20 ans, Andrée Guimont, de l’école secondaire Assomption de Montréal arrive première et gagne un séjour à Monaco, offert par le pavillon de la Principauté. Dans la catégorie des 12 à 15 ans, Gisèle Turp, de l’école secondaire Délia-Tétreault, gagne un voyage dans une ville canadienne de son choix, prix offert par le pavillon du Canada et Air Canada. Dans la catégorie des 8 à 11 ans, le vainqueur Gilbert Turp, de l’école Notre-Dame de Montréal, gagne un voyage offert par le pavillon du Canada et Air Canada pour une ville de son choix au Canada.
La campagne de soutien à l’UNICEF du comédien américain Danny Kaye est bien connue. Monsieur Kaye visite l’Exposition et reçoit de madame Lamothe, présidente nationale de la section canadienne de l’UNICEF, une plaque souvenir soulignant le précieux apport du comédien à cette organisation.
Ceux qui préfèrent le cinéma aux échecs ont pu assister à une rétrospective du cinéma canadien à l’Auditorium Du Pont. Au programme : La vie heureuse de Léopold Z, de Gilles Carle et Running Away Backwards d’Allan King.
En soirée, la Scala de Milan présente La Bohême de Puccini, à la Salle Wilfrid Pelletier.
Groupes amateurs dans les kiosques de l’Expo : Tufts University Wind Ensemble, du Massachusetts; le Skating Club of Bay Shore, de New York; le Lady Godiva Memorial Band, de Toronto; le University Alumni Singers, de Westmount; le Ukrainian Chorus Dnipro et le Polish Veteran Dancing Group of the Marshall J. Pilsudski, de Montréal.
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Jour 172
Lundi l6 octobre 1967
Météo : couvert/pluie, 57 °F (14 °C) – 67 °F (19,4 °C)
111,298 visiteurs
On a fait à l’Expo la réputation que l’on ne pouvait rien y voir sans faire la queue. Pourtant, tous les visiteurs n’ont pas attendu en vain en cette journée du 16 octobre. Par exemple, au pavillon de la France, après quelques minutes d’attente mais sans faire la queue les spectateurs ont pu entendre Bernard Dhéran, de la Comédie-Française, réciter des oeuvres poétiques dans le cadre charmant du rez-de-lagune.
Quant à ceux qui se sentent plus attirés par les études économiques, l’Auditorium Du Pont présente une conférence de monsieur Roger Ockrent, représentant permanent de la Belgique auprès de l’OCDE, qui traite de la solidarité économique des nations.
Dans un tout autre ordre, Maurice Bellot, de la Société des chefs de cuisine et pâtissiers du Québec exécute, au pavillon de l’Hospitalité, des sculptures en pâte d’amande et des décorations de gâteaux, que les spectateurs ont pu ensuite déguster.
Un acte de pillage scandaleux a eu lieu au pavillon de l’Allemagne aujourd’hui : le vol d’un berceau miniature en argent. Cet objet d’art est assuré pour l75 000 $.
À la Place des Arts, la Scala de Milan poursuit sa série de représentations avec I Capuleti e i Montecchi et au théâtre Port Royal, récital du pianiste soviétique Petrov.
Les groupes amateurs suivants aux kiosques de l’Expo : le Brockton Youth Stage Band, du Massachusetts; le White Eagle Dancers, de Toronto et le Iona Avenue School Senior Choir, de Montréal.
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Jour 173
Mardi 17 octobre 1967 : Journée spéciale de Westmount
Météo : pluie, 57 °F (48 °C) – 67 °F (9,5 °C)
106 242 visiteurs
Cette Journée spéciale de la Ville de Westmount est copieusement arrosée, pas au champagne, mais par la pluie. Au cours d’une brève cérémonie, le commissaire général Pierre Dupuy reçoit du maire de Westmount, monsieur M.C. Tucker, le titre de Chef des pompiers de Westmount. À l’issue de la cérémonie, un spectacle de danses folkloriques, de chant et de musique est présenté par des groupes de Westmount.
Le pavillon de la Tchécoslovaquie est très convoité. Après un Torontois qui veut en faire l’acquisition, c’est le premier ministre de Terre-Neuve, monsieur Joseph Smallwood, qui annonce que le gouvernement de sa province vient de l’acheter. Du côté tchécoslovaque, on se refuse à tout commentaire. La province de Terre-Neuve aurait également en vue l’acquisition de deux autres pavillons.
Mais tous les pavillons ne sont pas en vogue pour les mêmes raisons. Ainsi, le juge Édouard Martel a permis l’émission d’une procédure de saisie à l’encontre du pavillon du Venezuela pour une dette de 24 064 $.
Un petit incident surprend les clients du pavillon de Cuba : les garçons de bar refusent pendant quelques heures de servir des consommations, en signe de deuil pour la mort de Che Guevara.
Malgré ces quelques accrochages, l’Expo continue à offrir à ses visiteurs des spectacles de choix : ainsi, au pavillon du Canada, le Halifax Trio interprète des oeuvres d’Istvan, Anhalt, Shostakovitch, Vivaldi, Brahms et Schumann.
Au pavillon de l’Hospitalité, Marthe Mercure, Guy L’Écuyer et Thomas Donahue jouent Une demande en mariage, d’Anton Tchécov.
Dans le cadre du Festival mondial, au théâtre Port-Royal de la Place des Arts, l’Octuor philharmonique de Berlin interprète des oeuvres de Hindemith et de Schubert.
À l’Expo Théâtre, la Compagnie du festival de Stratford, sous la direction de Michael Langham, présente Antoine et Cléopâtre, de Shakespeare.
Et dans les kiosques de l’Expo, les groupes amateurs suivants : le Washington and Lee University Glee Club, de Virginie; le White Eagle Dancers, de Toronto et le Iona Avenue School Senior Choir, de Montréal.
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Jour 174
Mercredi 18 octobre : Journée nationale du Cameroun
Météo : pluie, 63 °F (17 °C) – 62 °F (16,5 °C)
123 080 visiteurs
L’un des derniers pays à fêter sa Journée nationale à l’Expo est le Cameroun. À cette occasion, le commissaire général Pierre Dupuy accueille le président de la République fédérale du Cameroun, El Hadj Ahmadou Ahidjo. Celui-ci souligne dans son allocution que : « Cette exposition universelle doit être l’occasion pour l’homme de s’interroger sur le but ultime de toutes ses activités. Lorsque l’on compare l’indigence de certains pavillons et la splendeur de certains autres, il apparaît évident que la majorité de l’humanité est encore loin d’avoir atteint tout ce qui fait la fierté de l’homme ». À l’issue de la cérémonie officielle, les spectateurs ont pu assister à un spectacle donné par les danseurs et les musiciens de l’ensemble national du Cameroun.
Notons qu’en marge de l’Expo, le président El Hadj Ahmadou Ahidjo, s’est vu décerner un doctorat honoris causa par le vice-recteur de l’Université de Montréal, monsieur Lucien Piché.
L’Intertourist, l’Office du tourisme soviétique, va ouvrir un bureau â Montréal, comme l’a annoncé monsieur Vladimir Bakkine lors de sa conférence de presse au pavillon soviétique. Par la même occasion, on apprend que plus de 1 200 artistes russes sont venus à l’Expo au cours de l’été. Quant au destin du magnifique pavillon, son sort n’est pas encore connu. Il serait, dit-on, démonté pour être transporté soit à Kiev, soit à Moscou.
Le pavillon de Ceylan a décidé de mettre ses articles d’exposition en vente.
C’est aujourd’hui la dernière conférence Maclean-Hunter. Monsieur Juan O. Monasterie, président du comité international du conseil d’administration de la Banque commerciale du Mexique, parle de L’évolution du capitalisme dans les trois pays d’Amérique du Nord.
Les amateurs d’art se donnent rendez-vous à la salle Wilfrid Pelletier pour entendre le Canadian Opera Company dans Les Contes d’Hoffman d’Offenbach.
Au théâtre Maisonneuve, le National Theater of Great Britain interprète The Dance of Death de Strinberg, sous la direction de Sir Laurence Olivier.
Les Folklorettes, de Ville LaSalle sont les seules au programme dans les kiosques de l’Expo.
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Jour 175
Jeudi 19 octobre 1967
Météo : pluie/temps couvert, 51 °F (10,5 °C) – 38 °F (3,3 °C)
128 552 visiteurs
Suivant l’exemple de plusieurs autres pays, l’Inde offre son pavillon à la Ville de Montréal. (On se réjouit de ces cadeaux somptueux, en oubliant cependant que les pays donateurs se font à eux-mêmes un énorme cadeau en n’ayant pas à payer pour la démolition de leurs pavillons). C’est le ministre du Commerce de l’Inde, monsieur Dinesh Singh, qui remet les clés symboliques du pavillon au maire Jean Drapeau, au cours d’une cérémonie officielle au pavillon indien, dans l’île Notre-Dame.
Ce même jour, notre premier ministre Lester B. Pearson annonce à Ottawa la nomination de monsieur Drapeau comme délégué principal du Canada au Bureau international des expositions, à Paris.
Parmi les dernières visites de groupes à l’Expo, soulignons celle de 35 jeunes Autochtones de deux écoles secondaires de Whitehorse, dans le sud du Territoire du Yukon. Le groupe est reçu officiellement au pavillon des Indiens du Canada.
Un des très rares accidents graves à se produire à l’Expo est survenu aujourd’hui lorsque vers 2 h 25 du matin, monsieur Roger Damien, 53 ans, de Montréal est grièvement blessé en tombant accidentellement devant une rame de l’Expo Express à la station La Ronde. De l’hôpital où il a été conduit, on apprend que ses blessures ne mettent pas sa vie en danger.
Dernière troupe d’opéra à tenir l’affiche à la Place des Arts dans le cadre du Festival mondial, le Canadian Opera Company de Toronto présente en première montréalaise l’opéra Louis Riel, du compositeur torontois Harry Sommer. La critique a fait un accueil chaleureux à cet opéra canadien, créé à Toronto le 23 septembre dernier.
Pour sa part, le National Theater de Grande-Bretagne poursuit sa série de représentations au théâtre Maisonneuve avec Love for Love de Congreve [jusqu’au 28 octobre].
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Jour 176
Vendredi 20 octobre 1967 : Journée nationale du Congo
Météo : temps clair, 36 °F (2 °C) – 42 °F (5,5 °C)
175 784 visiteurs
Célébration de la soixantième et dernière Journée nationale à l’Expo, celle de la République démocratique du Congo. Malgré une température particulièrement froide, c’est une cérémonie pleine de couleur et de chaleur qui se déroule à la Place des Nations, en présence du vice-ministre aux Affaires étrangères et au Commerce extérieur, monsieur Jean Umba-di-Lutete, représentant du président Mobutu. Le commissaire général Pierre Dupuy souligne : « Que ce n’est pas sans tristesse que nous voyons la fin de ces visites officielles de souverains et de chefs d’État qui sont venus rendre hommage au Canada en son année du Centenaire ». À son tour, monsieur Umba-di-Lutete, après avoir félicité monsieur Dupuy pour le succès de l’Expo, rappelle les liens précieux établis au cours des dernières années entre le Canada et son pays.
La cérémonie a débuté par un concert de l’orchestre congolais African Fiesta National et s’est terminée par un spectacle folklorique donné par un groupe de vingt-cinq danseurs, chanteurs et musiciens congolais, dansant pieds nus sur le sol de la Place des Nations, vêtus de jupes de lianes. Le rythme des tambours et des tam-tams, les danses et les chants ont eu vite raison du froid et de l’humidité glaciale de la journée, attirant à la Place des Nations une foule nombreuse.
Dans l’après-midi, monsieur Umba-di-Lutete, accompagné de son épouse, a visité le pavillon de son pays ainsi que les 14 autres pavillons de la Place d’Afrique et ensuite les pavillons du Canada et du Québec.
La grève des transports en commun se poursuit à Montréal. Les prévisions courantes pour la journée étaient de 205 000 visiteurs. Il en est venu 25 000 de moins.
Quelques groupes amateurs américains donnent leur spectacle dans les kiosques de l’Expo : le Cansius College Glee Club, de Buffalo; le Lemoyne College Glee Club, de Syracuse et le Niagara High School Band, tous trois de l’État de New York.
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Jour 177
Samedi 21 octobre 1967
Météo : temps couvert, 49 °F (9,5 °C) – 47 °F (8,5 °C)
332 405 visiteurs
Un mois après son déclenchement, la grève des employés du transport en commun de Montréal prend fin, suite à l’adoption par l’Assemblée législative du Québec, dans la nuit de vendredi à samedi, d’une loi d’exception ordonnant le retour au travail des 6 000 grévistes.
La ligne Montréal-Expo-Longueuil est opérationnelle dès l’heure du midi et tout le réseau revient à la normale en fin d’après-midi. Les effets de la reprise du service ne tardent pas à se faire sentir sur l’Expo. Les visiteurs qui depuis un mois devaient utiliser leur voiture ou divers moyens de fortune pour se rendre sur les îles recommencent à affluer à Terre des Hommes. L’espoir d’atteindre un mythique 50 millions de visiteurs renaît.
La dernière de la série de conférences est donnée à l’Auditorium Du Pont du Canada, spécialement à l’intention des jeunes scientifiques, prononcée par le Dr Hans Selye, de l’Université de Montréal.
Les Miss de plusieurs pays du monde se sont succédées à l’Expo. Aujourd’hui, c’est le tour de Jennifer Gurley, Miss Grande-Bretagne 1967.
L’invité au théâtre intérieur du pavillon du Canada est le célèbre ténor canadien, Léopold Simoneau. Accompagné au piano par John Newmark, monsieur Simoneau donne un récital d’oeuvres de Mozart, de Schubert et de Maurice Déla.
Du côté du Festival mondial, le National Theatre de Grande-Bretagne présente, après Dance of Death, de Strindberg et Love for Love, de Congreve, une pièce de Feydeau, A Flea in her Ear.
Et, aux kiosques de l’Expo, les spectacles des groupes amateurs suivants : La Chanson de Fribourg, de Suisse; That Ram Band, de Rhode Island; le Utica Chorale, le Edward Junior High School Wind Ensemble, le Salvation Army New York Staff Band, le Urge, Canisius College Glee Club, de Buffalo, tous de l’État de New York; et de Montréal, le Loyola College Brass Quintet.
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Jour 178
Dimanche 22 octobre 1967
Météo : temps clair, 48 °F (9 °C) – 46 °F (8 °C)
465 082 visiteurs
Il n’y a pas aujourd’hui d’événements particuliers pour attirer la foule. Ce n’en est pas moins une journée d’assistance record, sans doute parce que c’est l’avant-dernier dimanche avant la fermeture.
Tous les circuits d’autobus de Montréal fonctionnent aujourd’hui de façon normale, de même que le métro, dont la dernière rame quitte la station Berri-Demontigny à 2 h 20, direction Longueuil − donc dernière cueillette à l’Expo et celle de l’île Sainte-Hélène − et à 2 h 24, direction Montréal.
Les pavillons qui fermaient leurs portes une heure plus tôt pour permettre à leurs employés de rentrer chez eux, sont invités à revenir à l’heure normale de fermeture.
Après un mois de frustration, la population reprend possession de l’Expo. L’Expo Express ne pouvant suffire au transport de cette foule, un service d’autobus est remis en circulation en après-midi et jusqu’à la fermeture.
Le pavillon de Monaco accueille avec pompe son 2 500 000e visiteur : monsieur René Houde, de Beloeil, accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Souhaits du commissaire général du pavillon, monsieur Michel Pasquin, cadeaux et émotion de part et d’autre. Monsieur Pasquin fait remarquer que ce chiffre, 2 500 000, représente cent fois la population de la Principauté.
Arrivée au quai Mark-Drouin du navire canadien HMCS Annapolis. Invitation générale à le visiter. Il repartira la veille de la fermeture de l’Expo.
On parle de plus en plus d’une exposition permanente succédant à l’Expo. Plusieurs pavillons ont déjà été offerts à la Ville de Montréal. Monsieur Drapeau doit faire incessamment une déclaration à ce sujet.
Au pavillon du Canada, théâtre intérieur, dernier récital du ténor canadien Léopold Simoneau.
Au pavillon de la Jeunesse, on peut entendre le chansonnier français Mouloudji.
Venue au Canada pour participer au Festival mondial, la chorale suisse La Chanson de Fribourg, dirigée par Pierre Koelin, donne ce soir à 17 h en l’église Saint-Jacques − l’église de l’Expo 67 − une messe rythmique dont la musique s’inspire des negro spirituals.
Sur l’emplacement, les foules se massent autour des kiosques à musique, où l’on peut voir et entendre les groupes d’amateurs suivants : le Brass Choir et le Madrigal Singers, de l’Arkansas; La Chorale ukrainienne orthodoxe, d’Ottawa; Les Étincelles de Pincourt; l’ensemble de danse ukrainienne Odessa et Le Quintette de Cuivres, du Collège Loyola, tous deux de Montréal.
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Jour 179
Lundi 23 octobre 1967
Météo : temps clair, 42 °F (5,5 °C) – 53 °F (11,5 °C)
236 411 visiteurs
Dans cinq jours, l’Expo fermera ses portes et déjà cette fin proche se fait sentir. Certains pavillons n’honorent plus les laissez-passer des journalistes, sauf pour certains journalistes étrangers.
Les effectifs de sécurité sont doublés afin de prévenir les vols et les actes de vandalisme, surtout à l’édifice de la rue Saint-Jacques où sont acheminées les sommes d’argent provenant de l’Expo, ainsi que pour la chambre forte aménagée sous la Place d’Accueil. Il y a quelques jours, deux hommes en possession de bâtons de dynamite ont été arrêtés à proximité de ce dernier endroit.
Autres décisions qui annoncent la fin : la vente des passeports de saison estampillés « Souvenir seulement », pour le prix d’un dollar. Ou encore, le rapatriement, à compter d’aujourd’hui, des 55 sculptures de grands maîtres contemporains, qui retournent dans leurs musées respectifs.
Au pavillon de l’Inde, défilé de mode pour femmes occidentales. Ce sont des créations réalisées dans des tissus indiens avec une touche d’exotisme. Une présentation qui remporte un éclatant succès.
À l’Auditorium Du Pont, dernier conférencier Noranda, l’académicien tchèque Frantisek Sorm. Ce chimiste nous explique Comment déjouer la cellule (antimétabolismes et produits analogues).
Sont arrivés aujourd’hui dans le port pour s’amarrer au quai Mark-Drouin, trois navires de la marine canadienne qui y demeureront jusqu’à la fin de l’Expo. Ce sont le Gatineau, le Saint-Laurent et le Fraser.
Au théâtre Port-Royal, dans le cadre du Festival mondial, le Ballet Roland Petit de France, et l’Orchestre Ars Nova. Ils gardent l’affiche jusqu’au 28 octobre.
Sur l’emplacement, les groupes amateurs suivants se sont produits dans les kiosques à musique : La Chanson de Fribourg, Suisse et Les Quatre Alouettes, de Montréal.
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Jour 180
Mardi 24 octobre 1967
Météo : temps clair, 49 °F (9,5 °C) – 50 °F (9 °C)
349 172 visiteurs
Venu de l’Alaska en auto-neige en 87 jours, monsieur Norman Vaughan, de Boston, a ainsi battu tous les records de distance par ce moyen inusité de locomotion. Ce monsieur est un spécialiste des voyages hors série. En 1928, il accompagnait l’amiral Richard Byrd au pôle Sud. Pour sa randonnée d’Anchorage, Alaska jusqu’à Montréal, il a équipé son auto-neige de roues. Monsieur Vaughan est sans doute le dernier voyageur qui arrive à l’Expo de façon non conventionnelle. Tous ces audacieux ont prouvé que l’imagination, l’originalité et l’esprit d’aventure sont toujours d’actualité.
Les sculptures derrière le pavillon des États-Unis sont retirées graduellement à cause des possibilités de gel et du risque de vandalisme.
Il y a rumeur que le Kiné-Automat du pavillon de la Tchécoslovaquie ne quittera pas Terre des Hommes. Il serait installé à la Laterna Magika dans La Ronde. Cette nouvelle ne peut que faire la joie de tous les visiteurs qui, même en s’armant de patience, n’ont pas réussi à y entrer pendant les six mois de l’Expo.
Au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel et pour la première fois au Canada, un concours de sommellerie à l’intention de tous ceux qui habitent le Canada depuis l’âge de dix ans. Le gagnant se méritera un voyage en France où il visitera des confrères de l’Ordre des Sommeliers.
Au pavillon de la France, le professeur Kourilsky, dans le cadre des conférences culturelles, parle de la psychologie du malade.
Dans le théâtre intérieur du pavillon du Canada, et jusqu’au 27 octobre inclusivement, l’excellent quatuor à cordes Orford donne un concert d’oeuvres classiques, romantiques et modernes, où figurent des compositeurs canadiens.
Au Cinéma-théâtre du pavillon de la Jeunesse, les élèves de l’École nationale de théâtre présentent la pièce d’Anton Tchekov, The Proposal.
À la salle Wilfrid Pelletier, dans le cadre du Festival mondial, présentation par le Ballet national du Canada de Roméo et Juliette, de Prokofiev. C’est donc notre Compagnie nationale de ballet qui clôture la grande saison du Festival mondial.
Sur l’emplacement, on peut entendre, à l’un des kiosques : le Concert Choir, de Montréal et la fanfare de l’Expo.
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Jour 181
Mercredi 25 octobre 1967
Météo : temps clair/couvert, 54 °F (12 °C) – 55 °F (12,7 °C)
341 737 visiteurs
La grande Exposition Universelle et Internationale de 1967 fermera ses portes dimanche prochain le 29 octobre à 16 h. On nous informe qu’à partir de 14 h, seuls les taxis vides pourront avoir accès à la Place d’Accueil ou à La Ronde. Quant aux stationnements, ils n’accepteront plus de voitures à partir de 13 h 30.
Les journaux annoncent qu’Ottawa ne s’opposera pas à ce que Montréal perpétue le souvenir de l’Expo 67. Toutefois le gouvernement fédéral ne contribuera pas financièrement à l’administration du nouvel organisme municipal qui en prendra la responsabilité; par contre, il consentira certains avantages à la Ville de Montréal.
Au pavillon de Cuba, des photos de Che Guevara sont affichées en signe de deuil, s’ajoutant aux éléments d’exposition déjà en place.
Du début de l’Expo jusqu’au 15 octobre, l’Inde a fait un chiffre d’affaires de 1 078 50 $ dans ses boutiques sur le site et engrangé 451 606 $ à son restaurant. L’Inde a donc décidé de participer à l’exposition Terre des Hommes qui remplacera l’Expo 67.
Une dame, Agnès Young, qui souffrait d’une maladie de coeur succombe à une attaque cardiaque à la Place d’Accueil. Un certain nombre de morts subites a été enregistré au cours de l’Expo. Il faut se souvenir que l’Exposition a été aussi celle des malades et des invalides; il n’est donc pas étonnant que quelques personnes plus atteintes que d’autres y aient succombé malgré les soins et les prévenances dont on les entourait: chaises roulantes, accès sans attente aux pavillons, service d’ambulance et cliniques d’urgence.
Au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, la dernière présentation prend la forme d’un grand défilé de mode internationale.
Et, au pavillon de la Jeunesse, concert par le quatuor à cordes du Conservatoire de musique du Québec.
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Jour 182
Jeudi 26 octobre 1967
Météo : temps couvert, 48 °F (9 °C) – 45 °F (7 °C)
296 125 visiteurs
Le maire Jean Drapeau rencontre les médias au foyer de la Presse du pavillon de l’Administration au sujet de l’avenir de l’Expo. Le Québec se dit prêt à céder son pavillon à l’Expo permanente et accepterait de participer, à l’instar d’Ottawa, au financement de La Ronde pour les deux prochaines années.
Au pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel, la mairesse de Montréal, madame Jean Drapeau, a reçu de la part des organisateurs du Camp Françoise Cabrini une céramique intitulée Terre des Hommes, oeuvre de madame Yolande Rousseau-Rioux.
Et après avoir fourni le meilleur d’eux-mêmes pendant six mois, c’est au tour des hôtes et des hôtesses de l’Expo d’être accueillis à l’hôtel de ville de Montréal par le maire Jean Drapeau et le Conseil municipal.
C’est aujourd’hui qu’a lieu, au pavillon d’Israël, la grande finale du questionnaire sur la Bible. La gagnante, Anna Peleshok, d’Oshawa, Ontario s’est mérité une semaine de vacances pour deux en Terre Sainte.
Le professeur français, R. Kourilsky, prononce une conférence sur le thème suivant : La médecine est une science de régulation, à l’Auditorium Du Pont en fin d’après-midi. Le conférencier est titulaire de la clinique médicale à la Faculté de médecine de Paris.
Pour clôturer ses activités, le pavillon de l’Hospitalité et du Gaz naturel présente à 15 h un grand défilé de mode internationale. C’est également la dernière présentation du Grand boum de la mode canadienne, au pavillon canadien.
Les dirigeants du pavillon cubain visitent l’hôpital Saint-Charles-Borromée et l’orphelinat Saint-Arsène où ils distribuent bonbons, crème glacée et cigares de leur pays, accompagnés par l’orchestre folklorique de Cuba.
Miss France 1967, Jeanne Beek, fermière du petit village normand de Saint-Pierre du Mont, est en visite l’Expo aujourd’hui.
Des artistes géorgiens donnent un récital dans la salle de cinéma du pavillon de l’URSS. Avant eux, le professeur A. Tchitcherov a parlé de la jeunesse soviétique en cette même salle.
Les chanteurs français Marie-Annick et Mouloudji sont en vedette au Cinéma-théâtre du pavillon de la Jeunesse. Leur spectacle est enregistré par Radio-Canada pour l’émission Les chansonniers à La Ronde. Et le dernier Jazzpo réunit ensuite le poète québécois Raoul Duguay et le Trio Walter Boudreau.
Claude Gauthier donne, ce soir, au restaurant du pavillon du Québec son avant-dernier récital, accompagné par le Quintette d’André Perry.
Dans le cadre du Festival mondial, le seul nouveau spectacle est la présentation des ballets La Prima Ballerina et Bayaderka par le Ballet national du Canada, sous la direction de Celia Franca, à la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts.
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Jour 183
Vendredi 27 octobre 1967
Météo : temps couvert/pluie, 45 °F (7 °C) – 50 °F (10 °C)
442 455 visiteurs
Aujourd’hui est décrété jour de congé pour toute école régie par la Loi de l’Instruction publique. En vertu de cette décision, les passeports « éducation » sont acceptés. Dès 8 h 30 ce matin, des nuées d’enfants se massent donc aux entrées de l’Expo.
Toute la journée, des cérémonies officielles de remise de pavillons ont lieu au bureau du maire à l’hôtel de ville de Montréal. Il s’agit des pavillons du Judaïsme, de Birmanie, de Chine, de Trinidad et Tobago, d’Haïti, du Japon et du pavillon Chrétien.
Une surveillance plus étroite est en place aujourd’hui. Afin de prévenir l’activité des chasseurs de souvenirs, les autorités de l’Expo lancent un appel au public. La plupart des pavillons ont recours à un nombre accru de gardiens d’ici la fermeture. Le pavillon américain a même engagé des agents en civil chargés de voir à ce que les poupées, les chapeaux et les articles ayant appartenu à des vedettes de cinéma restent en place.
À Habitat 67, peintures et autres objets de valeur sont retirés des appartements.
Le pavillon de la France a, à toutes fins utiles, vidé sa célèbre galerie de peintures et celui des Pays-Bas a rapatrié ses oeuvres d’art, par avion, au cours de la soirée d’hier.
L’Auditorium Du Pont présente une dernière fois le plan témoin préparé par le service d’Urbanisme de la ville de Montréal sur la région métropolitaine de l’an 2 000. Et, toujours au même endroit, on projette pendant quatre heures une rétrospective des meilleurs films scientifiques présentés par Connaissance 67 depuis l’ouverture de l’Expo.
Le pavillon de la Jeunesse bourdonne d’activités. Les meilleures productions de jeunes cinéastes sont de nouveau présentées à midi au cinéma du pavillon, dont deux films allemands du Festival du cinéma allemand. À 15 h 30, une représentation du spectacle Les Mécaniques, produit par Richard Lacroix. À 19 h, toujours au même endroit, des étudiants des universités du Nouveau-Brunswick et de Lennoxville discutent du caractère nécessaire et inévitable de l’indépendance du Québec. Dans la soirée, du jazz avec Winston Kelly, un spectacle d’une troupe folklorique du Congo et un film intitulé La jeunesse soviétique pendant la guerre civile.
Côté conférences, au pavillon de l’URSS, des spécialistes soviétiques répondent aux questions des visiteurs sur la situation actuelle en URSS.
L’unique nouveau spectacle à l’affiche du Festival mondial est Le lac des cygnes de Tchaikowski, interprété par le Ballet national du Canada, sous la direction de Celia Franca, à la salle Wilfrid Pelletier.
Le seul groupe amateur qui se produit à l’Expo aujourd’hui est le Montgomery Hill Junior High School Band, de Silver Spring, Maryland.
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Jour 184
Samedi 28 octobre 1967
Météo : temps couvert, 36 °F (2 °C) – 38 °F (3,3 °C)
419 220 visiteurs
Trois cas exceptionnels ont marqué cette journée : l’arrivée du 50 millionième visiteur à la Place d’Accueil, vers 19 h en soirée. Madame Marthe Racine, de Repentigny, en banlieue de Montréal, accompagnée de son époux Alexandre. Mère de 5 enfants et âgée de 39 ans, madame Racine gagne un voyage de deux semaines pour deux, toutes dépenses payées à l’Expo 70 d’Osaka. Les autorités de l’Expo lui remettent un parchemin commémorant l’événement, un ensemble stylo-crayon, deux montres suisses, des livres et un téléviseur couleur. L’heureux couple a fait le tour de l’Expo comme « visiteurs de marque », dans une automobile de 1917 qui ne manquait pas d’attirer l’attention. Ils ont ensuite passé une magnifique soirée à La Ronde.
D’autre part, deux cas exceptionnels ont marqué cette avant-dernière journée dans les cliniques médicales de l’Expo. Un décès, constaté à 11 h 30, d’une dame cardiaque de 57 ans, madame Antoinette Rousseau de Fabreville, en banlieue de Montréal et, dans la clinique de l’île Sainte-Hélène, naissance d’un bébé. Madame B.E. Lavergne, de Châteauguay, a donné naissance à une petite fille de sept livres et demi, en fin d’après-midi. Madame Lavergne et sa petite fille ont été transportées au cours de la soirée, à l’hôpital Notre-Dame de Montréal.
Au pavillon de la Jeunesse, un feu roulant de compétitions et de démonstrations occupe toute cette journée consacrée aux cérémonies de clôture des événements sportifs. Au hockey, un concours de vitesse de lancers par des joueurs de la Ligue métropolitaine; démonstrations de crosse, de tennis sur table, d’hébertisme, de judo, de karaté, de ballon-volant, d’athlétisme, de tir à l’arc, de gymnastique et de trampoline. Un médaillon commémoratif officiel de l’Expo 67 est remis aux vainqueurs de chaque compétition. Ce pavillon a été l’un des plus actifs et des plus dynamiques de ces six derniers mois, présentant aujourd’hui Les Mécaniques, un spectacle produit par Richard Lacroix; un film soviétique On est amoureux de la Sibérie; un concert par des artistes géorgiens; un quizz où l’on met à l’épreuve les connaissances des visiteurs sur l’Union soviétique; une table ronde sur la jeunesse soviétique contemporaine; du jazz avec l’américain Winston Kelly; un concert avec Gaston Germain, basse-baryton et le Quatuor à cordes de l’Université d’Amsterdam et une dernière séance du festival du cinéma allemand.
Encore dans le domaine musical, les pianistes duettistes Minkofski Garrigues et Lothar Kilian offrent un récital à l’auditorium du pavillon de l’Allemagne.
Enfin, le rendez-vous international par excellence, le Paradoxe de la Place des Nations devient, à partir de 20 h et jusqu’à une heure du matin, une immense discothèque.
C’est le soir des dernières pour plusieurs spectacles. Au Jardin des Étoiles, la revue Prestige de Paris donne sa dernière représentation; les enfants voient le Cirque aux Merveilles pour une dernière fois et Le temps qui bouge se déroule pour la dernière fois.
Le pavillon du thème L’Homme et l’Agriculture vend aux enchères ses douze bouvillons. De nombreux acheteurs venus des quatre coins du pays se sont disputés ces bêtes d’un poids variant entre 1 000 et 1 600 livres. Elles ont toutes trouvé acquéreur en moins d’une heure, au prix moyen d’un dollar la livre.
Le Festival mondial ferme ses portes avec les spectacles suivants : Le lac des cygnes de Tchaikowski, par le Ballet national du Canada, à la Salle Wilfrid Pelletier; Love for Love, en matinée et soirée par le National Theatre of Great Britain, au théâtre Maisonneuve; Octandre et L’Éloge de la Folie, en matinée et soirée par le Ballet Roland Petit, au théâtre Port-Royal; Anthony and Cleopatra, en matinée et The Government Inspector en soirée, par la Stratford Festival Company of Canada, à l’Expo Théâtre. Ce festival, le premier d’une telle envergure au Canada, qui ne fut rendu possible que par la participation des pays participants, fit bien les choses jusqu’à la fin après avoir fait la joie de 2 150 000 spectateurs.
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Jour 185
Dimanche 29 octobre : jour de fermeture de l’Expo
Météo : temps couvert, 45 °F (7 °C) – 46 °F (8 °C)
221 554 visiteurs
Il fait très froid à la Place des Nations, en dépit d’une foule de près de dix mille personnes qui, ne pouvant contenir son émotion, sa gratitude et son admiration, a brisé les cordons de sécurité et envahi la Place ainsi que les gradins pourtant réservés aux quelque 4 000 invités et journalistes du monde entier.
La tribune d’honneur où seront assis les plus hauts dignitaires est couverte d’un tapis rouge et ceinturée de milliers de chrysanthèmes blancs et jaunes. Derrière cette tribune, se tiennent des hôtesses portant le costume de chacun des pavillons nationaux.
Pour faire patienter la foule, la fanfare de l’Expo joue de la musique militaire. Puis, c’est l’arrivée de la Compagnie franche de la Marine et du Fraser’s Highlanders qui prennent place sur les gradins, à droite de la tribune d’honneur.
Vers 10 h 30, la 50 millionième personne à visiter arrive à gauche de la tribune d’honneur, où se trouve un nombre imposant de journalistes. Accompagnée de son époux, madame Marthe Racine est présentée à la foule qui l’applaudit chaleureusement. Après les cérémonies de clôture, l’heureux couple est invité à déjeuner au restaurant La Toundra du pavillon canadien.
Aux accords légers et entraînants de Vive la Canadienne, la garde d’honneur composée de cent soldats du 3e bataillon du Royal 22e Régiment et de la fanfare du Royal Highland Regiment of Canada fait une entrée très remarquée. Pendant ce temps, les commissaires des pavillons participants et autres invités gagnent leurs sièges dans la section réservée face à la tribune.
À 10 h 45, les dignitaires commencent à arriver à la tribune d’honneur : le sous-commissaire général de l’Expo, monsieur Robert Shaw, le président du Collège des commissaires généraux de sections, monsieur Jan-Albert Goris, le maire de Montréal et madame Jean Drapeau (qui furent tous deux très applaudis), le premier ministre du Québec et madame Daniel Johnson, le premier ministre du Canada et madame Lester B. Pearson.
Une fois ces gens installés, une sonnerie annonce l’arrivée du gouverneur général du Canada et de madame Roland Michener et du commissaire général de l’Expo, l’ambassadeur Pierre Dupuy, accompagné de la Première dame de l’Expo, madame Johanne Shaw.
La garde d’honneur effectue le salut vice-royal et une salve de vingt-et-un coups de canon ponctue la revue de la garde par le gouverneur général. Après un second salut vice-royal, la garde d’honneur et la fanfare militaire se retirent sous des applaudissements nourris.
Soixante jeunes hommes de l’équipage du HMCS Saint-Laurent apportent chacun une médaille d’or au gouverneur général qui en remet une à chacun des commissaires des pavillons des soixante pays participants, dans l’ordre protocolaire de leur date d’adhésion à l’Expo. Au moment de l’appel de chacun, le drapeau du pays est descendu de son mât par un scout et remis aux hôtesses du pavillon. Parmi les commissaires qui ont reçu une médaille d’or en cette occasion, on comptait une femme, une seule, madame Elin Palmadottir, commissaire générale adjointe de l’Islande.
Une médaille d’argent est ensuite présentée, selon le même cérémonial, par le premier ministre du Canada, monsieur Pearson, à chacun des commissaires des trente-sept pavillons privés.
Dans son allocution, monsieur Dupuy, qui a eu droit à une ovation dès qu’il s’est présenté au micro, déclare : « Qu’importent les longues attentes dans la pluie et le vent, dans la chaleur et le froid. Qu’importe même l’irresponsabilité de ceux qui n’ont pas compris qu’il y a des moments solennels où les petites ambitions et les petites querelles doivent se taire devant le bonheur des hommes! » (À quoi fait-il allusion au juste? À la récente grève des transports?) Le commissaire général conclut en disant : « Mission Completed – Mission accomplie ». Ce qui lui vaut une seconde ovation.
Le moment attendu depuis longtemps est arrivé. Le maire de Montréal va s’adresser au monde entier. Lorsque monsieur Drapeau se lève pour parler, c’est une explosion de bravos et de hourras et de mercis. Il entame son discours en disant: « Personne ne tend à s’en défendre; l’émotion que chacun ressent aujourd’hui est de celles qu’on ne cherche même pas à dissimuler, car elle est de la même qualité que celle qui accompagne les grands moments de la vie des peuples ou des êtres humains. Après avoir vécu 185 jours à apprendre le monde, Montréal doit, en un seul jour, apprendre à s’en séparer. »
Monsieur Drapeau exprime ensuite sa reconnaissance en ces termes : « Merci à vous, peuples de la terre, qui avez transporté chez nous un inventaire de votre civilisation. À vous tous et toutes : 50 millions de fois merci! » Le maire n’oublia personne avec une mention toute spéciale et amicale pour le président du Comité exécutif de Montréal, monsieur Lucien Saulnier. Et, soudain, il glisse ces mots: « L’Expo 67 aura vécu ses 185 jours de gloire. On aurait cru qu’elle ne devait jamais connaître une fin. La série de défis, présumés insurmontables, mais victorieusement relevés pendant cinq ans, illustrent l’exactitude et le réalisme contenus dans cette pensée de Saint-Exupéry : « Ce qui sauve, c’est de faire un pas, puis encore un pas ». Nous avons, ensemble, fait un pas. Nous allons ensemble faire ENCORE un pas ». Et, en remerciant les gouvernements fédéral et provincial de rendre moins difficile « le pas que nous avons encore à faire ensemble, je puis heureusement lancer le cri que vous souhaitez et qui change une fin en un recommencement: EXPO 67 n’est plus, vive la TERRE DES HOMMES! ». La foule se lève alors d’emblée et hurle tous les « bravos » et les « mercis » dont son coeur déborde.
S.E. Jean-Albert Goris, président du Collège des commissaires généraux de section parle à son tour, suivi par le premier ministre du Québec, Daniel Johnson qui adresse la litanie de ses remerciements et hommages aux épouses de tout ce monde officiel.
Quand vint son tour, monsieur Pearson le premier ministre du Canada appuya ouvertement l’unité canadienne. Il déclara, en anglais seulement: « Nous avons découvert que nous possédons un caractère et une qualité bien à nous, riches et diversifiés, mais essentiellement canadiens. En cet endroit, s’est manifesté l’esprit de solidarité humaine dont dépend non seulement l’avenir de notre pays, mais celui de tous les pays ». Le premier ministre canadien a ensuite vanté la grande diversité d’efforts nationaux qui s’est manifestée ici au cours de cette réalisation, la plus brillante de notre Centenaire. « Enfin, souligna-t-il en guise de conclusion, l’Expo a prouvé que le Canada et les Canadiens peuvent atteindre n’importe quel objectif, à condition d’y travailler ensemble. »
La dernière des cinq allocutions devait être prononcée par S.E. Roland Michener. Elle ne le fut pas. À cause du froid et pour ne pas répéter ce que ses prédécesseurs avaient dit, le gouverneur général du Canada déclara avec humour qu’il préférait « laisser le discours qu’il avait préparé aller se perdre dans les archives » et se contenta d’ajouter, sur un ton volontairement neutre, la phrase finale : « Je déclare cette Exposition officiellement close ».
Roulements de tambours, la flamme du monument de la Place des Nations s’éteint à jamais, le drapeau de l’Exposition descend de son mât au son de l’hymne national. Puis, le ciel s’ouvre pour livrer passage aux acrobaties aériennes des huit avions à réaction des Paladins du Centenaire, tandis que les cinq cents invités et dignitaires se retirent pour aller déjeuner au pavillon d’Honneur Hélène-de-Champlain à l’invitation ultime du commissaire général.
À 14 h précises, toutes les entrées de l’Expo, celles de la Place d’Accueil, de La Ronde, du port Sainte-Hélène et du métro sont fermées inexorablement.
Soixante-sept coups de canon tirés de la pointe de la Cité du Havre annoncent la fermeture officielle des pavillons, des bars, des restaurants, des boutiques et de La Ronde. À leur sortie des pavillons, les visiteurs reçoivent des souvenirs : flûtes, guirlandes ou drapeaux de l’Exposition.
Sur les lagunes, les embarcations glissent vers leur dernier port d’attache. Minirails et Balades s’arrêtent graduellement. Les visiteurs sont acheminés vers la Cité du Havre pour assister aux feux d’artifice lancés simultanément en face d’Habitat 67 et à l’ouest du pavillon du Canada.
Dès 16 h 40 le grand exode commence. Il fallut au-delà de trois heures pour vider complètement les lieux. Aucun vol, aucun acte de vandalisme en ce dernier jour.
Un groupe de jeunes défile portant une pancarte : « Merci Jean Drapeau ». Des centaines d’expovores prennent le temps d’y apposer leur signature malgré la cohue. Trois heures de cohue, c’est bien peu de temps en somme « pour apprendre à se séparer du reste du monde ».
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La photo au jour 161 avec la légende suivante:
Le maire Jean Drapeau en compagnie du ministre des affaires extérieures d’Algérie, Abdelaziz Bouteflika (au centre). – 4 octobre 1967. VM94-X064-011. Archives de la Ville de Montréal.
Ne représente pas la réalité. Ce n’est pas Bouteflika sur le cliché !
Peut-être Nourredine Delleci, mais pas Bouteflika, c’est sûr.
Effectivement, 6 ans plus tard l’erreur est toujours pas corrigé. Il s’agit bien de Nourredine Delleci. Selon un article du Soleil du 6 Octobre 1967, il était présent lors du jour de l’Algérie le 5 Octobre. Aucune autre mention de d’autres représentant du gouvernement Algérien.
Aussi selon le Bulletin d’histoire politique « Le Maghreb à l’Expo 67 (Tunisie, Maroc, Algérie) » de Magali Deleuze:
» Nourredine Delleci, ministre du Commerce de l’Algérie, représenta officiellement son pays à l’Expo. «