En ce 14 octobre 2016, le métro de Montréal célèbre un anniversaire important! Il y a aujourd’hui exactement 50 ans que notre transport en commun souterrain a officiellement été inauguré. La Section des archives souligne ce 50e anniversaire en complétant la mise en ligne des 8008 images numérisées de sa série photographique « Métro de Montréal », produite entre 1962 et 1971. Une première portion de ces reportages avait été rendue publique en février 2016. Vous trouverez les liens vers la totalité de ces images plus bas dans cet article.
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L’inauguration du métro le vendredi 14 octobre 1966 vient couronner plus de quatre ans d’efforts considérables investis par Montréal pour mener à bien ce chantier gigantesque, en œuvre 24h sur 24. Le maire Jean Drapeau tient à ce que cette cérémonie soit grandiose. 6 000 invitations sont envoyées. Les invités sont priés de se présenter à une station désignée, parmi les 20 qui sont inaugurées simultanément. Suite à cette première cérémonie « locale », tous les invités se rendent dans les wagons à la station la plus « importante », Berri-de-Montigny. Le ministre français Louis Joxe y donne le signal de la mise en service du métro. Devant une foule enthousiaste, un orchestre joue avec vigueur les hymnes nationaux canadien et français. Le cardinal Paul-Émile Léger bénit le nouveau réseau, notamment entouré du premier ministre Daniel Johnson et du lieutenant gouverneur du Québec Paul Martin. Le maire Drapeau délègue ensuite officiellement à la Commission de transport de Montréal et à son président Lucien L’Allier le pouvoir d’exploitation du réseau. Dès 16h30, le métro est officiellement en fonction et ouvert à tous. Un grand feu d’artifice et une fête populaire sont également organisés au parc La Fontaine le lendemain, par le Service des parcs de la Ville. Une danse a lieu à « trois endroits autour du terrain de baseball » avec au choix, de la musique à go-go ou yé-yé, du folklore international ou de la musique du « bon vieux-temps ».
Difficile pour certains de s’imaginer aujourd’hui à quel point le métro est venu transformer Montréal… D’un point de vue pratique, sa mise en route a notamment influencé toute l’évolution du centre-ville Montréal : on a ainsi vu apparaître de nombreuses tours à bureaux le long de la « ligne est-ouest ». L’avenue du Président-Kennedy et le nouveau boulevard De Maisonneuve ont progressivement été cernés par ces imposants bâtiments. Le métro s’est plus généralement imposé comme l’un des symboles de la vitalité exceptionnelle de Montréal dans les années 1960.
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En octobre 1966, dès l’ouverture du réseau, les réactions enthousiastes dominent chez les nouveaux usagers, comme en témoignent les extraits ci-dessous.
« Il est beau. On peut le dire. Il y a de la couleur partout. La variété des stations invite à regarder par les grandes fenêtres des voitures chaque fois que le train s’arrête. (…) C’est un défilé de couleurs et de formes variées. (…) Je ne viendrai plus jamais en ville autrement. Dorénavant, le métro fait partie de ma vie. » Jean Rivest, La Presse, 14 octobre 1966.
« Je vais utiliser le métro quatre fois par jour, même pour aller luncher à la maison. En autobus, c’était pas trop commode et j’apportais mon lunch. Maintenant avec ce métro ultra-rapide, j’aurai le temps de passer mon heure de dîner chez moi ». René St-Pierre, Vox-pop, Dimanche-Matin, 16 octobre 1966.
« La diversité et la beauté fonctionnelle des stations sont remarquables (…) Ces stations toutes neuves sont éclatantes de lumière ; pour qu’elles conservent leur beauté, il faudra que le public les respecte comme des œuvres d’art, que la CTM veille à leur propreté. » Paul Sauriol, Le Devoir, 15 octobre 1966.
« L’auteur de ces lignes a roulé dans les métros de New York (c’est sale et bruyant), de Londres (c’est compliqué) et de Paris (c’est centenaire) et il doit avouer que le métro de Montréal est le plus beau, le plus neuf, le plus simple, les plus rapide, le plus commode. » Maurice Desjardins, Dimanche-Matin, 16 octobre 1966.
« Rien de comparable en Europe (…) ce métro est de beaucoup supérieur, tant par l’aspect technique que décoratif » M. H. Harisay, Vox-pop dans le Dernière Heure du 16 octobre 1966.
« Mon petit Bobby, 4 ans, n’avait jamais rien vu de si beau. Il trouvait que les trains allaient vite. Franchement, il est chanceux d’être né en 1962, il ne connaîtra jamais les misères des p’tits chars et des autobus en retard. » Mme Carmel Lefebvre, Vox-pop, Dimanche-Matin, 16 octobre 1966.
L’énorme succès rencontré par le métro dès le premier jour ne va toutefois pas sans heurts…
« Dimanche soir, les familles complètes avaient parfois du mal dans la cohue à entrer ou sortir ensemble des wagons : d’où les enfants perdus et les mères inquiètes. Mais grâce aux haut-parleurs, on peut facilement « raccorder » les familles désunies. Entendu sur la ligne no 1 : Attention svp, Mme Blanchette de la rue Christophe-Colomb, ne vous inquiétez pas, votre petite fille est demeurée à la station Berri-de-Montigny. »
« C’est vrai que les autobus sont en retard, c’est vrai qu’il y a des embouteillages aux heures de pointe, c’est vrai qu’il fait trop chaud dans les rames du métro, c’est vrai qu’il est difficile pour bien des gens de s’y retrouver (…) mais il était impossible de prévoir à quel point les gens « tomberaient amoureux » de leur métro ». Alphonse Saumier, de la CTM, dans La Presse, jeudi 20 octobre 1966.
« Le bilan de la première journée est le suivant : panne d’électricité de trente minutes, des milliers de travailleurs en retard, les autobus qui ne viennent pas aux embouchures du métro ». Montréal-Matin, Mardi 18 octobre 1966.
Plusieurs ajustements restent enfin à faire…
« La plus grande déficience, c’est le manque d’air dans les rames. Il parait que le système d’aération ne pourra être normalisé avant une semaine. En attendant, des usagers remontent à la surface avec des maux de tête. En fin de semaine dernière, on perdait même connaissance sur les débarcadères. » Jacques Fortin, Le Petit journal, 23 octobre 1966.
« Plusieurs souhaiteraient qu’on précise clairement le point cardinal vers lequel se dirigent les rames (…) J’ai vu un vieux monsieur très mécontent à sa descente à la station Crémazie. Il avait oublié qu’on roule à droite, avec le résultat qu’il se retrouvait dans le nord de Montréal plutôt qu’à la place d’Armes ». Jacques Fortin, Le Petit journal, 23 octobre 1966.
« Il n’y a aucun terrain de stationnement près des bouches de métro. (…)Tous les automobilistes qui viennent de l’Ouest de l’île (…) continueront à se servir de leurs voitures pour se rendre au centre-ville. Pour eux, inutile de prendre le métro car ils ne peuvent stationner leurs voitures près de la station Atwater. (…) la ville devrait faire quelque chose dans ce domaine et faire vite. » Dimanche-Matin, 16 octobre 1966.
« Beaucoup de gens âgés jugent trop petites les lettres identifiant chaque station ». Jacques Fortin, Le Petit journal, 23 octobre 1966.
Malgré ces quelques anicroches vécues lors de son lancement officiel, le métro de Montréal demeure une réalisation exceptionnelle, commentée ainsi par son principal instigateur, le maire Jean Drapeau :
« Le métro peut modifier notre existence… En nous permettant de rester à la maison plus longtemps le matin et d’y retourner plus tôt le soir, en facilitant notre présence dans les salles de spectacles, en nous amenant à consacrer à des loisirs le temps économisé sur la longueur des voyages ». Le métro est « avant tout une œuvre de l’esprit, un instrument que nous vous donnons pour concourir à notre bonheur! ». Dimanche-Matin, le 9 octobre 1966.
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Découvrez aujourd’hui :
Notre album Flickr présentant 120 photographies noir et blanc de la construction du Métro spécialement sélectionnées :
https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/albums/72157674109056645
L’intégralité des 8008 photos numérisées, dans notre catalogue en ligne: https://archivesdemontreal.ica-atom.org/metro-de-montreal-m-1962-1971
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Sources :
Le métro de Montréal. CUM (Québec). Bureau de transport métropolitain. 1983. XCD00-P5925. Archives de la Ville de Montréal.
Recensement de presse en lien avec le métro de Montréal. XCD00-P5876. Archives de la Ville de Montréal.
Le métro de Montréal, dossier thématique. VM166-D2012. Archives de la Ville de Montréal.
Atlas historique de Montréal. Jean-Claude Robert.
Bonjour,
j’ai constaté une petite erreur concernant la photo № VM94-M118-009, visible à l’addresse suivante: https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/29796993685/in/album-72157674109056645/
Vous affirmez qu’il s’agit d’une photo de la construction de la station Mc-Gill. Or, il s’agit plutôt d’une photo de la construction de l’accès nord-ouest de la station Place-des-Arts; on voit très bien l’édifice du «Black Watch» dans le fond, lequel se trouve sur la rue de Bleury…
Voici d’ailleurs une vue sur Google Street View prise à peu près au même endroit que le photographe, où on voit bien l’édifice du «Black Watch».
Merci et bonne journée!
(J’ai passé deux nuits à regarder les 8008 photos que vous venez de poster…)
(Ça va mieux avec le lien)
https://www.google.ca/maps/@45.5070409,-73.5690686,3a,39.4y,311.78h,93.27t/data=!3m6!1e1!3m4!1sRmOqAyjnPstrruvZYWb17g!2e0!7i13312!8i6656?hl=fr
Bonjour,
Merci pour les précisions.
Bonne journée.