À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
***
Ingénieur et créateur
Claude Robillard n’est pas qu’un complexe sportif. Avec Jacques Viger au 19e siècle, il est l’un des rares fonctionnaires municipaux à avoir profondément marqué la Ville de Montréal.
À la fois artiste, gestionnaire et visionnaire, Robillard est né à Montréal le 30 juin 1911. Il fait ses études au collège Sainte-Marie avec, entre autres, Pax Plante, Pierre Dansereau et André Laurendeau. En 1935, il obtient son diplôme de l’Université McGill en génie électrique.
Étudiant impliqué au moment de ces études. il écrit des romans, des nouvelles, des textes dramatiques et de nombreux poèmes que l’on retrouve dans ses archives qui sont conservées à la Ville de Montréal. En 1931, il remporte un deuxième prix lors d’un concours littéraire pour l’un de ses romans.
Arrivé sur le marché du travail en 1935, il exerce tout d’abord sa profession d’ingénieur à Bell Canada jusqu’en 1942 et à la compagnie Québec Power durant les deux années subséquentes.
En 1938, Claude Robillard apporte sa contribution à la première revue théâtrale Les Fridolinades de Gratien Gélinas, père de la dramaturgie québécoise avec, entre autres, la pièce Ti-Coq.
Le personnage très populaire qu’est Fridolin connait aussi un grand succès à la radio grâce aux textes écrits par Gélinas et Robillard, qui cesse sa collaboration en 1939.
Entrée à la Ville de Montréal
En 1945, celui qui s’identifie comme écrivain et ingénieur fait son entrée au cabinet du directeur du Service des Travaux publics de la Ville de Montréal, où il s’occupe de la publicité et des relations extérieures.
Tout en oeuvrant dans l’administration municipale, Robillard écrit les livres pour enfants Jeannot La Flèche, Mimi la fourmi et L’ours Grichou sous le nom de Claude de même que l’ouvrage La géographie pour les tout-petits.
En 1948, dans un texte publié, il précise sa vision de la vie en milieu urbain. Selon lui, il faut laisser la Ville respirer en multipliant les espaces verts et donc entourer les quartiers résidentiels par une ceinture verte et les isoler des zones industriels. En pleine période de baby-boom, Robillard écrit : «À ces parcs doivent s’ajouter des terrains de jeux, car il faut arracher l’enfant à la rue et à la ruelle». Bref, Claude Robillard veut transformer la Ville et favoriser le développement de l’enfant.
En 1951, il est nommé surintendant des parcs au sein du Service des travaux publics.
Deux années plus tard, cette division devient un service autonome avec Robillard à sa tête. Commence alors un âge d’or qui durera près de 10 ans.
Le Service des parcs
Pour Robillard, l’art et le sport sont indissociable pour le développement de l’enfant. Il a même dit : «Nous ne voulons pas négliger l’art pour le sport ou le sport pour l’art.»
Ses réalisations au Service des parcs sont nombreuses. Mentionnons, en premier lieu, l’aménagement des parcs et des terrains de jeu avec la construction d’abris servant aussi de vespasiennes et, à compter de 1954, l’introduction des pataugeoires.
À la montagne, on lui doit le chalet du Lac aux castors. Au parc la Fontaine, il invente, pour ainsi dire, le Jardin des merveilles.
Sous son règne, les piscines de l’île Sainte-Hélène sont inaugurées et on construit le centre Pierre-Charbonneau et l’aréna Maurice-Richard. Le jeu organisé avec moniteurs prend son essor. En 1956, ce sont 70 000 jeunes qui sont inscrits aux activités avec à la fin de l’été l’immense parade des parcs.
Ses réalisations culturelles comptent le Théâtre de verdure du parc La Fontaine; l’introduction de la peinture, de la photo, de la danse et du chant dans les activités de loisirs; des expositions d’art dont celles en plein air qui se tiennent au square Dominion; et, évidemment le théatre La Roulotte qui, pour une 62e année, fera le tour des parcs en 2015.
Le théâtre La Roulotte
Ce théâtre est une très belle histoire qui met en vedette Robillard de même que le comédien et metteur en scène Paul Buissonneau.
En 1952, Claude Robillard fait construire une scène ambulante qui prend le nom de La Roulotte. Son objectif est de permettre aux enfants des parcs de monter sur scène et de présenter leur numéro.
Il propose donc à Paul Buissonneau d’animer la Roulotte. Ce dernier va convaincre Robillard d’initier plutôt les enfants au théâtre en présentant des sketchs préparés par lui et de jeunes comédiens tout en gardant la formule du spectacle d’amateurs. L’aventure de la Roulotte vient de commencer.
Les dernières années
En 1961, Claude Robillard devient directeur du Service d’urbanisme de Montréal et joue un rôle important dans le réaménagement du centre-ville de l’époque. De plus, depuis 1957, il est aussi le directeur général de la corporation qui met sur pied la Place des Arts et ce, jusqu’au 1er novembre 1963.
Cette même année, on lui confie la direction de l’aménagement d’Expo 67, poste qu’il n’occupera que quelques mois. Il démissionne, quitte la Ville de Montréal et œuvre par la suite dans quelques organismes privés.
Il meurt le 24 mai 1968 à l’âge de 56 ans des suites d’une longue maladie laissant dans le deuil son épouse et 6 enfants.
Dans une article du journal La Presse en 1962, Pierre Bourgault écrivait que «Claude Robillard est si divers qu’il faudrait des pages pour le décrire adéquatement». Pour le paraphraser, seul un long documentaire pourrait vraiment rendre justice à son œuvre montréalaise.
Voir aussi
https://archivesdemontreal.com/2014/09/29/la-jardin-des-merveilles-1957-1988/
https://archivesdemontreal.com/2012/06/07/jardin_des_merveilles/
https://archivesdemontreal.com/2014/12/01/paul-buissonneau-1926-2014/
https://archivesdemontreal.com/2012/08/09/le-theatre-la-roulotte-a-60-ans/
https://archivesdemontreal.com/2014/12/22/des-voeux-originaux-des-fetes/