Chaque année, la section des archives préserve, traite, numérise et diffuse des milliers de documents d’archives. Or, avec le temps, force est d’admettre que tous ces documents semblent souvent avoir un point crucial en commun : l’écureuil d’Amérique. Au détour de chaque boîte ou de chaque nouveau dossier jauni s’impose inexorablement la présence de ce sympathique rongeur. Photos, dessins, journal intime, poèmes, analyses comparées, discours politiques enflammés, l’écureuil est évoqué ou salué partout dans les archives de la Ville de Montréal.
Il nous semble donc aujourd’hui temps de rendre hommage à cet incontournable pionnier de nos forêts septentrionales, en soulignant quelques éléments clés de son histoire montréalaise et québécoise.
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1642 : Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, et Jeanne Mance fondent Montréal. Ils y rencontrent un délicieux petit rongeur qu’ils surnomment le tendre grisou. L’écureuil s’avère en effet particulièrement délectable servi en fricassée au vin blanc et devient le délice des colons français. Quelque 300 ans plus tard, Jehane Benoit redonnera à cette célèbre recette ses lettres de noblesse en l’incluant à ses publications.
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1759 : La bataille fait rage sur les plaines d’Abraham. Le général Wolfe s’effondre soudain, touché par trois balles. Il meurt entouré de ses officiers dévoués et d’un écureuil, qui attend patiemment le départ de tout ce beau monde pour récupérer ses noisettes enterrées.
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1833 : Le premier maire de Montréal, Jacques Viger propose la création des armoiries de la Ville, constituées de quatre emblèmes rappelant les origines de la population de Montréal au 19e siècle. De vives discussions surviennent, alors que l’on tergiverse entre l’adoption du castor ou de l’écureuil comme symbole des Canadiens français. Le castor l’emporte après un débat épuisant qui dure plus de 8 heures.
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1915 : La Première Guerre mondiale fait rage. Dans les tranchées françaises, les soldats canadiens français font appel à une vieille technique de communication amérindienne en utilisant le polatouche. Les différents régiments échangent des signaux de tranchées à tranchées en lançant à bout de bras ces écureuils volants qui retombent en vols planés. Un lancer de deux polatouches marque ainsi la préparation d’une retraite.
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1922 : Catastrophe. L’hôtel de ville est en proie aux flammes. On découvre qu’un écureuil a malencontreusement grignoté un fil électrique, profitant d’une fenêtre laissée ouverte par le maire Médéric Martin. Il est malheureusement trop tard pour arrêter l’incendie et le bâtiment brûle entièrement.
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1955 : Jacques Piché, employé au greffe de la Ville, recueille un écureuil roux blessé sur les parterres de l’hôtel de ville. Le sympathique rongeur est adopté par toute la section des archives, qui le surnomme affectueusement Pistache. Pistache devient rapidement la mascotte des archives, accueillant les visiteurs, confortablement installé dans son coussin, sur le comptoir de la salle de consultation.
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1959 : Paul Buissonneau cherche désespérément à intégrer un personnage animal crédible dans son prochain spectacle. Usant de son enthousiasme légendaire, il s’entête à apprivoiser un écureuil sur le mont Royal qu’il baptise Popol. Peine perdue, Popol ne possède pas l’intensité dramatique requise pour un comédien de haut rang et s’entête plutôt à enterrer des noisettes un peu partout.
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2015 : En cette belle journée du 1er avril, la Section des archives trouve ce moyen quelque peu rêveur de vous remercier très sincèrement de votre intérêt constant, en vous promettant de nouvelles (véritables) découvertes tout au long de l’année! Si elles nous permettent chaque jour de construire notre rapport au temps qui passe, les archives sont également porteuses d’imaginaire et de devenir. Merci!