Depuis le 22 septembre, à tous les lundis et pour une deuxième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com
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Les origines
Les loteries sont très présentes dans l’histoire de Montréal. Par exemple, en 1783, une loterie est mise sur pied dans le but de transformer la résidence des Jésuites sur l’actuelle Place Vauquelin en prison. Cent ans plus tard, en 1884, le curé Antoine Labelle crée la Loterie nationale de colonisation du Curé Labelle. Toutefois, en 1892, le gouvernement rend les loteries illégales en vertu du Code criminel.
Tout au long de la première moitié du 20e siècle, plusieurs maires et conseillers municipaux montréalais souhaitent que les loteries soient à nouveau légalisées. Durant la grande crise des années 1930, le maire Camillien Houde voudrait bien les utiliser pour venir en aide aux nombreux chômeurs. Durant cette même décennie, en 1936, le journaliste et conseiller Léon Trépanier fait paraître une brochure de 80 pages sur le sujet.
La mise en place
Avec la construction du métro ainsi que tous les travaux qui ont mené à Expo 67, le budget municipal montréalais est déficitaire. Le maire Jean Drapeau prépare un grand coup pour éviter d’augmenter le fardeau financier des contribuables montréalais.
Comme il sait que les loteries sont illégales, il propose plutôt de mettre sur pied une taxe volontaire, ce qui lui permettait de contourner la loi. À la stupéfaction de tous, il annonce sa création le 2 avril 1968 lors du dépôt du budget. Évidemment, tous les médias mentionnent que Montréal vient de mettre sur pied la première loterie gouvernementale au Canada.
Selon le maire de Montréal, ce n’est pas une loterie car les lots seront remis en lingots d’argent. De plus, les gagnants devront répondre à des questions de culture générale.
Quelques jours plus tard, le 10 avril, le conseil municipal autorise le Comité exécutif à mettre sur pied la perception de taxes volontaires et à établir 151 prix d’une valeur de 150 000$
La publicité
La Ville travaille avec l’agence de publicité québécoise BCP, dirigé par Jacques Bouchard, qui est responsable de la campagne «Lui y connait ça» pour la bière Labatt avec le comédien Olivier Guimond. Pour la publicité s’adressant aux francophones, on fait appel à deux comédiens connus qui jouent avec Olivier Guimond dans la série Cré Basile à Télé-Métropole : Denis Drouin et Gilles Latulippe.
Les billets reproduisent sensiblement les comptes de taxes municipales et le slogan est «As-tu envoyé ton $2». Pour les anglophones, on ne mise pas sur des personnes connues et le slogan est «Sent in your 2 dollars to win?»
Les tirages
La Ville met sur pied une organisation spécifique à la taxe volontaire dont le personnel s’installe au second étage du marché Atwater
Le premier tirage a lieu le 27 mai 1968. Le gros lot est de 100 000$ avec 150 lots d’une valeur totale de 50 000$. Pour ce premier événement le montant des billets vendus s’élève à plus de 1 200 000 $ alors que l’objectif visé était plutôt le double.
Le tirage se fait dans un amphithéâtre et les gagnants doivent répondre à 4 questions.
À l’endos des billets, on retrouve 20 réponses à des questions historiques ou contemporaines sur Montréal qui pourraient être posées. Par exemple, la fondation de Montréal, les 2 compagnies de chemins de fer, le nom du fleuve ou le nom du grand centre culturel de la Ville.
La première gagnante du grand prix, madame Venitia Barrette, est une mère de 10 enfants de Longueuil. Il est intéressant de noter que sur les 12 premiers tirages, ce sont 11 femmes qui ont gagné les lingots d’argent.
La fin
Au moment où la taxe volontaire est lancée, plusieurs doutent de la légalité du projet. Le gouvernement du Québec porte la cause en Cour d’appel dès mai 1968, soutenant que la taxe volontaire est une loterie. En septembre de la même année, la Cour rend une décision serrée à 3 contre 2 déclarants que la taxe volontaire est illégale. Le maire Drapeau conteste la décision en Cour Suprême.
Entre temps, le gouvernement fédéral adopte une loi légalisant les loteries où seuls lui et les gouvernements provinciaux peuvent en mettre sur pied. Le dernier tirage de la taxe volontaire a lieu en novembre et la Ville met fin à l’aventure avant Noël. Quelques jours plus tard, le parlement québécois vote la création de Loto-Québec dont le 1er tirage aura lieu le 14 mars 1970.
Il ne faut donc pas oublier que le véritable fondateur de Loto-Québec est le maire de Montréal, Jean Drapeau.
Bonjours,
Je suis en possession de petits lingots accordés aux finalistes de cette loto et je me demandais ce qu’en était la valeur actuelle.