Montréal et la Grande Guerre : et c’est la fin… (5e d’une série de 6).

VM98-Y_2P027

Montréal. 1914.

Il y a maintenant 100 ans, la Grande-Bretagne entrait en guerre contre l’Allemagne, entraînant à sa suite le Canada et les autres dominions britanniques. Comment les Montréalais, partis au front ou demeurés au pays, ont-ils vécu ce terrible conflit, d’une intensité sans précédent? Cette série de six articles vise à partager certaines traces émouvantes du passage de Montréal à travers cette époque troublée, qui ont été conservées dans nos chambres fortes.

 ***

Prisonniers allemands en Champagne. 1915. SHM4,S4,D14.

Prisonniers allemands en Champagne. 1915. SHM4,S4,D14.

En 1917, de nombreux Canadiens ont déjà été envoyés au front mais les pertes humaines continuent de s’avérer terribles. Il faut recruter toujours plus. Le gouvernement fédéral institue le Service national, visant à recenser tous les hommes âgés entre 16 et 65 ans. Beaucoup de Montréalais voient dans ce recensement les prémices d’une conscription prochaine. Plusieurs citoyens refusent de remplir leur carte d’enregistrement, malgré les invitations répétées des autorités politiques et religieuses. Des membres de l’Association catholique de la jeunesse canadienne-française font même imprimer de nombreux feuillets portant l’inscription « À bas la conscription – Down with conscription », qu’ils placardent partout en ville.

Carte d'enregistrement pour le Service national distribuée à Montréal. 1917. P25,SB,SS1,D2.

Carte d’enregistrement pour le Service national distribuée à Montréal. 1917. P25,SB,SS1,D2.

Texte de la loi sur la conscription. 1917. SHM4,S4,D13

Texte de la loi sur la conscription. 1917. SHM4,S4,D13

Affiches montréalaises contre la conscription. 1917. SHM4,S4,D13.

Affiches montréalaises contre la conscription. 1917. SHM4,S4,D13.

La méfiance face à la conscription est encouragée par les épreuves réelles vécues par les familles montréalaises parties à la guerre, comme en témoigne ce rapport d'enquête mené en 1917. P25,SB,SS1,D2

La méfiance face à la conscription est encouragée par les épreuves réelles que vivent les familles montréalaises parties à la guerre. Ce rapport d’enquête mené en 1917 sur la famille Désourdy de Maisonneuve en témoigne. P25,SB,SS1,D2

Prisonniers allemands sur le front. 1915. SHM4,S4,D14.

Prisonniers allemands sur le front. 1915. SHM4,S4,D14.

Durant l’été 1917, le premier ministre Robert Laird Borden dépose un projet de loi sur le service militaire obligatoire. Les esprits s’échauffent et de nombreux Montréalais s’assemblent au marché Saint-Jean-Baptiste, au parc Lafontaine ou au parc Jeanne-Mance afin de protester contre le projet de conscription. En dépit de son opposition au service obligatoire, le maire Médéric Martin lance un appel constant au calme et au respect de la propriété privée.

Texte de la loi sur le service militaire. 1917. SHM4,S4,D13.

Texte de la loi sur le service militaire. 1917. SHM4,S4,D13.

Les premiers conscrits seront les "hommes célibataires ou veufs, sans enfants, (...) nés depuis le 1er janvier 1883.

Les premiers conscrits sont les « hommes célibataires ou veufs, sans enfants, (…) nés depuis le 1er janvier 1883 ». SHM4,S4,D13.

Face à cette loi, les demandes d'exemptions seront extrêmement nombreuses chez les Montréalais visés. 1917. SHM4,S4,D13.

Face à cette loi, les demandes d’exemptions seront extrêmement nombreuses chez les Montréalais visés. 1917. SHM4,S4,D13.

Olivar Asselin écrit en 1917 sur les réactions des Canadiens face à la conscription. P104,S1,SS1,D1.

Olivar Asselin écrit en 1917 sur les réactions des Canadiens face à la conscription. P104,S1,SS1,D1.

La loi promulguée en août entraîne de violentes émeutes à Montréal : des citoyens furieux fracassent les vitrines et les lampes électriques du Champ-de-Mars, assaillent des tramways ou attaquent des policiers et plusieurs personnes sont blessées. Le fossé se creuse toujours plus entre francophones et anglophones. La presse anglophone critique sans relâche les Canadiens français, qui demeurent méfiants face à un conflit perçu comme étranger et une armée canadienne qui fonctionne presque exclusivement en anglais. Les tensions entre les deux parties atteignent des paroxysmes nouveaux.

À l'été 1917, des lettres supposément écrites par les étudiants de l'Université McGill et de l'Université Laval à Montréal décrivent la violente prise de position opposant la jeunesse anglophone et francophone au sujet de la conscription. Le texte attribué à l'Université Laval évoque une manifestation organisée contre la conscription. La réponse attribuée à l'Université McGill traite les étudiants canadiens français de "miserable disloyal traitors". Les autorités des deux institutions démentent l'authenticité de cette correspondance. 1917. BM17,S2,D1.

À l’été 1917, des lettres supposément écrites par les étudiants de l’Université McGill et de l’Université Laval à Montréal reflètent la violente opposition existant entre la jeunesse anglophone et francophone au sujet de la conscription.
Le texte attribué aux étudiants de l’Université Laval évoque une manifestation qu’ils tiendront contre la conscription sur le campus McGill. La réponse attribuée à l’Université McGill traite les étudiants canadiens français de « miserable disloyal traitors ». Les autorités des deux institutions démentent l’authenticité de cette correspondance. 1917. BM17,S2,D1.

La presse anglophone malmène fortement la population canadienne française, comme en témoigne cette lettre de protestation, envoyée au London Standard en novembre 1917, par un militaire canadien campé en Angleterre. P104,S1,SS1,D1.

La presse anglophone attaque régulièrement la population canadienne française, comme en témoigne cette lettre de protestation, envoyée au London Standard en novembre 1917, par un militaire canadien campé en Angleterre. P104,S1,SS1,D1.

Appliquée dès la mi-octobre, la conscription est difficile : les demandes d’exemption sont nombreuses. Plusieurs choisissent de fuir la ville ou de se cacher. Certaines opérations de recherche menées par la police militaire tournent au drame, y compris dans les autres villes de la province : le 1er avril 1918, une fusillade cause ainsi la mort de quatre hommes à Québec. Les autorités vont toutefois suspendre cette chasse aux insoumis alors que Montréal doit combattre une épidémie de grippe espagnole qui cause sur son territoire plus de 50 morts par jour. Afin de contrer la contagion, les universités, les théâtres et les cinémas ferment leur portes, les messes sont suspendues, et le refuge Meurling se transforme en hôpital.

Pendant ce temps, les forces alliées sont finalement en train de remporter la victoire contre les Allemands. Olivar Asselin évoque dans cette longue lettre la libération de la Belgique et certains aspects tragiques de la guerre. 1918. BM55,S2,D21.

Pendant ce temps, les forces alliées sont finalement en train de remporter la victoire contre les Allemands. Olivar Asselin évoque dans cette longue lettre la libération de la Belgique et certains aspects tragiques de la guerre. 1918. BM55,S2,D21.

La page titre de la Gazette le 11 novembre 1918. SHM4,S4,D13.

La page titre de la Gazette le 11 novembre 1918. SHM4,S4,D13.

Carte postale illustrant la libération de Strasbourg en 1918. P104,S1,SS1,D1.

Carte postale illustrant la libération de Strasbourg en 1918. P104,S1,SS1,D1.

Heureusement, la guerre semble tirer à sa fin. Une fausse nouvelle fait croire aux Montréalais que l’armistice est signé le 7 novembre. Des parades s’improvisent, les employés de la ville se voient octroyer un congé et tout le monde célèbre joyeusement dans les rues bondées. La nouvelle s’étant avérée prématurée, les célébrations reprennent de plus belle le 11 novembre, alors que l’armistice est cette fois bien réel.

Défilé de la victoire sur la rue Sherbrooke, le 19 novembre 1918. On aperçoit ici des Amérindiens de Kahnawake vêtus de leur costume traditionnel. BM42,G1050.

Défilé de la victoire sur la rue Sherbrooke, le 19 novembre 1918. On aperçoit ici des Amérindiens de Kahnawake vêtus de leur costume traditionnel. BM42,G1050.

Un tank sur la rue Sherbrooke. 1918. Musée McCord.

Un tank sur la rue Sherbrooke. 1918. Musée McCord.

Les Victoria Rifles, de retour à Montréal en 1919. Musée McCord.

Les Victoria Rifles, de retour à Montréal en 1919. Musée McCord.

***

À suivre! Prochain et dernier article : une annonce spéciale de la Section des archives.

***

Sources

  • Archives de la Ville de Montréal.
  • Rumilly, Robert. Histoire de Montréal (tome 3). 1972,  524 p.
  • Linteau, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération. 1992,  613 p.
  • Astorri, Antonella et Patrizia Salvadori. Histoire illustrée de la Première Guerre mondiale. 2008. 191 p.
  • Photographies du Musée McCord. 

Partagez cet article :

2 réponses à Montréal et la Grande Guerre : et c’est la fin… (5e d’une série de 6).

  1. Sylvie dupuis dit :

    Bonjours. Mon arrière arrière grand-père . Était majors dans l’armé et photographe du Canadien National, Je sais qu’il était aussi ami avec la Grande Famille Simard ( port de Trois -Rivières) . Il se nommait Walther Devoy. Je sais qu’il y a quelqu’un . Qui a vendu ses photos.Il avait même photographier la reine mère et ses filles. J’aimerais savoir ou je pourrais avoir des informations.
    MERCI!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *