Le matin du 24 juillet 1967, à bord d’une voiture nolisée, le général de Gaulle quitte Québec en direction de Montréal. Le cortège s’arrête brièvement à Donnacona et à Sainte-Anne-de-Pérade où le président français prononce de très courtes allocutions. À Trois-Rivières, le général est accueilli par les notables de la région et prend le déjeuner. On repart vers 15heures avec des arrêts à Louiseville, Berthier et Repentigny. La voiture présidentielle franchit le pont Legardeur pour finalement atteindre l’île de Montréal; on emprunte la rue Notre-Dame jusqu’à la rue Lebrun dans l’ancienne municipalité de Tétraultville. Autour de la traverse de chemin de fer, près de l’avenue Souligny, adultes et enfants attendent avec impatience. Du côté ouest de la rue, tous agitent de petits drapeaux du Québec alors que du côté est, ce sont ceux de la France. Le passage du cortège ne dure que quelques secondes. La voiture au toit fermé file au nord jusqu’à la rue Sherbrooke ensuite au sud sur la rue Saint-Denis vers l’hôtel de ville en passant par les rues Craig (devenue Saint-Antoine), Gosford et Notre-Dame.
La foule y est dense. Le maire Drapeau avait d’ailleurs invité les Montréalais à se rendre en grand nombre devant l’hôtel de ville. Au journal Dimanche-Matin de la veille, il mentionne que ce « sera l’un des meilleurs endroits pour le voir ». En raison du beau temps, le maire fait enlever la marquise qui couvre le grand escalier extérieur.
Le président français et le premier ministre du Québec Daniel Johnson accompagnés de mesdames de Gaulle et Johnson sont accueillis par le maire Jean Drapeau et son épouse Marie-Claire. Ils gravissent les marches de l’escalier d’honneur et se retournent vers la foule. La fanfare du Service des incendies de Montréal joue « La Marseillaise ». Après avoir salué, le général entre à l’intérieur de l’hôtel de ville et se rend au balcon du second étage d’où la foule peut le voir. Aucun discours n’est prévu au programme. Toutefois, des micros y sont installés et de Gaulle décide de s’adresser à la foule. De là, il lance un cri qui retentira aux confins de la planète : « Vive le Québec Libre! ». La stupéfaction du maire Drapeau est grande.