Au parc Belmont, c’est la fête! Souvenirs de juillet 1953.

L’entrée du parc Belmont, avec ses deux tourelles caractéristiques, initialement dessinées par l’architecte Edgar Prairie. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-017. Archives de la Ville de Montréal.

L’entrée du parc Belmont, avec ses deux tourelles caractéristiques, initialement dessinées par l’architecte Edgar Prairie. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-017. Archives de la Ville de Montréal.

Du 14 au 17 juillet 1953, c’est la fête au parc Belmont! Tous les enfants des terrains de jeux de Montréal sont conviés à leur traditionnel carnaval annuel, organisé par l’administration municipale. Au programme, tours de manèges, bien sûr, mais également jeux de course, chants, animation, prix spéciaux, etc. Même le vénérable Camillien Houde, dont c’est l’avant-dernière année en tant que maire de Montréal, est sur place! L’événement est plus particulièrement chapeauté par le tout nouveau Service des parcs de la Ville de Montréal, fraîchement émancipé de son ancien statut de simple division au sein du Service des travaux publics.

Au parc Belmont : dans les bateaux tamponneurs. Surnommé la « Marine de Cartierville », ce manège comportait 25 petits bateaux à 2 places, alimentés via une tige par un grillage électrifié. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-002. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans les bateaux tamponneurs. Surnommé la « Marine de Cartierville », ce manège comportait 25 petits bateaux à 2 places, alimentés via une tige par un grillage électrifié. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-002. Archives de la Ville de Montréal.

Quoi de mieux que le mythique parc Belmont pour organiser cette grande réunion? Dans les années 1950, le site est en effet cher à la plupart des jeunes (et moins jeunes) Montréalais. Il accueille près de 800 000 visiteurs annuellement après seulement une trentaine d’années d’existence.

Au parc Belmont : dans les manèges. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-040. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans les manèges. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-040. Archives de la Ville de Montréal.

C’est en 1923 qu’est fondé le parc Belmont, aux abords de la rivière des Prairies, à Cartierville. Le terrain est acheté au docteur Le Cavelier, dont les Archives de Montréal possèdent certaines archives. Quatre hommes d’affaires canadiens-français sont à l’origine du projet : Ernest Gaudreau (propriétaire de l’hôtel Lumkin’s dans Côte-des-Neiges), Louis-Philippe Godin (propriétaire de l’Alberta Hôtel du CP, sur Windsor), Léon Couture (propriétaire de l’hôtel Arbour sur Saint-Laurent) et Edgar Methot. Le parc d’amusement Belmont s’inscrit dans une tradition déjà bien établie à Montréal, alors que le parc Sohmer (1889-1919) ou le parc Dominion (1906-1937) se sont inspirés avant lui des fêtes foraines américaines.

Publicité pour le parc Sohmer en 1889. BM1-11_01 (page 20). Archives de la Ville de Montréal.

Publicité pour le parc Sohmer en 1889. BM1-11_01 (page 20). Archives de la Ville de Montréal. Ouvert entre les anciennes rues Water et de Salaberry et les rues Notre-Dame et Panet, dans l’est de Montréal, le parc ferme en 1919 suite à un incendie majeur.

Au parc Dominion à la fin des années 1920. Le manège Shoot the Chutes. Photo de F. Dowd. P152. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Dominion à la fin des années 1920. Le manège Shoot the Chutes. Photo de F. Dowd. P152. Archives de la Ville de Montréal. Ouvert en 1906 entre le fleuve Saint-Laurent et la rue Notre-Dame (près de l’avenue Haig), le parc ferme ferme en 1937.

Le réseau de tramways à Montréal en 1924. VM66-6P013. AVM.

Le réseau de tramways à Montréal en 1924. VM66-6P013. AVM.

Desservi dès son ouverture par les tramways de Montréal (une voie unique relie la « Snowdon junction » au sud avec la rue Grenet et le boulevard Gouin au nord), le parc Belmont devient progressivement le lieu d’amusement favori des habitants de Montréal. La Compagnie des tramways de Montréal se voit rapidement obligée de construire une voie double en raison du nombre croissant de voyageurs. Les familles moins fortunées de l’Est de Montréal raffolent particulièrement de ce site à l’entrée peu coûteuse, où chacun paye à l’unité les manèges qu’il choisit, à l’aide d’un système de coupons.

Au parc Belmont : dans les montagnes russes (le Cyclone), en service de 1923 à 1983. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-029. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans les montagnes russes, en service de 1923 à 1983. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-029. Archives de la Ville de Montréal.

En 1937, la disparition du parc Dominion et de sa centaine de manèges à Longue-Pointe (dont le célèbre Shoot the Chutes), favorise la montée en popularité du parc Belmont. Cet essor est également encouragé par l’arrivée en 1932 de nouveaux propriétaires influents, incluant Hector Racine (président des Royaux de Montréal), Louis-Marcel Lymburner (vice-président de la compagnie d’assurances La Sauvegarde) et Charles-Émile Trudeau (entrepreneur, père de Pierre Elliott Trudeau, qui sera lui-même directeur du parc en 1956).

Aucune attraction n’est négligée afin de satisfaire les visiteurs de plus en plus nombreux. Montagnes russes hautes de 70 pieds (le Cyclone), manèges mécaniques fréquemment renouvelés (le Hurricane, la Souris folle, le Loop-O-Plane, le Tapis volant…), spectacles d’acrobates renommés à travers le monde, feux d’artifice, soirées de lutte, « freak shows », salle de danse ou projections de films sont notamment au menu.

Au parc Belmont : dans les manèges. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-037. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans les manèges. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-037. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans la grande roue. Juillet 1953. VM105-Y-2_010-014. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans la grande roue. Juillet 1953. VM105-Y-2_010-014. Archives de la Ville de Montréal.

Le parc Belmont vit son apogée dans les années 1940 à 1960. De nouveaux manèges et attractions sont proposés chaque année (on en compte 35 en 1958 comparativement aux 2 existant en 1923) et parviennent à attirer plus de 30 000 personnes à la fois lors des meilleurs jours.  De plus, le lieu est utilisé pour la tenue de piques-niques corporatifs, événements qui attirent eux-même des milliers de personnes. Dès la fin des années 1940, la Division des jeux et des sports de la Ville de Montréal (puis le Service des parcs), y organise ainsi certaines éditions de son pique-nique annuel des enfants.

Une édition précédente du pique-nique annuel des enfants, également tenue au parc Belmont, celle-là en 1948. VM114-Y-1-1-D071-001. Archives de la Ville de Montréal.

Une édition précédente du pique-nique annuel des enfants, également tenue au parc Belmont, celle-là en 1948. VM114-Y-1-1-D071-001. Archives de la Ville de Montréal.

Le choix de Montréal comme hôte de l’exposition universelle de 1967 vient toutefois brouiller les cartes. Le maire Jean Drapeau souhaite profiter d’Expo 67 pour offrir un tout nouveau parc d’attractions aux Montréalais. La Ronde voit le jour, et avec cette naissance s’amorce le déclin du parc Belmont. Dure concurrence en effet que celle de La Ronde : le nouveau parc, qui occupe une superficie de 130 acres, bénéficie d’un investissement massif de 25 millions de dollars, et profite des conseils de spécialistes venus de Disneyland et des jardins de Tivoli…

Au parc Belmont : les délices de la barbe à papa. Juillet 1953. VM105-Y-2_010-024B. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : les délices de la barbe à papa. Juillet 1953. VM105-Y-2_010-024B. Archives de la Ville de Montréal.

Dans les années 1970, le parc Belmont connait de surcroit diverses infortunes. Entre 1977 et 1979, plusieurs accidents surviennent : une poutre du Parachute Troopers tombe sur une petite fille, le Tilt-A-Whirl déraille et blesse deux personnes, un wagon du Mouse Trap en emboutit un autre et une adolescente est éjectée du Bullet suite à l’ouverture malencontreuse d’une porte. L’administration municipale parle de laxisme en matière de sécurité. La police intervient parallèlement au parc Belmont afin d’enquêter sur des jeux d’adresse illégaux. Rien pour redorer le blason d’une institution vieillissante, qui doit être vendue à une nouvelle société en 1980. Malgré le changement de propriétaire et une importante cure de rajeunissement, le parc Belmont ferme définitivement à la fin de la saison 1983.

Au parc Belmont : dans les manèges. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-001. Archives de la Ville de Montréal.

Au parc Belmont : dans les manèges. Juillet 1953. VM105-Y-2_011-001. Archives de la Ville de Montréal.

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Venez vous amuser au parc Belmont, grâce à notre sélection de 47 photos captées par le Service des parcs en juillet 1953 : 

https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/albums/72157710585209011

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Pour consulter les reportages photographiques complets dans notre catalogue :

https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pique-nique-annuel-des-enfants-au-parc-belmont-juillet-1953

https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pique-nique-annuel-des-enfants-au-parc-belmont-juillet-1953-1

https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pique-nique-annuel-des-enfants-au-parc-belmont-juillet-1953-2

https://archivesdemontreal.ica-atom.org/pique-nique-annuel-des-enfants-au-parc-belmont-juillet-1953-3

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Sources / Pour en savoir plus

 

Parc Belmont. VM166-D1901.239. Archives de la Ville de Montréal.

Demers, Tristan. 2017. Emmène-nous à la Ronde : 50 ans de plaisirs forains.

Proulx, Steve. 2005. Les saisons du parc Belmont, 1923-1983.

Service des parcs (Montréal). 1954. Rapport annuel. XCD00-P6356. Archives de la Ville de Montréal.

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2 réponses à Au parc Belmont, c’est la fête! Souvenirs de juillet 1953.

  1. Yassine dit :

    Ça me rappelle de bons souvenirs. J’ai encore deux ou trois photos couleur du Parc Belmont prises dans les années 80.

  2. Pierre Carbonneau dit :

    Je me rappelle qu’aller au parc Belmont, c’était toute une aventure, juste la ride en tramway sur la ligne 17 Cartierville, en valait la peine… Les tramways sentaient le vieux rotin et tombaient parfois en panne en plein milieu des champs… Mais arrivés au bout de la ligne, on était contents de pouvoir passer tout un après-midi au parc à s’amuser avec moins d’un dollar en poche…

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