Chronique Montréalité no 18 – Brève histoire des ruisseaux de Montréal

Depuis le 22 septembre, à tous les lundis et pour une deuxième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/).  Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com

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Ruisseau Raimbault, 18 octobre 1945, VM94-Z373-7

Ruisseau Raimbault, 18 octobre 1945, VM94-Z373-7

La découverte 

Lorsque Paul de Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance et le groupe de colons atteignent Montréal le 17 juillet 1642, ils choisissent de s’installer sur la pointe entre le fleuve et la petite rivière ou rivière Saint-Pierre, site actuel du musée Pointe-à-Callière.

Comme ce site est sujet aux crues printanières, on décide de remonter plus haut sur ce que l’urbaniste Jean-Claude Marsan a identifié comme un territoire en dos d’âne qui monte jusqu’à l’actuelle rue Notre-Dame et redescend vers le ruisseau Saint-Martin (actuelle rue Saint-Antoine).

Les nouveaux habitants vont graduellement découvrir des ruisseaux qu’ils nommeront Prudhomme, Notre-Dame des Neiges ou Migeon.

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Carte de l’île de Montréal, 1744, BM5-C-26-050

Le rôle 

Les ruisseaux sont à la fois des lieux d’événements, des lieux d’établissement, des lieux d’activités économiques et des obstacles.

En 1690, une vingtaine de Français combattent une centaine d’iroquois à la coulée Grou actuellement située dans le parc Pointe–aux-Prairies. La moitié des hommes sont tués. Cette coulée faisait partie du ruisseau Desroches.

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Carte de l’île de Montréal [détail], 1744, BM5-C-26-050

Quelques années plus tard, en 1698, le supérieur des Sulpiciens Vachon de Belmont demande à Gédéon de Catalogne de borner des terres du côté Nord-ouest du mont Royal.
Il veut créer un nouvel établissement que l’on désigne alors sous le nom de côte.

On choisit de délimiter des terres de chaque côté du ruisseau Notre-Dame-des-Neiges qui descend de la montagne et abouti dans la Rivière-des-Prairies. C’est l’acte de naissance de la Côte-des-Neiges.

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Côte-des-Neiges, 1879, P501-1_06 (extrait)

Toujours à l’époque de la Nouvelle-France, les ruisseaux servent aussi à l’activité économique de la colonie montréalaise. En effet, l’industrie des tanneries s’installe en premier lieu sur les bord du ruisseau Saint-Martin. Toutefois, en raison des mauvaises odeurs qu’elles dégagent, les autorités les poussent à l’extérieur de la ville.

De nouvelles installations voient le jour dans le secteur de Saint-Henri près du ruisseau connu plus tard sous le nom de Glen, le long du ruisseau Notre-Dame-des-Neiges ou près d’un autre ruisseau où s’installeront les Plessis-dit-Bélair et qui deviendra le premier village du Plateau Mont-Royal.

Finalement, ces cours d’eau demeurent des obstacles car il faut continuellement les franchir. En 1825, on retrouve une dizaine de petits ponts franchissant le ruisseau Saint-Martin uniquement dans le secteur de la vieille ville. Même lorsque l’on aménagera la rue Craig, devenue Saint-Antoine en 1976, le ruisseau demeurera au centre de cette voie publique.

La disparition

À compter du début du 19e siècle, Montréal se développe et s’agrandit de façon importante. Les ruisseaux se retrouvent de plus en plus dans les secteurs urbanisés.

La notion d’obstacle versus une meilleure circulation des gens et de marchandises devient capitale.  On veut de plus en plus des rues en continu.

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Secteur du ruisseau Raimbault, années 1920, VM166-R3089-2_55-421O-002

Il faut les contourner et parfois il est impossible de passer car le niveau de l’eau monte lors de pluies ou à la fonte des neiges.

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Inondation de la rue Notre-Dame près du ruisseau Molson, 1917, VM117-Y-7_065-003

L’autre grand facteur est la question de l’hygiène publique. Les ruisseaux sont pollués de déchets et autres matières qui font craindre les maladies. Ce sont des égouts à ciel ouvert.

À l’époque des rébellions de 1837 et 1838, on entreprend des travaux canalisation mais ceux les plus importants auront lieu durant la décennie suivante et ne seront complétés qu’à la fin du siècle.

Le ruisseau Raimbault

Ce ruisseau est en fait le ruisseau Notre-Dame-des-Neiges qui, coulant près la rivière-des-Prairies sur la terre de Pierre Raimbault,  important propriétaire foncier à Saint-Laurent.

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Ruisseau Raimbault, 18 octobre 1945, VM94-Z373-5

Il a été entièrement canalisé et la seule partie visible est sont embouchure, se jetant dans la rivière des Prairies

Canalisation du ruisseau Raimbault, 1961. VM4-14-Y-5_007-038

Canalisation du ruisseau Raimbault, 1961. VM117-Y-7_007-038

Un partie de ce ruisseau se trouvait ainsi dans la ville de Saint-Laurent et, durant les années 1950, était toujours à ciel ouvert.

Ruisseau Raimbault, années 1950, VM4-14-Y-5_067-003

Ruisseau Raimbault, années 1950, VM117-Y-7_067-003

En avril 1959, alors que le ruisseau est couvert d’huile, un feu soudain se déclare. À cette époque, il sert de dépotoir et l’odeur nauséabonde de l’eau favorise aussi l’éclosion de maringouins. Certaines personnes indiquent que le Rimbault n’est plus un cours d’eau mais uniquement une boue huileuse.

En mai de la même année, le toit de l’hôpital Sacré-Cœur prend feu. Les résidents craignent que des étincelles atteignent le ruisseau et embrasent les rives.

Beaucoup de débats et de procès ont eu lieu concernant le ruisseau Rimbault. Heureusement,une partie a été sauvegardée et transformée par la Ville de Montréal en un parc situé dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Vue aérienne du parc Raimbault, années 1960, VM4-14-Y-5_067-003

Vue aérienne du parc Raimbault, années 1960, VM004-3_066-001

Les ruisseaux d’aujourd’hui

Les ruisseaux montréalais se trouvent généralement aux extrémités de l’île, surtout dans l’ouest alors que son centre en est presque entièrement dépourvu. On retrouve ainsi quelques résidus du ruisseau Molson près de la rue Notre-Dame à l’est de Dickson.

Dans l’est, outre la coulée Grou, on retrouve le ruisseau DeMontigny et le ruisseau Pinel.
Par contre, dans l’ouest, on en retrouve au moins cinq dont deux sont intégrés dans des parcs nature : Anse-à-L’Orme et Bois-de-Liesse (ruisseau Bertrand)

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Ruisseau de l’Orme, photo de Denis Labine, 2007, VM094-0706031100-040

On a aussi le ruisseau Meadowbrook à Beaconsfield, le ruisseau Denis à Pointe-Claire et le ruisseau Bouchard à Dorval dont les journaux locaux ont parlé à l’été et à l’automne 2014 et qui pourrait éventuellement être réhabilité.

Ruisseau de l'Orme, photo de Denis Labine, 2007, VM094-0706031100-016

Ruisseau de l’Orme, photo de Denis Labine, 2007, VM094-0706031100-016

Sources :

Fougères, Dany. «Des eaux indésirables : Montréal et ses eaux de surface, 1796-1840», Revue d’histoire de l’Amérique française, vo. 60 nos 1-2, p.95-124.

Ramet, Pierre. «Les faces cachées d’un quartier», Continuité, no 76, 1998, p. 18-22.

Robert, Jean-Claude. Atlas historique de Montréal. Art Global – Libre Expression, 1994.

Rivières perdues, 2012, documentaire réalisé par Caroline Bâcle et Produit par Katarina Soukup, Catbird Films, Inc  https://rivieresperdues.radio-canada.ca/fr/villes/montreal

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L’artiste Renard Frak a produit une série de vidéo sur le parcours du ruisseau Molson à partir de la rue Notre-Dame et en utilisant nos photographies aériennes de 1947. Ces vidéos sont à voir absolument!


Pour en voir d’autres, rendez-vous à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=PgDS8S_XPUg

 

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2 réponses à Chronique Montréalité no 18 – Brève histoire des ruisseaux de Montréal

  1. robert desroches dit :

    interressant

  2. robert desroches dit :

    merci

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