À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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Montréal en 1942
Depuis 1939, la vie des peuples est conditionnée par la Seconde guerre mondiale. Montréal compte plus de 900 000 habitants alors que toute l’île en comprend plus d’un million cent mille.
L’administration municipale est sous la tutelle du gouvernement du Québec en raison du surendettement et d’une mauvaise administration. L’État y impose depuis deux ans un régime politique à saveur corporatiste. En effet, dans cette nouvelle structure, le Conseil municipal compte 99 conseillers répartis en 3 catégories. Les conseillers A sont élus par les propriétaires, les conseillers B sont élus à la fois par les propriétaires et les locataires alors que les conseillers C sont nommés par des organismes civiques. Le tiers des conseillers ne sont donc pas élus.
Le maire est Adhémar Raynault, élu en 1940, année où fut incarcéré l’ex-maire Camillien Houde pour son opposition à l’enregistrement national, prélude à la conscription. En raison de la situation politique, le maire n’a alors qu’une fonction d’apparat. L’année 1942 est celle où la province de Québec vote majoritairement contre la conscription lors du plébiscite du 27 avril et où est fondé le Bloc populaire canadien.
La Commission du 300e
Dès 1936, le candidat à la mairie Adhémar Raynault inscrit dans son programme électoral l’idée de célébrer le 300e anniversaire de Montréal. Élu à la mairie et aussi élu député de l’Union Nationale de Maurice Duplessis cette même année, il fait amender la Charte de Montréal en 1937 pour rendre possible la création d’un organisme spécifique.
L’année suivante, le conseil municipal crée la Commission du troisième centenaire de Montréal. Son mandat est d’élaborer un programme d’activités pour célébrer comme il se doit le 300e anniversaire de la fondation de Montréal. Pour diriger ce nouvel organisme, le maire Raynault nomme à sa tête le journaliste et conseiller municipal Léon Trépanier. Ce dernier démissionne du conseil avant de prendre ses nouvelles fonctions.
Trépanier a déjà organisé les fêtes du Tricentenaire de Trois-Rivières en 1934 et du centenaire de Sherbrooke en 1937. La Commission regroupe des hommes influents de Montréal dont le notaire Victor Morin, le président de Dupuis Frères, Albert Dupuis, le bijoutier Henry Birks et l’architecte-paysagiste Frederick Todd.
Thérèse Casgrain écrit d’ailleurs à Trépanier pour se plaindre de l’absence des femmes. Selon elle, si on veut glorifier les Montréalaises, «il serait logique, me semble-t-il, de commencer par leur accorder la place qui leur revient dans notre société moderne» (12 janvier 1939).
Les projets envisagés
Pour l’anniversaire, Léon Trépanier et son groupe souhaitaient mettre sur pied de grands projets qui changeraient la physionomie de Montréal. Le premier était la construction d’un auditorium ou une salle de concert de 5 000 places, ce qui n’existait pas à l’époque.
On prévoyait aussi l’aménagement d’une gare centrale à la fois ferroviaire et maritime pour améliorer l’offre touristique et la construction d’un immense édifice sur la rue Sainte-Catherine qui relierait l’offre commerciale de l’Est et l’Ouest de la rue.
Sur le site actuel de la Grande Bibliothèque, on prévoyait un Planétarium; dans le pavillon de trois étages du pont Jacques-Cartier à l’île Sainte-Hélène, un aquarium et un musée des produits du sol et du sous-sol; sur le mont Royal, un village historique à partir des plans de l’artiste-peintre Clarence Gagnon et de l’architecte Roy Wilson. Finalement, la Commission désire une exposition annuelle pour Montréal en vue de rivaliser avec la Canadian National Exhibition de Toronto, qui existe depuis 1879.
Le budget prévu pour les fêtes était de 500 000 dollars, ce qui n’aurait pas couvert les grands projets. Toutefois, comme le soulignait Victor Morin, on croyait à la mobilisation «des hommes de bonne volonté dans chacune des sphères intéressées qui pourraient prendre à leur charge l’un ou l’autre de ces projets».
Retour à la réalité
La guerre mondiale a entièrement chamboulé les projets de l’organisme. L’événement qui devait être une leçon d’histoire pour les touristes ou pour les citoyens et qui devait positionner Montréal en tant que centre touristique incontesté du Canada a déraillé.
En novembre 1940, la Commission apprend qu’elle ne recevra aucun montant des gouvernements fédéral et provincial. Léon Trépanier démissionne et se présente à la mairie qu’il perd de peu.
Au début de 1942, comme il n’y a plus aucune activité prévue, on invite les institutions montréalaises à faire leurs propres activités. La seule grande institution qui va finalement se manifester est l’Église montréalaise, dirigée par Mgr Joseph Charbonneau et accompagnée du comité central des fêtes religieuses de la Commission. Les Fêtes auront donc une teneur plus religieuse que prévue.
Les activités
L’année des modestes festivités débute le 1er janvier 1942, après la messe de minuit, avec une cérémonie protocolaire sur la Place d’Armes, sous la présidence du maire Raynault et de Monseigneur Charbonneau.
Le temps fort des célébrations a lieu les 17 et 18 mai, dates anniversaires de la fondation de Montréal. La première journée débute avec une messe pontificale au parc Jeanne-Mance devant plus de cinquante mille personnes, en présence du délégué apostolique du pape Pie XII et du cardinal Villeneuve de Québec. En après-midi, ce sont près de 300 000 personnes qui viennent, au même endroit, rendre un hommage au Saint-Sacrement. En soirée, le tout se termine par un feu d’artifice et un concert.
La seconde journée, le 18 mai, est consacrée à la fête civile sur la Place d’Armes avec l’hommage à Maisonneuve, suivi d’une réception officielle à l’hôtel de ville. Lors de cette réception, on lit une lettre du premier ministre Mackenzie King et une dépêche du général de Gaulle au nom de la France Libre.
Cette même journée, sont organisées des visites de communautés religieuses et de lieux historiques de Montréal de même qu’un gala musical au Forum. Les mois de juin, juillet et août verront des fêtes d’écoliers, un festival de la Bonne chanson, le défilé de la Saint-Jean, une exposition de fleurs et l’inauguration de la Cité Jardin du Tricentenaire près du parc Maisonneuve.
En septembre, une exposition missionnaire a lieu à l’Oratoire Saint-Joseph et le 13 décembre, on clôture ces fêtes plus modestes que prévues.
Avec un budget de 35 000$ au lieu des 500 000$ prévus avant la guerre, les Fêtes n’ont pas laissé de traces tangibles, contrairement aux célébrations du 350e anniversaire qui auront lieu en 1992.
Sources
Bérubé, Harold. «Commémorer la ville : une analyse comparative des célébrations du centenaire de Toronto et du tricentenaire de Montréal», Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 57, no 2, 2003, p. 209-236. https://www.erudit.org/revue/haf/2003/v57/n2/009143ar.pdf
Héroux, Jean-Paul (préparé par). Troisième centenaire de Montréal, 1642-1942. Montréal, Commission du troisième centenaire de Montréal, 1942, 302 p.
Bonjour,
Je suis à la recherche d’archives pour le 300e de Montréal qui a eu lieu l’ile Ste-Hélene en 1942. Pouvez-vous m’aider?
Bien cordialement,
René St-Pierre, Ph.D.
Directeur Archiv’ART
Archiviste professionnel certifié (AAQ)
archivart.ca
Bonjour, pour toute demande de recherche, merci de nous contacter plutôt à l’adresse suivante : https://archivesdemontreal.com/nous-joindre/
Au plaisir!