Collaboration de Hyacinthe Munger à la recherche
À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com
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Une colline et une compagnie
Au début du 19e siècle, à l’endroit où se trouve actuellement le viaduc Notre-Dame, on retrouvait une colline. C’est là qu’était la citadelle. Comme le souligne bien l’historien et archiviste Édouard-Zotique Massicotte en 1932, «l’amas de terre nuisait à l’agrandissement de Montréal vers l’Est».
À partir de 1818, on commençe à raser la butte. La terre enlevée sert à faire une partie du Champ de Mars actuel. Un square qui prend le nom du gouverneur Dalhousie est inauguré en 1821 et plusieurs résidences sont construites.
Avec le développement des chemins de fer et la création du Canadien Pacifique (CP) en 1881, tout le secteur entre les rues Berri à l’Ouest, Beaudry à l’Est, Saint-Antoine au Nord et le fleuve au Sud se développe pour devenir éventuellement un immense complexe ferroviaire.
Le Canadien Pacifique
La compagnie est fondée pour relier l’Ouest du Canada avec Montréal, la métropole du pays. Elle cherche donc à s’installer dans le centre-ville de l’époque, soit autour de la Place Jacques-Cartier. Dans un premier temps, le CP veut installer sa gare près de l’Église Bon Secours, ce qui entraînerait sa démolition. Cela soulève ainsi de vives protestations citoyennes.
Le site choisi se trouve donc plus à l’Est, près de l’ancienne citadelle. On construit la gare Dalhousie en 1883-1884, aujourd’hui occupée par le Cirque Éloize. C’est de là, le 28 juin 1886, que part le premier transcontinental vers la Colombie britannique
Trois, ans plus tard, en 1889, la gare cesse de desservir l’Ouest canadien au moment de l’inauguration de la gare Windsor. Finalement, l’immeuble cesse d’être une gare de passagers quand on ouvre la gare-hôtel Viger en 1898.
Une gare-hôtel
À l’origine de ce projet, on retrouve deux personnages importants de la vie montréalaise : Cornelius Van Horne et Raymond Préfontaine. Le premier, président du Canadien Pacifique, lance sa compagnie dans les hôtels et le tourisme. Le second, conseiller municipal et futur maire, désire ardemment le développement de la partie Est de Montréal.
En 1893, la Ville offre des terrains à la compagnie pour la construction d’une gare de prestige face au square Viger dans un secteur où est installée la bourgeoisie canadienne-française. Cette nouvelle installation ferroviaire doit relier Montréal à Québec et aussi aux Laurentides.
Pour la future gare hôtel, on retient les services de Bruce Price, l’architecte de la gare Windsor et du Château Frontenac construit quelques années auparavant. Ce style, inspiré des châteaux de la Loire va devenir la marque de commerce des hôtels du Canadien Pacifique.
Un hôtel éphémère
La gare-hôtel Viger est construite entre 1896 et 1898. La gare accueille ses premiers trains le 16 août 1898. Quant au luxueux hôtel, il peut accommoder jusqu’à 350 invités et ses tarifs journaliers vont de 3$ à 5$, ce qui équivaut à près d’une semaine de travail pour un ouvrier de l’époque.
En 1910, une nouvelle gare est construite le long de l’avenue Berri. Lorsqu’elle est inaugurée, deux ans plus tard, la gare-hôtel Viger est entièrement convertie en hôtel.
Le complexe ferroviaire atteint alors son apogée, le viaduc de la rue Notre-Dame est complété jusqu’à Beaudry, de nombreux hangars sont construits et la rue Berri est ouverte entre le port et la rue Craig (Saint-Antoine). Malheureusement, la crise des années 1930 sonne le glas de l’hôtel qui ferme finalement ses portes en 1935 malgré l’opposition de la Ville et des gens d’affaires de l’Est.
Changement de vocation
De 1939 à 1950, le gouvernement canadien occupe les lieux. Durant la guerre, on y installe d’abord un centre d’inspection médicale pour les militaires puis l’immeuble est transformé en entrepôt pour la marine marchande. De 1946 à 1950, l’ancien hôtel abrite 47 familles d’anciens combattants. Quant à la gare Berri, elle cesse ses activités en 1951.
La Ville de Montréal rachète l’hôtel Viger et la gare Berri du Canadien Pacifique au début des années 1950 pour les transformer en édifices à bureaux. Le service des Travaux publics y sera installé. À partir de 1957, l’immeuble porte le nom d’édifice Jacques-Viger.
Dans les années 1980, toute trace des chemins de fer disparaît et à compter des années 1990, débute la construction du Faubourg Québec. En 2006, la Ville de Montréal vend l’immeuble à des promoteurs immobiliers.
À consulter :
Le patrimoine du Vieux-Montréal en détail. Fiche de la gare-hôtel Viger https://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?id=0041-61-1570-01&mat=0041-61-1570
Héritage Montréal. Montréal en quartiers. https://www.memorablemontreal.com/print/batiments_menu.php?quartier=11&batiment=241§ion=Array&menu=histoire
Ministère de la Culture et des Communications. Répertoire du patrimoine culturel du Québec. https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=115012&type=bien#.VNUwTfRWydA
Nouvelle propriétaire au Solano, je suis bien interessée par l’histoire du quartier ( vos documents d’archives sont très instructifs) et son évolution : avez-vous des informations sur les projets annoncés en mai 2014 ( ouverture d’un marché et d’une brasserie ) dans l’ancienne Gare Viger ?
Merci
Malheureusement non!
Ces informations concernant les projets de 2014 ne sont pas encore assez « historiques » pour être parvenues jusqu’à nous!
Comment a-t-on pu laisser aller un tel bâtiment qui comme il devait être un bâtiment de prestige. Moi qui ai travaillé toute ma vie dans ce quartier, je suis toujours fière de le présenter comme notre château Frontenac de Montréal, Il devrait faire partie comme le début du Vieux Montréal. Maintenant que le CHUM avec ses vue i
imprenables sur Montréal, les gens (patients et visiteurs) s’interrogent sur ce bâtiment qui leur est inconnu. Je suis bénévole aujourd’hui au CHUM et je me fais un plaisir de leur raconter ce lieu inconnu des montréalais qui pourtant les éblouit. Comment la Ville de Montréal a pu laisser passer cela. Triste. J’aimerais que mes commentaires puissent être transmis à la nouvelles mairesse qui se targue d’aimer Montréal …. connaît elle ces beaux bâtiments qui ont été au coeur de Montréal.