À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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Le pavillon des États-Unis d’Amérique
En juillet 1964, l’ambassadeur américain annonce au gouvernement canadien la participation des États-Unis à l’exposition universelle de 1967. Après son adoption au Congrès et au Sénat américain, le projet de loi nommant le commissaire-général des États-Unis est signé par le président Lyndon B. Johnson en septembre de la même année.
Dès le départ, les autorités d’Expo 67 indiquent que le pavillon américain sera situé sur l’île Sainte-Hélène face à celui de l’URSS, qui est sur l’île Notre-Dame. En juin 1965, le projet de pavillon – un immense dôme transparent de 20 étages de hauteur – est dévoilé.
Ce pavillon est l’œuvre de l’architecte, ingénieur, poète et philosophe, Richard Buckminster Fuller, alors âgé de 70 ans, et inventeur du dôme géodésique. Fuller croyait que les villes de l’avenir pourraient exister sous de pareils dômes en Arctique, voire sur la Lune.
La structure de tubes métalliques est recouverte d’acrylique. Le jour, à cause des rayons du soleil, la couleur du pavillon change et le soir, tout illuminé, il prend une toute autre dimension.
L’intérieur du pavillon
Le thème principal retenu par les États-Unis est «L’Amérique créatrice». La pavillon va donc regrouper plusieurs expositions dont les deux principaux thèmes sont la culture américaine et la conquête de l’espace.
On y retrouve des objets d’artisanat et industriels, produits de la culture américaine (parures amérindiennes, objets du Far West et la guitare d’Elvis Presley), une section consacré au pop art et une autre en hommage au cinéma américain, avec des photos géantes d’acteurs et d’actrices, de même que des extraits de différents films comme Citizen Kane ou Autant en emporte le vent.
Un immense escalier mécanique de 41 mètres conduit le visiteur à l’étage supérieur, consacré à la conquête de l’espace, où l’on peut voir une capsule Mercury et une capsule Gemini avec ses parachutes d’amerrissage. De plus, ce pavillon est le seul qui est traversé par le minirail.
Toutefois, le pavillon est très critiqué par les Américains qui le trouvent quelque peu frivole comparé à celui de l’URSS, qui met l’accent sur les réalisations techniques et scientifiques du pays.
Des invités prestigieux
Le 25 mai, journée nationale des États-Unis à Expo 67, le président Lyndon B. Johnson est présent à la Terre des Hommes. Assermenté président des États-Unis après l’assassinat du président Kennedy en novembre 1963, Johnson est réélu en 1964. Les États-Unis s’investissent alors totalement dans la guerre du Vietnam. C’est dans ce contexte et aussi dans celui des tensions entre Israël et les pays arabes (la guerre des 6 jours débutera le 5 juin) qu’a lieu cette visite annoncée seulement la veille.
Le président américain arrive sur le site de L’Expo en hélicoptère depuis l’aéroport de Dorval et prend ensuite une limousine pour se rendre à la Place des Nations où il fait un discours.
Deux incidents surviennent durant la cérémonie. Le premier se produit lorsque les scouts hissent le drapeau américain. Les dignitaires se rendent alors compte qu’il est déchiré et troué. Ce n’est qu’un accident. Par la suite, durant le discours, une femme crie en français : «Johnson assassin». Cette dernière et trois autres personnes sont arrêtées.
Finalement, la visite du président Johnson au pavillon américain se fait au pas de course et dure exactement 8 minutes. En tout, son séjour sur le site va durer 35 minutes avant qu’il ne quitte pour Ottawa, où l’attend le premier ministre Lester B. Pearson (Prix Nobel de la paix 1957 et créateurs des Casques bleus de l’ONU) pour discuter de la situation internationale.
D’autres importants visiteurs américains passent à Expo 67. En juillet, le sénateur Robert Kennedy et sa famille s’amusent à La Ronde. En août, c’est au tour de Lady Bird, femme du président Johnson, de visiter Expo et Montréal durant 2 jours. Finalement, en octobre, Jackie Kennedy visite le pavillon américain.
Après Expo 67
Avant même l’ouverture de l’exposition universelle à la fin avril, les États-Unis annoncent qu’ils offriront leur pavillon à la Ville de Montréal comme souvenir perpétuel de l’événement. La Biosphère intéresse aussi d’autres villes comme Saint-Agathe qui veut en faire un centre théâtral ou Niagara Falls qui veut en faire un centre culturel et des congrès près des chutes. Toutefois, la Biosphère devient le premier pavillon officiellement accepté par la Ville.
La cérémonie officielle de remise du pavillon par le représentant du président Lyndon Johnson au maire Drapeau a lieu le jeudi 20 juillet 1967 en matinée.
Lorsque le maire Drapeau annonce que l’exposition deviendra permanente sous le nom de Terre des Hommes, les autorités savent déjà ce que contiendra la Biosphère : une volière d’oiseaux.
Pour la saison 1971 de Terre des Hommes, les États-Unis reviennent s’installer dans leur pavillon de 1967. Aménagé par le Smithsonian Institute, il est consacré au folklore américain avec des décors de différentes régions des USA, avec notamment un coin du marché de la Nouvelle-Orléans et de la végétation de la Floride. Films et spectacles musicaux complètent le tout.
L’incendie
Le 20 mai 1976, un peu après 14 heures, des ouvriers effectuant des travaux de soudure mettent accidentellement le feu à la Biosphère. L’incendie se propage très rapidement et une colonne de fumée noire s’élève dans le ciel.
Le revêtement d’acrylique fond à grande vitesse et enflamme l’intérieur. En 15 minutes, la Biosphère se retrouve à l’air libre et les dégâts s’élèvent à près d’un million de dollars.
En juillet, une semaine avant le début des Jeux Olympiques, une étude confirme que la structure métallique de la Biosphère a résisté : une cinquantaine seulement des 24 000 tubes d’acier ont été déformés.
La Biosphère ne sera donc pas démolie. La Ville songe alors à en faire «un centre d’expression de la culture populaire. Malheureusement, ce n’est qu’en 1990, sous le maire Jean Doré, qu’un plan d’aménagement du parc des Îles (parc Jean-Drapeau) est réalisé.
Le ministère canadien de l’Environnement participe à ce plan en mettant sur pied un musée de l’Eau qui ouvrira ses portes en 1995 et qui deviendra le musée de l’environnement en 2007.
Sources :
https://www.ec.gc.ca/biosphere/
https://www.collectionscanada.gc.ca/expo/0533020215_f.html
https://www.collectionscanada.gc.ca/expo/0533020408_f.html