À tous les lundis et pour une troisième saison, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com.
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Une franchise du baseball majeur
En 1953, il semble bien que le conseil municipal de Montréal ait tenté d’avoir la concession des Browns de Saint-Louis de la Ligue américaine, mais le club est transféré à Baltimore pour devenir les Orioles.
Avec le départ des Royaux pour Syracuse en 1960, l’administration du maire Jean Drapeau s’intéresse au baseball majeur. Le conseiller et membre du comité exécutif Gerry Snyder devient le responsable du dossier.
Avec le succès d’Expo 67 et l’ajout éventuel de 2 nouveaux clubs en 1969, Snyder et la Ville reviennent à la charge en 1968 auprès de la Major League Baseball (MLB). Le 27 mai, Gerry Snyder et son équipe obtiennent une franchise de la Ligue nationale pour Montréal, en même temps que la ville de San Diego.
À la tête des investisseurs de l’équipe, on retrouve un jeune homme d’affaires de 37 ans qui en devient le vrai propriétaire : Charles Bronfman. Toutefois, Montréal ne dispose pas de stade de baseball car le stade De Lorimier a déjà été détruit.
Dans un premier temps, on songe à l’Autostade mais on se rabat sur le petit stade du parc Jarry que l’on va faire passer de 3 000 à 30 000 places en attendant un nouveau stade couvert qui devrait voir le jour en 1972.
Le premier match des Expos de Montréal au parc Jarry
Le tout premier match des Expos a lieu à New York contre les Mets le 8 avril 1969. Ils remportent 11 à 10. Quelques jours plus tard, le 14 avril, par une magnifique journée ensoleillée, 29 184 spectateurs assistent au premier match à domicile des Expos contre les Cards de Saint-Louis.
Vers 13h20, les cérémonies d’ouverture débutent. Le maire Drapeau et les joueurs sont acclamés alors que le lancer officiel est effectué par le premier ministre Jean-Jacques Bertrand.
Le match commence finalement à 13h45 avec les Cards qui se présentent au bâton. C’est le début du premier match du baseball majeur à être joué à l’extérieur des États-Unis.
Dans la deuxième moitié de la première manche, avec deux hommes sur les buts, le voltigeur de gauche Mack Jones frappe un circuit de 3 points. Il devient, avec Rusty Staub, la première grande vedette des Expos. Les estrades populaires du champ gauche sont désormais désignées sous le nom de Jonesville. Finalement, les Expos remportent leur premier match à Montréal au compte de 8 à 7.
Les décennies 1970 et 1980
En 1969, les Expos terminent au dernier rang. Avant le début de la saison 1970, le club rapatrie le seul joueur canadien français de la Ligue : le lanceur Claude Raymond, ovationné à tout rompre lors du premier match.
Les Expos vont continuer à jouer au parc Jarry de 1972 à 1976, car le maire Drapeau obtient les Jeux olympiques d’été de 1976. Le stade olympique devient la nouvelle demeure des Expos en avril 1977. L’équipe se produit alors devant 57 000 spectateurs.
Dans les années suivantes, tous les commentateurs d’Amérique voient l’équipe comme celle qui dominera les années 1980 avec des jeunes joueurs tels Gary Carter, Ellis Valentine, André Dawson, Steve Rogers ou Tim Raines.
La saison 1981 fait passer les amateurs montréalais par toute la gamme des émotions. Tout d’abord une grève des joueurs en juin et juillet entraîne une division de la saison. Les Expos deviennent les champions de la Division Est.
Ils se mesurent ensuite aux champions de la Division Ouest, les Dodgers de Los Angeles, pour avoir accès à la Série mondiale. Ils sont même à un match de cette participation.
Lors de l’ultime rencontre de la série, Steve Rogers accorde un circuit de 2 points au frappeur Rick Monday mettant fin aux espoirs des Expos.
Cette journée du lundi 19 octobre 1981 est dorénavant connue des amateurs sous le nom de «Blue Monday».
L’année 1994
Au début des années 1990, une équipe talentueuse est mise sur pied avec à sa tête le gérant Félipe Alou. Au moment de la saison 1994, l’équipe qui comprend les Marquis Grissom, Moise Alou, Larry Walker et Pedro Martinez est prête à tout balayer sur son passage.
Leurs plus sérieux rivaux sont les Braves d’Atlanta avec les excellents lanceurs Tom Glavine, John Smoltz et Greg Maddux. Lors des 3 matchs contre cette équipe à la fin juin, ce sont 132 000 spectateurs qui envahissent le stade olympique.
Au début du mois d’août, les Expos sont en tête avec 6 matchs devant les Braves. Les joueurs se sentent invincibles et les amateurs songent à la Série mondiale. Même Youppi y croit.
Malheureusement, les joueurs se mettent en grève le 11 août et le commissaire du baseball majeur annule le reste de la saison, incluant les éliminatoires et la Série mondiale. Nombre de Montréalais affirment toujours qu’on leur a volé le grand championnat du baseball.
La fin des Expos
En 1991, Charles Bronfman vend l’équipe au président des Expos, Claude Brochu, et à un consortium d’hommes d’affaires québécois. Après la saison inachevée de 1994, les amateurs étaient en droit de s’attendre à une excellente équipe pour la saison 1995. Les propriétaires avaient des vues opposés. Pour eux, il fallait réduire immédiatement les dépenses. Ils procèdent donc à une vente de feu de ses meilleurs joueurs avant même le début de la saison.
Cette curieuse stratégie de marketing sera une constante dans l’équipe. Lorsqu’un joueur s’attendra à un plus haut salaire, on l’échangera avant qu’il n’aille sur le marché des agents libres.
En vue de relancer l’équipe, les dirigeants proposent un projet de stade au centre-ville, près du Centre Molson (Bell), tout en dénigrant le stade olympique, mais les relations entre les membres du consortium sont… dysfonctionnelles. Les médias sont peu positifs et les amateurs ne viennent plus, malgré la présence du joueur-vedette Vladimir Guerrero.
En décembre 1999, l’équipe est livrée à un marchand d’art de New York, Jeffrey Loria, qui revend l’équipe au baseball majeur pour acquérir les Marlins de la Floride en 2002.
Les Expos jouent leur dernier match au stade devant plus de 30 000 spectateurs le 29 septembre 2004 la journée même où le transfert de l’équipe à Washington était annoncé.
Nos albums photos des Expos
- Le match inaugural des Expos au parc Jarry, 14 avril 1969. https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157631635403954/
- Nos Expos, nos amours, 14 avril 1969. https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157626845503713/
- Accueillons nos Expos, 7 avril 1970. https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157627069978036/
- Les Expos sont de retour, 8 avril 1970. https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157627008622307/
- Un match des Expos de Montréal, 31 mai 1991. https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157627455630992/
- Les Expos à l’été 2000, 30 août 2000. https://www.flickr.com/photos/archivesmontreal/sets/72157627501101511/
Sources
Doucet, Jacques et Marc Robitaille. Il était une fois les Expos : Tome 1 : Les années 1969-1984. Hurtubise, 2009. 647 p.
Doucet, Jacques et Marc Robitaille. Il était une fois les Expos : Tome 2 : Les années 1985-2004. Hurtubise, 2011. 755 p.
Keri, Jonah. Up, Up & Away : The Kid, The Hawk, Rock, Vladi, Pedro, Le Grand Orange, Yuppi, The Crazy Business of Baseball & the Ill-fated but Unforgettable Montreal Expos. Vintage Canada, 2014, 414 p. (2015 Edition with new afterword).