Depuis le 21 janvier dernier et à tous les lundis, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com
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Premières mentions dans l’histoire de Montréal
Avant Jacques Cartier, les Amérindiens ont bien saisi que l’obstacle que sont les rapides sur le Saint-Laurent faisait du site actuel de Montréal, un important lieu d’échange. Quand Cartier remonte le fleuve en 1535 et visite Hochelaga, il ne s’aventure pas dans ce qu’il décrit comme «le sault d’eau le plus impétueux qu’il soit possible de voir».
Samuel de Champlain nomme ces rapides sous le nom de Sault-Saint-Louis. Le mot sault désignant, en ancien français, des rapides. Quant à l’appellation, «Rapides de Lachine», elle s’impose de façon définitive au milieu du 19e siècle. Soulignons que, depuis 1912, les rapides ne se trouvent plus à Lachine mais à LaSalle (année de la création de cette municipalité détachée de Lachine).
Des aventuriers dans les rapides
Le premier blanc à s’y aventurer est Étienne Brûlé, un interprète qui a vécu avec les autochtones à l’époque de Champlain. En 1674, l’explorateur Louis Jolliet pressé de rentrer à Montréal après sa découverte du Mississipi, décide de franchir les rapides plutôt que d’effectuer un portage. Son embarcation chavire et son récit de l’expédition avec le père Marquette sombre. Jolliet passe 4 heures dans les rapides avant d’être secouru par des pêcheurs. Ses deux compagnons ainsi qu’un jeune esclave amérindien qu’on lui avait offert n’ont pas cette chance et se noient. Même le fameux Baron de Lahontan a failli laisser sa peau dans les rapides en 1687.
Le canal de Lachine
Montréal était une halte incontournable à cause des rapides. Vers 1670, on songe déjà à creuser un canal reliant le Lac Saint-Louis à Montréal. En 1700, les Sulpiciens font reprendre les travaux qui ne durent que peu de temps en raison du manque de fonds.
C’est finalement plus de 100 ans plus tard, en 1821, que les travaux reprennent pour de bon.
Le canal est ouvert à la circulation maritime en 1824 et voit, quelques années plus tard sur ces berges, les débuts de l’industrialisation au Canada.
La voie maritime, ouverte en 1959, contourne aussi les rapides mais du côté sud ce qui va entraîner la fermeture du canal de Lachine à la navigation en 1970. Il est rouvert à la navigation de plaisance en 2002.
Navigation et attraction touristique
L’un des premiers touristes qui a l’opportunité de franchir les rapides en bateau à vapeur est le prince de Galles, futur Édouard VII, en 1860, venu à Montréal pour l’inauguration du pont Victoria.
En 1870, la Richelieu and Ontario Navigation (qui devient la Canada Steamship Line en 1913) lance son premier navire dans les rapides. Ce service va durer jusqu’en 1949.
Depuis 1983, ce sont les bateaux Saute-Moutons qui s’attaquent aux rapides.
Il arrive parfois que des bateaux échouent comme le «Louis Renaud» en 1873 qui faisait la navette entre Beauharnois et Montréal ou le «Sovereign» en 1906. Tous les passagers de ces deux navires ont été sauvés par les Mohawks de Kahnawake (qui veut dire «sur les rapides» en langue iroquoise). En juillet 1941, le «Rapids Queen» échoue un après-midi avec 400 personnes à son bord qui ne seront rescapées que le lendemain.
Des pilotes renommés
Au 19e siècle, les grands spécialistes de la navigation dans les rapides sont des Mohawks de Kahnawake. Le premier est Baptiste Taiaiake ou Big John Rice, un pilote mesurant 6 pieds et 7 pouces qui est né en 1811 et mort en 1892. Le second est devenu une légende : Jean-Baptiste Canadien ou Big John Canadian ou de son mohawk Sawatis Aiontonnis.
Né en 1840, ce colosse de 6 pieds et 5 pouces franchit souvent les rapides avec d’autres Mohawks dès sa jeunesse. En 1870, c’est à lui qu’on fait appel pour piloter les bateaux à vapeur. Il est aussi un fameux joueur de crosse. Capitaine de l’équipe de Kahnawake, il joue devant la reine Victoria en 1876. Sawatis pilote même sur les rapides du Nil en Égypte pour l’armée britannique vers 1884.
À la fin du 19e siècle, il va entraîner un jeune canadien-français, Édouard Ouellette, qui prend sa relève sur les bateaux à vapeur. Sawatiskowa ou Big John meurt en 1919 à Kahnawake.
Pour en savoir plus :
Beaudet, Marcel. Historique des Rapides de Lachine (L’ancien Sault Saint-Louis). 1983, 69 p.
Beauvais, Johnny. Kahnawake : A Mohawk look at Canada and Adventures of Big John Canadian 1840-1919. 264 p.
Bonjour !
Entrevue très intéressante sur les rapides de Lachine !
Pourriez-vous m’indiquer où pourrais-je trouver le livre de Marcel Beaudet svp?!
Bonjour,
Il est fort probable que ce petit ouvrage soit épuisé depuis longtemps. Je vous suggère donc de consulter le catalogue des libraires de livres rares et anciens à cette adresse : https://www.livre-rare-book.com/
Bonne chance
Quand j’étais petite à Ville Lasalle on allait regarder passer « Le Rapid Prince » qui descendait les rapides une fois par semaine l’été. On envoyait la main aux passagers et on attendait le retour des vagues que laissait le bateau derrière lui. Puis un jour lui aussi s’est échoué et je crois que ce fut la fin des croisières dans les rapides de Lachine.
Ça devait être dans les années 1945-50.
Merci
Guy Tremblay
LaSalle le, 13 août 2016
Moi j’aimerais bien connaître l’historique des deux traversiers à vapeur,
Le Beauharnois et le Châteauguay, ils offraient en 1855 un service régulier pour le transport de voyageurs et de marchandises entre Châteauguay et Montréal , en passant par les rapides de Lachine. Il y à un article dans, Châteauguay, La rivière Châteauguay au fil du temps, qui nomme ses deux navires et dans le Messager de LaSalle paru dimanche 21 juin 1987, qui parle du Châteauguay. LaSalle 75 ans Nos aînés se racontent, ou Laurette Parent dit, mon grand-père Pierre Parent faisait du transport de marchandises et de passagers dans les les Rapides. Son superbe bateau, le Châteauguay, fût malheureusement coulé par la méchanceté rival.