Chronique Montréalité no 9 : Brève histoire de la communauté chinoise de Montréal

Depuis le 21 janvier dernier et à tous les lundis, une chronique des Archives de Montréal est présentée à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv (https://montrealite.tv/). Vous pourrez revoir les archives sélectionnées et aussi lire les informations diffusées et inédites. Regardez notre chronique à la télé et venez lire notre article sur archivesdemontreal.com

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Les premiers immigrants chinois en Amérique du Nord

Ces premiers immigrants arrivent en 1848 avec la ruée vers l’or en Californie et remontent le continent vers la Colombie-Britannique où ils travaillent dans les mines. Dans la décennie 1870 jusque vers 1885, 15 000 ouvriers cantonnais (de Canton – Guangzhou de nos jours) travaillent à la construction du chemin de fer dans l’Ouest. Les chinois font l’objet d’un racisme virulent en Colombie-Britannique.

Une commission d’enquête sur l’immigration chinoise est même mise sur pied par le gouvernement fédéral en 1885 et une taxe d’entrée de 50$ va être imposée aux nouveaux arrivants malgré les protestations des autorités impériales chinoises.

L’arrivée à Montréal

Il est difficile de savoir quand s’installe le premier chinois à Montréal, mais nous savons que Jos Song Long ouvre la première buanderie chinoise au coin des rues Craig (Saint-Antoine) et Jeanne-Mance en 1877.

C’est vers 1880 que l’on observe un mouvement de départ de Colombie-Britannique vers l’est. Contrairement aux vagues d’immigration qui proviennent majoritairement d’Europe, donc de l’est, les Chinois arrivent de l’ouest. En 1881, ils sont au nombre de 7 et en 1891, ils sont 33. L’immigration s’intensifie et on dénombre 888 Chinois à Montréal en 1901. Plusieurs d’entre eux mettent sur pied de petites buanderies comme Lee Wah qui ouvre une buanderie chinoise californienne en 1880, aussi sur la rue Craig.

En 1891, Jung Fook et Wong Wing ouvrent un magasin d’exportation et de vente de thé sur la rue De la Gauchetière. Ils y vendent des objets exotiques pour la clientèle blanche et des produits chinois de consommation pour les immigrants.

Au début du 20e siècle, le marché des buanderies est saturé et les Chinois ouvrent alors des restaurants. La première salle à manger cantonaise ouvre ses portes en 1900 sur De la Gauchetière, entre Saint-Laurent et Côté.

Discrimination

Durant la décennie 1890, les journaux La Presse et The Gazette ne leur sont pas très sympathiques. Pour ces médias, l’immigration chinoise est un réel danger. Ils sont de trop à Montréal. Seul le Montreal Herald prend leur défense.


Même l’administration municipale s’en mêle en imposant une taxe annuelle de 50$ pour les buanderies, soit le même prix qu’un restaurant de première classe. Ce montant représente 4 mois de travail pour un buandier chinois. La plupart décident de ne pas payer la taxe et signent une pétition adressée au maire et aux conseillers de la Ville.  Les pétitionnaires affirment qu’ils ont moins de droits que les Noirs montréalais et que le seul but de cette taxe est de les chasser de Montréal.

Cela donne lieu à un procès pour 71 d’entre eux en 1900, qu’ils vont perdre. Dix buandiers vont en prison et les années suivantes, les non-paiements sont moins nombreux.

Le quartier chinois

Comme nous l’avons vu, les commerces de buanderie, de restauration et d’exportation s’installent dans le secteur entourant la rue De La Gauchetière.  Certains vont tenter de s’établir dans d’autres quartiers mais avec peu de succès à la fin du 19e siècle.  Se crée alors un Chinatown qui, en 1911, comprend plus de 1300 personnes.

Dans les années 1920, on assiste à la multiplication des restaurants au moment même où le Canada vote l’acte d’exclusion (1923) qui empêche en pratique l’arrivée de nouveaux immigrants chinois. En 1933 est fondé le Nanking Café et, en 1939, Peter Wong (né à Montréal en 1914 et fils de marchand) ouvre le Chinese Paradise Cabaret ou Club.

Au début des années 1960, la quadrilatère où réside et travaille la communauté se trouve entre la rue Jeanne-Mance, le boulevard Saint-Laurent, la rue Vitré (Viger) et le boulevard Dorchester (René-Lévesque). Le secteur se rétrécit durant les décennies 1970 et 1980 en raison de la construction du complexe Guy-Favreau et de l’autoroute Ville-Marie. De nos jours, la majorité de la population d’origine chinoise vit dans la banlieue montréalaise.

Les institutions

Les presbytériens, déjà présents en Chine, ouvre une mission sur la Côte Beaver Hall en 1897. Du côté catholique, c’est un sulpicien d’origine irlandaise qui s’intéresse à eux en leur prodiguant des cours d’anglais. Entre 1902 et 1907, ce sont 172 chinois qui se convertissent au catholicisme. Une desserte catholique chinoise est créée en 1922 et en 1957, elle s’installe dans l’église actuelle de la rue La Gauchetière (bâtiment construit en 1834)

En 1917, au moment de la grippe espagnole, les Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception demandent à l’archevêché l’ouverture d’un hôpital d’urgence pour les Chinois, principalement pour les buandiers pauvres. Par la suite, les marchands demandent que l’hôpital deviennent permanent ce qui est fait en 1920. Cette institution existe toujours, mais avec un bâtiment récent (construit en 1999), sur la rue Viger.

Pour en savoir plus

Helly, Denise. Les Chinois à Montréal 1877-1951. Institut québécois de recherche sur la culture, 1987. 315 p.

Bibliothèque et Archives Canada. Les premiers canadiens d’origine chinoisehttps://www.collectionscanada.gc.ca/canadiens-chinois/index-f.html

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5 réponses à Chronique Montréalité no 9 : Brève histoire de la communauté chinoise de Montréal

  1. Mikael dit :

    C’est vraiment enrichissant de voir les vieilles photos comme ca. Rien que de voir la vieille voiture dans la rue et plein de parking de libre me fait bien rire. Comme le monde a changé… :)

  2. Ping : Le Chinatown de Montréal en 1911 | Blogues – Évasion.tv

  3. marilyn colby dit :

    it would be nice to have an english translation that is grammatically correct…
    otherwise, … what is the point?

    • Mario Robert dit :

      Dear Mrs Colby,

      Can you tell us what you are referring to so we could make a better text. Unfortunatly, your comment is on an article that was not translated.

      Thank you

      Mario Robert, Head Archivist

  4. jean-claude Rivard dit :

    des bar chinois manque dans le cartier chinois

Répondre à jean-claude Rivard Annuler la réponse.

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