L’annexion de Saint-Henri et de Sainte-Cunégonde

Par Michel Marsan

Hôtel de ville de Saint-Henri, Années 1920. VM94, Z-14

Dans son élan pour créer un « Greater Montreal », au début des années 1900, la ville de Montréal entreprend d’annexer plusieurs municipalités bordant son territoire. C’est ainsi que son conseil adopte, à sa séance du 30 octobre 1905, le règlement no 342 en vue d’annexer la cité de Saint-Henri. Le conseil de cette dernière, constituée en 1874 et surnommée « Village des tanneries », avait déjà donné son assentiment le 9 août précédent. De son côté, la cité voisine de Sainte-Cunégonde, détachée autrefois de Saint-Henri et fondée en 1876, subit un sort analogue lorsqu’elle est annexée par la Ville de Montréal, suite à l’adoption du règlement no 350 lors de la séance du 4 décembre 1905 du conseil montréalais.

Aussi paradoxal que ce soit, le prodigieux progrès de ces municipalités a causé, en partie, leur perte. En effet, les nombreuses industries qui s’installaient sur leur territoire, de part et d’autre du canal de Lachine, attiraient les ouvriers qui voulaient se loger à proximité des usines. Elles devaient donc développer des infrastructures sanitaires (eau, égout, électricité, etc.), ce qui a engendré, à Saint-Henri, une dette s’approchant des deux millions de dollars, soit près de 40 % par rapport aux propriétés imposables. Malgré cet énorme fardeau pour l’économie de ses citoyens, Montréal avait besoin d’espace pour se développer et assurer son expansion. Avec ces annexions, elle doublait presque sa superficie et augmentait sa population. Selon les propos de l’échevin Elphège Gaspard Dagenais, du quartier voisin de Saint-Gabriel, « la population de près de 25000 personnes (de Saint-Henri) permet à Montréal d’atteindre le demi-million d’âmes, ce qui inciterait les étrangers à venir investir des capitaux dans nos industries ».

Sainte-Cunégonde n’apporte que 11 225 habitants et une dette de 25,600$, mais demeurait aux prises avec les mêmes problèmes de pénurie de services que ses voisines. Ainsi, Montréal, avec une dizaine d’annexions en quelques années, semblait sur la bonne voie pour devenir, déjà en 1905, « une île, une ville »…

Partagez cet article :

2 réponses à L’annexion de Saint-Henri et de Sainte-Cunégonde

  1. Sylvain Daignault dit :

    Bonjour,

    J’aimerais savoir si vous possédez des photos de l’incendie de l’hospice Sainte-Cunégonde qui s’est produit le 15 juin 1951?

    L’immeuble a ensuite été loué à différentes reprises avant d’être acheté par la Ville de Montréal qui l’a détruit en 1973 ou 1974.

Répondre à Nicolas Bednarz Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *